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Annick Lefebvre

Finaliste 2025 - Prix Jovette-Marchessault

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Dès ses débuts, Annick Lefebvre a su marquer la dramaturgie québécoise par sa voix forte, entière, viscérale. Diplômée en Critique et dramaturgie de l’UQÀM en 2004, elle s’est rapidement imposée par la puissance de son écriture, l’honnêteté sans complaisance ni concession de sa parole, la profondeur de son engagement, et ce, sur et en dehors de la scène.

 

 

Depuis le fracassant CE SAMEDI IL PLEUVAIT, finaliste au prix Michel-Tremblay du CEAD en 2013, toutes ses principales pièces longues ont été primées ou ont été en nomination : J’ACCUSE, récipiendaire du Prix auteur dramatique BMO, prix du public en 2015 lors de sa création au CTD’A, LA MACHINE À RÉVOLTE, finaliste du prix Louise-LaHaye en 2015, LES BARBELÉS, finaliste aux prix de l’Association québécoise des critiques de théâtre (AQCT) en 2019, et COLONISÉES, lauréate du Prix Michel-Tremblay et finaliste aux Prix littéraires du Gouverneur général en 2019, suite à la production dirigée par René Richard Cyr au CTD’A. Annick Lefebvre a été la protégée de l’auteur Olivier Choinière au prix Siminovitch 2014 et finaliste de ce prix prestigieux en 2020. Elle le dit elle-même, elle éprouve chaque fois le sentiment « de prendre la plume comme on prend les armes ». Son théâtre n’est pas de ceux, anodins, qu’on fréquente à la manière d’un touriste. Elle dégoupille ses pièces en s’investissant à fond, dans son cœur et dans ses tripes.

 

 

La dramaturge a développé une forme distinctive : le monologue intérieur, adressé directement au public. Une succession de soliloques qui assument les points de vue contrastés de ses personnages, libérant leur urgence de dire, vortex tissés de phrases au souffle vertigineux. L’ampleur de ces diatribes n’empêche en rien leur dynamisme, d’où ressort une langue à l’humour cinglant, riche en images frappantes. Ce théâtre cathartique est aussi une œuvre féministe, qui porte à la scène des personnages féminins forts, loin du stéréotype. Lefebvre sait comme peu d’autres mettre en mots la rage et le désespoir qui les habitent, dans une société qui les étouffe.

 

 

Sa parole irrévérencieuse, Annick Lefebvre ose aussi la transporter dans le milieu du jeune public. La dramaturge a entamé une série de cinq pièces jeunesse, réunies dans le Cycle de la révolte, où le ludisme n’est pas un frein à l’engagement social d’un théâtre qui porte des enjeux importants. Des textes destinés à plusieurs tranches d’âge différentes : LES MINI MANIFESTES (2 à 5 ans); LES MOYENS MANIFESTES (6 à 10 ans) avec Chloé Chartrand; les deux monologues cousins LES FANTÔMES et EN CRISE – formidable texte sur la colère, ses enjeux, son pouvoir, mais aussi ses limites, qui vient d’être transformé en roman graphique par le dessinateur Vincent Partel-Valette -, et NOS FULGURANCES, pièce qui tend un miroir aux adolescents sans éviter les sujets difficiles. Dans les productions du Théâtre Fêlé mises en scène par Talia Hallmona, ces pièces largement diffusées vont rejoindre directement, dans une forme brute, les jeunes et les enfants là où ils sont : en classe et autres lieux de gardes, hors des salles de théâtre médiatisées.

 

 

Très ancrée dans sa culture, dans sa couleur québécoise, comportant souvent des références issues d’un réel reconnaissable, la dramaturgie de Lefebvre n’en résonne pas moins sous d’autres cieux. Ses textes sont publiés dans l’Hexagone chez Esse Que Éditions. LES BARBELÉS a été créé d’abord dans une importante institution parisienne, à La Colline – théâtre national en 2017, avant sa présentation au Théâtre de Quat’Sous, sous la direction d’Alexia Bürger. L’œuvre a également été traduite et produite au Mexique, en plus d’avoir été publiée en allemand. Capable de varier ses niveaux de langue et ses référents, Annick Lefebvre a même réécrit son acclamée pièce J’ACCUSE, livrant une version pour la Belgique (création à Atelier 210 en 2017) et une pour la France (montée à Toulouse en 2022).

 

 

D’une créativité infatigable, Annick Lefebvre a aussi écrit une multitude de courtes pièces et de prises de parole, qu’elle performe parfois elle-même dans des événements collectifs, dont le Festival du Jamais Lu auquel elle participe très régulièrement, des textes publiés dans deux recueils, Périphéries et Polysémies, chez Dramaturges Éditeurs. Et elle a signé quelques adaptations, dont celle d’ANTIGONE d’après Sophocle, en collaboration avec Rébecca Déraspe et Pascale Renaud-Hébert, pour le Théâtre du Trident à Québec.

 

 

Très engagée dans son art et son milieu, la dramaturge donne généreusement de son temps. Elle a notamment fourni de l’accompagnement dramaturgique à une quinzaine d’auteurs et autrices, dont Chloé Chartrand (FRACTURE.S), Gabrielle Lessard (LA BLESSURE) et Pascale Rafie (LA RECETTE DE BAKLAWAS). Au fil des années, elle a aussi siégé sur plusieurs conseils d’administration, que ce soit pour le CEAD (de 2012 à 2018), le Conseil québécois du théâtre, Ombres Folles : compagnie de théâtre d’ombres et d’objets et le Théâtre Fêlé : compagnie de théâtre jeune public.

 

 

Admirée par ses pairs, jusqu’aux plus établis, Annick Lefebvre inspire volontiers les auteurs et autrices des générations suivantes. La compagnie qu’elle a fondée et qu’elle dirige, Le Crachoir, a produit d’autres créations que les siennes, comme PAPIERS MÂCHÉS de David Paquet, LES INCONNUS de Julie-Anne Ranger-Beauregard et HAMSTER de Marianne Dansereau.

 

 

L’empreinte d’Annick Lefebvre sur le milieu théâtral québécois déborde donc largement de son seul apport dramaturgique, dont l’impact est déjà marquant.