Billetterie

La Brèche

Présentation spéciale le 20 octobre 2020 ( COVID-19)

« On n’avait aucune notion de l’ampleur de ce qui fonçait sur nous, l’importance incommensurable de ça. »

— Jude

Après avoir monté LES LOUVES de la dramaturge états-unienne Sarah DeLappe en 2019, pièce dans laquelle les membres d’une jeune équipe de soccer féminin étaient confrontées à la brutalité du passage de l’adolescence à l’âge adulte dans une société construite sur la notion de « mérite », j’ai eu envie de poursuivre ma recherche sur l’impact du rêve américian sur nos corps. La pièce LA BRÈCHE, de l’autrice américaine Naomi Wallace, explore la cruauté des jeux adolescents de trois garçons et une fille qui tentent de s’imposer dans une société capitaliste prônant la culture du viol. En quête de dignité, ils testent les limites de leur pouvoir social et sexuel.

 

Après la mort accidentelle de leur père ouvrier, Jude et Acton Diggs vivent avec leur mère dans une modeste maison d’une petite localité du Kentucky. Pour arriver à joindre les deux bouts, Jude doit travailler après ses cours. Son frère cadet, Acton, se fait intimider à l’école et se lie d’amitié avec Frayne et Hoke, deux garçons un peu plus âgés et mieux nantis, qui acceptent d’assurer sa protection en échange de travaux scolaires. Les nouveaux amis trouvent dans le sous-sol des Diggs un quartier général pour leurs activités.

 

À l’initiative du « dominant » du groupe s’invente un pacte entre les garçons : pour sceller leur lien d’amitié, chacun doit renoncer à ce qu’il a de plus précieux. Face au poids des sacrifices de ses amis et ne possédant pas d’objets de grande valeur, Acton, le plus jeune et le plus fragile, se voit forcé à accomplir l’inimaginable.

 

Quatorze ans plus tard, le temps d’une soirée, les amis se retrouvent et laissent le passé refaire surface. Que s’est-il réellement passé le jour du 17e anniversaire de Jude?

 

Avec LA BRÈCHE, Naomi Wallace signe un texte à la fois captivant et dérangeant, partant du corps pour parler du corps social. L’intrigue se dévoile peu à peu au fil d’une double temporalité : le drame n’est jamais là où l’on croit qu’il se trouve.

 

Fine observatrice des mœurs contemporaines, Naomi Wallace dessine à travers son œuvre une cartographie sensible des violences sociales et politiques qui pèsent sur l’Amérique et, plus largement, sur le monde. LA BRÈCHE, c’est une fable terrible sur l’instrumentalisation du corps féminin comme du corps ouvrier, où Naomi Wallace synthétise le tragique des inégalités de classe et de genre en quatre personnages. L’autrice y aborde les notions de dignité et de consentement — thèmes qui, à mon sens, se doivent d’être mis de l’avant actuellement — et livre au passage une charge implacable contre l’industrie pharmaceutique qui institutionnalise l’usage des drogues de synthèse, au point que ce texte a été censuré aux États-Unis par le commanditaire du théâtre où la pièce devait être créée.

Naomi Wallace est une autrice et activiste féministe américaine, originaire du Kentucky. Ses pièces sont jouées au Royaume-Uni, en Europe, aux États-Unis et au Moyen-Orient. En 2009, la Comédie-Française inscrit sa pièce UNE PUCE, ÉPARGNEZ-LA à son répertoire, faisant d’elle la première autrice américaine consacrée après Tennessee Williams. À l’été 2019, sa pièce LA BRÈCHE est traduite et créée à Avignon où le texte est salué par la critique. Elle sera présentée au Québec pour la première fois dans la traduction de Fanny Britt.

Je suis heureuse que ce projet puisse se réaliser dans cette période de remise en question légitime de la machine politique et sociale… et je suis accompagnée d’une équipe de talent qui partage ce même enthousiasme.
À bientôt,

– Solène Paré
Metteuse en scène

Diplômée de l’Université du Québec à Montréal en Études théâtrales (2013) et du programme de mise en scène de l’École nationale de théâtre du Canada (2016), Solène Paré nourrit sa pratique de metteuse en scène à même les arts plastiques et les approches féministes queer. Elle touche autant à la mise en scène de textes contemporains (LES LOUVES de Sarah Delappe et QUARTETT de Heiner Müller à ESPACE GO), à l’écriture scénique (LA CLOCHE DE VERRE d’après Sylvia Plath au Prospero) et à l’opéra (LA VOIX HUMAINE et L’HIVER ATTEND BEAUCOUP DE MOI au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts). En 2017, elle fonde Fantôme, compagnie de création et devient artiste en résidence au Théâtre ESPACE GO l’année suivante.

Quelques photos