Naomi Wallace est une autrice états-unienne née le 17 août 1960 dans la ville de Prospect, dans l’état du Kentucky. Son père, Henry French Wallace, était journaliste photo et correspondant pour le magazine Time/Life, et sa mère, Sonja de Vries, d’origine néerlandaise, était cinéaste et activiste pour la protection des droits humains.
Après avoir obtenu son diplôme en Arts au Hampshire College, Naomi Wallace suit des études supérieures en littérature à l’Université de l’Iowa. Par la suite elle, enseigne la littérature anglaise, la poésie et le théâtre à l’Université de Yale, à l’UCLA, à l’Université de l’Iowa, à l’Illinois State University, au Merrimack College, au Hampshire College, à l’Université américaine du Caire, à l’Université Vrije d’Amsterdam et au sein d’autres institutions.
Dramaturge, scénariste et poète, Naomi Wallace se fait d’abord connaître par ses poèmes publiés aux États-Unis et en Europe, puis par sa pièce IN THE HEART OF AMERICA, écrite en 1994 à la suite de la première guerre du Golfe. Depuis, ses pièces sont montées aux États-Unis, en Europe (France, Grèce, Italie, Royaume-Uni, République tchèque), au Moyen-Orient et au Canada.
Considérée comme l’une des grandes autrices vivantes du théâtre américain, Naomi Wallace porte un regard sans concession sur les failles de son pays. Ses pièces y sont régulièrement décrites comme étant « fortes mais politiques », alors qu’en Angleterre, cette caractéristique lui vaut reconnaissance et succès. Le théâtre de Naomi Wallace s’inspire des situations historiques, que ce soit à Londres au XVIIe siècle pendant la grande peste dans ONE FLEA SPARE, parmi les organisateurs communistes noirs dans les années 1930 en Alabama dans THINGS OF DRY HOURS, ou dans les drames des guerres du Vietnam et du Golfe évoqués dans IN THE HEART OF AMERICA. Son théâtre est provocant et plein d’images obsédantes, de métaphores surprenantes et repose sur la richesse d’une langue qui met en relief des questions de classe, de genre, d’âge, de sensualité et de désir.
Le théâtre de Naomi Wallace connaît donc sa première « vraie production » en 1993, avec THE WAR BOYS, au petit mais prestigieux Finborough Theatre de Londres, dans la mise en scène de Kate Valentine, lieu où seront par la suite créées les pièces SLAUGHTER CITY (1995), AND I AND THE SILENCE (2011), et RETURNING TO HAIFA (2018). Cette première création en sol britannique est rapidement suivie par celles de IN THE HEART OF AMERICA (1994) et de ONE FLEA SPARE (1995) au Bush Theatre, toutes deux mises en scène par Dominic Dromgoole. Ce dernier mettra en scène la pièce THE INLAND SEA en 2002 pour la Oxford Stage Company. D’autres créations marquantes voient le jour par la suite, dont SLAUGHTER CITY à la Royal Shakespeare Company (1996), BIRDY au Comedy Theatre dans le West End (1997), THINGS OF DRY HOURS au Manchester Royal Exchange (2007) et ONE SPARE FLEA au Old Red Lion Theatre (2011). En 2010, le Pilot Theatre et le York Theatre Royal créent la pièce THE FEVER CHART: THREE VISIONS OF THE MIDDLE EAST.
Ce n’est qu’après l’accueil chaleureux des Britanniques que les pièces de Naomi Wallace sont créées dans son pays d’origine. En 1996, sa pièce ONE FLEA SPARE fait l’objet d’un consensus au Humana Festival of New American Plays à Louisville, dans le Kentucky. En 1997, le Public Theatre de New York présente ONE FLEA SPARE avec Dianne Wiest dans le rôle principal, et, en 2008, THE FEVER CHART : THREE VISIONS OF THE MIDDLE EAST. En 1999, le New York Theatre Workshop présente THE TRESTLE AT POPE LICK CREEK, avant de créer, en 2009, la pièce THINGS OF DRY HOURS. En 2013, la pièce THE LIQUID PLAIN est créée à l’Oregon Shakespeare Festival. Au cours de sa saison 2014-2015, le Signature Theater de New York présente un « cycle Naomi Wallace », qui comprend trois de ses pièces : NIGHT IS A ROOM (en première mondiale), ainsi que AND I AND SILENCE et THE LIQUID PLAIN. En 2017, la pièce THE WAR BOYS connaît une première New-Yorkaise au Access Theatre, sous la direction de James Will McBride. En avril 2019, le Bingham Theatre de Louiseville crée THE CORPSE WASHER dans la mise en scène de Mark Brokaw.
En France, sa pièce UNE PUCE, ÉPARGNEZ-LA (ONE FLEA SPARE) est inscrite au répertoire de la Comédie-Française en 2009, faisant de Naomi Wallace le deuxième auteur américain à entrer au répertoire de cette grande institution en 340 ans d’existence, après Tennessee Williams. La pièce y est créée en 2012 dans une mise en scène d’Anne-Laure Liégeois. Par la suite, la pièce LA CARTE DU TEMPS (THE FEVER CHART) est créée au Théâtre des Halles d’Avignon en 2013, puis en 2015 au Théâtre 13 à Paris, dans une mise en scène de Roland Timsit. En 2019, la pièce LA BRÈCHE (THE McALPINE SPILLWAY) est créée à Avignon dans une mise en scène de Tommy Milliot et est sélectionnée par la critique comme l’une des cinq meilleures pièces produites en France cette année-là. En 2014, Véronique Bellegarde présente sa version de RIEN N’EST FROID (NO SUCH COLD THING), une production de La Chartreuse, Centre national des écritures du spectacle à Avignon, tandis qu’en 2016, Anne Courel monte AU PONT DE POPE LICK (THE TRESTLE AT POPE-LICK CREEK) pour la Cie Ariadne. En mars 2021, la pièce ET MOI ET LE SILENCE (AND I AND SILENCE) est programmée aux Célestins Théâtre de Lyon, dans une mise en scène de René Loyon.
En 2011, la pièce BLECHA (ONE SPARE FLEA) est inscrite au répertoire de la Komorní scéna Aréna dans la ville d’Ostrova, et fait l’objet d’une première création en République tchèque dans la mise en scène de Peter Gábor.
Au Québec, le Théâtre Bluff présente en 2015 la pièce UN MONDE QUI S’EFFACE (THE RETREATING WORLD) dans la traduction de Maryse Warda et la mise en scène de Sébastien Harrisson. Par la suite, la compagnie La Trâlée présente la pièce UNE PUCE ÉPARGNEZ-LÀ (ONE FLEA SPARE) dans une mise en scène de Guillaume Pépin, sous la forme d’un laboratoire public lors de l’édition 2017 du Carrefour international de Théâtre de Québec. En 2017, la compagnie Chants Libres de Pauline Vaillancourt récolte deux prix Opus du Conseil québécois de la musique pour l’opéra en deux actes THE TRIALS OF PATRICIA ISASA, musique de Kristin Norderval et livret original en anglais de Naomi Wallace, dans les catégories Concert de l’année – Montréal et Concert de l’année – musique moderne, contemporaine. En 2020, le Théâtre ESPACE GO propose LA BRÈCHE (THE McALPINE SPILLWAY) dans la traduction de Fanny Britt et la mise en scène de Solène Paré.
En mai 2020, le One Flea Spare Collective propose la lecture de la pièce ONE FLEA SPARE sur le site Internet du Centre National des Arts du Canada.
Pour le cinéma, Naomi Wallace signe les scénarios de Lawn Dogs (John Duigan, 1997), The War Boys (Ronald Daniels, 2009) et Flying Blind qu’elle coécrit avec Caroline Harrington et Bruce McLeod (Katarzyna Klimkiewicz, 2012). À l’heure actuelle, Wallace coécrit avec Bruce McLeod et l’historien Howard Zinn le scénario de Touched, qui porte sur le massacre de Ludlow en 1913.
Au cours de sa carrière, Naomi Wallace reçoit de nombreuses récompenses : le prix Susan Smith Blackburn à deux occasions (pour la pièce IN THE HEART OF AMERICA en 94-95 et pour ONE FLEA SPARE en 95-96), le prix Mobil en 1995 pour SLAUGHTER CITY, le prix Joseph Kesselring décerné pour ONE FLEA SPARE en 1996 par le National Arts Club de New York, le Fellowship of Southern Writers Award for Drama en 1997 pour ONE FLEA SPARE, un Obie Award décerné par The Village Voice en 1997 pour ONE FLEA SPARE. En 1997, elle est récipiendaire d’une bourse du National Endowment for the Arts Development et, en 1999, de la prestigieuse bourse MacArthur, la bourse communément connue sous le nom de « prix du génie ». En 2012, elle reçoit le Horton Foote Award de la meilleure nouvelle pièce américaine en 2012 pour THE LIQUID PLAIN. En 2013, Wallace reçoit le tout premier prix Windham-Campbell pour le théâtre créé conjointement avec l’Université de Yale. En 2015, Naomi Wallace reçoit un Arts and Letters Award de littérature de l’American Academy of Arts and Letters. La note qui accompagne le prix se lit comme suit : « Naomi Wallace est une voix puissante et essentielle qui apporte au théâtre un grand lyrisme et un courage moral. Ses personnages, si cruellement traités et souvent détruits, parlent avec une poésie brute et dévastatrice. […] Ses « THREE VISIONS OF THE MIDDLE EAST » qui composent THE FEVER CHART sont des chefs-d’œuvre brefs et inflexibles. »
Naomi Wallace est aussi une militante des droits de l’homme et en particulier des droits des Palestiniens. Elle est membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine dont les travaux ont été présentés le 4 mars 2009. En 2018, elle prend part à l’écriture de l’événement Afghanistan : enduring freedom aux côtés de Richard Bean, Ben Ockrent, Simon Stephens et Colin Teevan, qui récolte un prestigieux Premio Ubu en Italie dans la catégorie Meilleur texte étranger. Au milieu des années 2000, Wallace est brièvement détenue par la Département de la sécurité intérieure après avoir délibérément défié l’interdiction de voyager à Cuba.
Actuellement, Naomi Wallace partage son temps entre le Kentucky et les Yorkshire Dales dans le nord de l’Angleterre où elle vit avec son partenaire, Bruce McLeod, avec qui elle a trois enfants, Nadira, Caitlin et Tegan. Elle a actuellement des commandes de la Royal Shakespeare Company of London, du Birmingham Repertory Theatre et de la Headlong Theater Company. Elle écrit présentement la pièce THE RETURN OF BENJAMIN LAY avec l’historien Marcus Rediker, et elle travaille au livret du spectacle musical de John Cougar Mellencamp, JACK AND DIANE.