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Rébecca Déraspe, Annick Lefebvre et Marie-Christine Lê-Huu sont les trois finalistes de la sixième édition du prix Jovette-Marchessault!

6e édition du prix Jovette-Marchessault

En savoir plus sur le prix

Le Conseil des arts de Montréal (CAM) et le Théâtre ESPACE GO, en collaboration avec les membres du comité de développement du prix*, sont fiers de dévoiler les noms des trois finalistes de la sixième édition du prix Jovette-Marchessault qui est consacrée aux autrices : Rébecca Déraspe, Annick Lefebvre et Marie-Christine Lê-Huu. Ce prix, qui vise la reconnaissance et le rayonnement de la contribution de femmes artistes du milieu théâtral montréalais, s’accompagne d’une bourse de 20 000 $, qui sera remise par le Conseil à la lauréate.

 

Le nom de la lauréate de la sixième édition du prix Jovette-Marchessault sera dévoilé lors d’un 6 à 8 qui aura lieu le lundi 28 avril 2025 dans le café-bar du Théâtre ESPACE GO.

 

 

 

LES TROIS FINALISTES

 

 

Rébecca Déraspe

Maniant contrastes et malaises avec finesse, la plume de Rébecca Déraspe nous happe instantanément. À la fois complexes et épurés, ses constructions dramaturgiques et ses personnages marquent les esprits et ont un pouvoir transformateur sur notre société. Son urgence viscérale de « réparer le monde » se manifeste dans ses textes. Véritables partitions pour les actrices et acteurs, ses pièces s’adressent à un large éventail de publics, suscitant des réactions profondément émouvantes.

 

« Ma mère, dans le silence de la nuit qui s’installe, lisait. Tous les soirs, je me réfugiais à ses côtés, je me lovais contre son corps et j’espionnais les soubresauts de sa respiration. J’essayais d’entendre, à travers son silence, l’éloquence des mots qui s’étalaient devant ses yeux. Puis, toute à cette activité secrète, je m’endormais contre elle. Avec le recul de l’âge adulte, je pense que j’aurais voulu entrer dans son cerveau pour qu’on puisse, ensemble, vivre les grandes émotions insufflées par les mots de ses écrivaines et écrivains préférés. Peut-être que mon amour de l’écriture théâtrale vient de cette envie toute enfantine de partage, de communion dans la fiction. Je ne sais pas. Mais le jour où j’ai compris que les pièces de théâtre n’étaient pas toutes écrites par des gens morts, j’ai su ce à quoi j’allais occuper le reste de ma vie. »

 

– Rébecca Déraspe

 

Photo © Marc-Étienne Mongrain

 

Lire le portrait de Rébecca Déraspe

 

 

 

 

Annick Lefebvre

Décrite par plusieurs comme la Wagner du théâtre, Annick Lefebvre impose son art par des textes engagés et audacieux. Avec une fougue inégalée, elle parvient à transposer sur scène des émotions fortes, telles que la rage et la colère, de façon aussi saisissante que phénoménale. Reconnaissable parmi toutes, son écriture résolument provocante touche profondément son public, transcendant les générations et communautés.

 

« Ils peuvent être radicalement enragés ou radicalement tendres, les mots que je dépose dans les tripes du public, mais je refuse qu’ils soient autrement que radicaux. Je crois néanmoins que l’imagination de l’artiste et que sa capacité de sublimer le réel sont de bien mauvaises alliées lorsque vient le temps de témoigner des réalités de celles / de ceux / de celleux, qui, actuellement, se marchent sur le cœur, ravivent leurs traumas, libèrent et réhabilitent leurs paroles, pour que justice réparatrice soit faite et que de réels espaces sécuritaires soient socialement aménagés et entretenus. J’oscille, toujours, entre la certitude qu’il faut que je cède toutes mes tribunes et que je me taise à jamais, et la certitude que la forme théâtrale que je développe – celle du monologue intérieur frontalement livré – peut, si je documente rigoureusement les propos tenus par mes personnages, avoir une résonnance plus large. C’est dans l’entre-deux de ces certitudes antagonistes, c’est de cet écartèlement viscéral, que jaillit mon geste d’écrire. »

 

– Annick Lefebvre

 

Photo © Julie Artacho

 

Lire le portrait d’Annick Lefebvre

 

 

 

 

­­MARIE-CHRISTINE LÊ-HUU

Force tranquille de la dramaturgie, Marie-Christine Lê-Huu est reconnue pour son écriture touchante et poétique qui recèle une quête vitale d’humanisme. Son travail est empreint de sensibilité, d’humilité et nimbé de lumière. Alliage habile d’humour et de drame, son œuvre magnifie les histoires et amplifie les voix. La soif de transmission de l’autrice est palpable, notamment à travers ses implications multiples auprès du jeune public et dans l’univers de la marionnette.

 

« Je m’intéresse à ce qui est fragile, à ce qui est “au dehors”, en peine d’appartenance. J’aime regarder le monde à partir de la marge, dans l’écho des voix les moins fortes. J’ai longtemps cru que mon écriture était plus humaniste que politique. Mais je perçois de plus en plus clairement que dans le monde tel qu’il est, rendre visible ceux et celles qu’on efface est un acte politique. Réclamer la solidarité est un acte politique. Éveiller la compassion est un acte politique. Face aux idées extrêmement néfastes et violentes qui cherchent à s’imposer, nous disposons d’un recours extrêmement puissant : celui d’inonder l’espace public de récits qui fassent contrepoids, qui génèrent altruisme et solidarité et invitent à faire communauté. Nous nous devons de décliner sans candeur et de toutes les manières possibles le mot espoir, avec une volonté à la hauteur du péril que nous vivons. »

 

– Marie-Christine Lê-Huu

 

Photo © Maryse Boyce

 

Lire le portrait de Marie-Christine Lê-Huu

 

 

 

Le Conseil des arts de Montréal prend en charge la composition du jury, la sélection des candidatures et l’attribution de la bourse, alors qu’ESPACE GO assure la logistique et la promotion du prix. Le jury est constitué d’artistes professionnel·les. L’évaluation des candidatures repose sur la qualité et l’originalité de la démarche artistique, de même que sur l’impact de la réalisation artistique des créatrices sur le développement de la pratique théâtrale.

 

 

 

RAPPEL HISTORIQUE 

 

En 2018, le Conseil des arts de Montréal établissait l’atteinte d’un meilleur équilibre entre les genres, notamment pour la parité homme-femme dans le milieu artistique comme une priorité de son plan stratégique 2018-2020. C’est dans cet esprit que le Conseil a soutenu financièrement ESPACE GO pour la mise sur pied de son Chantier féministe portant sur la place des femmes en théâtre au printemps 2019. Au cours de cet événement, le milieu théâtral a rappelé l’importance de créer des prix soulignant le travail exceptionnel des créatrices en théâtre, afin d’augmenter le rayonnement des femmes artistes. La directrice générale du Conseil des arts de Montréal, Nathalie Maillé, en a profité pour souligner publiquement son intérêt à recevoir des propositions pour la création d’un prix destiné aux créatrices.

 

Des partenaires (CAM, ESPACE GO, Imago Théâtre, Théâtre de l’Affamée et des artistes associé·es au mouvement des Femmes pour l’équité en théâtre) se sont réuni·es pour rendre possible ce nouveau prix. Toutes et tous ont souhaité que ce prix adopte le nom d’une créatrice inspirante, celui de Jovette Marchessault (1938-2012), romancière, poète, dramaturge, peintre et sculptrice montréalaise. Dès la deuxième édition, de nouveaux membres ont joint les partenaires originaux du comité de développement du prix. Il s’agit des artistes Nahka Bertrand, Margarita Herrera-Dominguez et Lior Maharjan.

 

Un appel de candidatures différent a lieu chaque année en rotation sur trois ans selon la fonction artistique : metteuses en scène, conceptrices et autrices. La dernière édition 2024 a récompensé la conceptrice Linda Brunelle. Dans les éditions précédentes, les metteuses en scène Catherine Vidal (2019) et Alexia Bürger (2022), la conceptrice Nancy Tobin (2020) et l’autrice Marie Leofeli Romero (2021) ont chacune remporté le grand prix dans leur catégorie respective. Les artistes finalistes Catherine Bourgeois, Fanny Britt, Mélanie Demers, Rébecca Déraspe, Sophie El Assad, Elen Ewing, Marie-Eve Huot, Sonoyo Nishikawa, Pol Pelletier et Claude Rodrigue se sont toutes vu remettre un billet d’avion vers Paris, une gracieuseté d’Air Transat, partenaire des saisons d’ESPACE GO.

 

Ce prix du Conseil des arts de Montréal porte le nom de Jovette Marchessault en hommage à une grande « accordeuse d’âme », dont l’œuvre est parcourue par la volonté de rendre visible la culture des femmes, de reformuler l’Histoire, de fonder une mémoire qui permette aux femmes d’être des modèles pour tous et toutes.

 

*Membres du comité de développement du prix Jovette-Marchessault : Nahka Bertrand, Micheline Chevrier, Margarita Herrera-Dominguez, Lior Maharjan et Marie-Ève Milot

Merci à nos partenaires