l′amour ou rien
15 avril au 10 mai
2025
« L’amour, c’est ce qu’on fait. C’est un acte de volonté, c’est-à-dire désir et action, conjointement. »
– bell hooks
Parce qu’on nous apprend des définitions erronées de l’amour dès notre jeunesse, il nous est plus difficile d’en faire preuve en grandissant. Contrairement à ce que véhiculent la littérature, le cinéma et la télévision, le désir n’est qu’un ingrédient de l’amour. Tout comme l’affection et le romantisme. Si notre société s’accordait sur une manière commune de comprendre le sens de l’amour, l’acte d’aimer ne serait pas si déroutant.
Au sommet de l’œuvre immense de l’essayiste bell hooks trône le révolutionnaire all about love: new visions, son livre le plus célébré et peut-être le plus rassembleur. Dans cet ouvrage, qui figure parmi les livres les plus lus au monde, bell hooks redonne son sens au mot « amour » dans toutes ses dimensions et y démantèle le tabou qui en fait un sujet mielleux et galvaudé. Définissant l’amour comme une action et non comme une émotion, l’écrivaine démonte tous les obstacles que la société oppose à des relations amoureuses saines et envisage un art d’aimer qui ne se résume pas au frisson de l’attraction ni à la simple tendresse. Recourant à la philosophie et à la psychologie, elle nous invite à réfléchir sur les façons dont nous aimons, dont nous sommes aimé·es, et sur les transformations positives que l’amour peut apporter dans nos vies.
bell hooks espérait que son œuvre traverse les mondes universitaires et militants pour s’inscrire dans la culture populaire. L’artiste multidisciplinaire Mélanie Demers s’empare de ce souhait et l’exauce en créant, entre les murs d’ESPACE GO, une formidable célébration de l’amour et de ses multiples incarnations. Comment parler d’amour au temps de nos désenchantements ? Comment transformer un sentiment en verbe d’action, en revendication? Et surtout, en aimant, comment s’émanciper de tous les systèmes d’oppression ? Pour cette plongée au cœur du concept d’une éthique de l’amour, Mélanie Demers réunit sur scène huit interprètes du théâtre, de la danse et de la musique. Trait d’union entre la pensée de l’autrice et les sensations des spectateurs et spectatrices, les artistes puiseront dans les mots de bell hooks pour traduire sur scène les aspirations, les inspirations et le désir de connexion que nous avons. Il en résultera un objet théâtral atypique et vertigineux.
Gloria Jean Watkins, connue sous le nom de plume bell hooks, née le 25 septembre 1952 à Hopkinsville, dans le Kentucky, et morte le 15 décembre 2021 à Berea, est une icône majeure de la littérature afrodescendante, féministe et rebelle. Dans son œuvre, elle s’intéresse particulièrement aux relations qui existent entre race, classe et genre, et à la perpétuation des systèmes d’oppression et de domination fondés sur ces catégories. Elle a publié plus de trente livres et de nombreux articles, et a participé à plusieurs films documentaires. Traduits dans plusieurs langues, ses ouvrages figurent parmi les plus importants sur les questions féministes et antiracistes aux États-Unis. Son impact transcende les frontières, ses écrits percutants plaidant pour une approche intersectionnelle de la justice sociale. En mettant en lumière les réalités des femmes noires et des minorités, bell hooks a défié les normes du féminisme mainstream et a encouragé une réflexion critique sur la culture populaire et les médias. Son héritage réside dans son plaidoyer pour une éducation libératrice, inspirant des générations entières à lutter pour un monde plus équitable.
En 1983, après plusieurs années d’enseignement et d’écriture, bell hooks termine son doctorat au département de littérature de l’université de Californie à Santa Cruz par une thèse sur la romancière Toni Morrison. Elle occupe ensuite les postes de professeure d’études africaines et afro-américaines et d’anglais à l’université Yale, de maître-assistante d’études féminines et de littérature américaine à l’Oberlin College (Ohio) et de Distinguished Lecturer of English Literature au City College of New York. Gloria Jean Watkins a forgé son pseudonyme de « bell hooks » à partir des noms de sa mère et de sa grand-mère pour honorer son héritage féminin. L’emploi d’initiales minuscules, de manière non conventionnelle, signifie pour elle que le plus important dans ses travaux est la substance des livres, et non qui ou ce qu’elle est.
Artiste majeur de la danse, Mélanie Demers fonde à Montréal la compagnie MAYDAY en 2007 et explore le lien puissant entre le poétique et le politique. L’ensemble de ses œuvres se construit dans cette perspective. Avec chaque nouvelle création, elle approfondit son engagement dans les compositions aux inspirations multiples et les formes hybrides. Sa fascination pour l’interaction entre le mot et le geste s’est cristallisée dans WOULD (2015), qui a remporté le prix CALQ de la meilleure chorégraphie. En 2016, Mélanie Demers entame un nouveau cycle de création avec ANIMAL TRISTE et ICÔNE POP ; les deux œuvres ont fait l’objet de tournées internationales.
Après le succès de l’ambitieux projet DANSE MUTANTE (2019), les pièces LA GODDAM VOIE LACTÉE (2021), CONFESSION PUBLIQUE (2021) et CABARET NOIR (2022) entrent sous les feux de la rampe dans divers lieux et festivals prestigieux. En 2021, Mélanie Demers reçoit le GRAND PRIX de la danse de Montréal qui reconnaît la marque unique qu’elle laisse sur son époque. L’année suivante, elle reçoit le prix CALQ de la meilleure chorégraphie pour CONFESSION PUBLIQUE et Angélique Willkie reçoit le prix de la meilleure interprétation pour la même œuvre lors de la cérémonie des Prix de la danse de Montréal 2022. Créé en 2022, CABARET NOIR est à la fois un désir d’émancipation et une célébration du concept de la négritude. Le spectacle sera repris en février 2025 pour quelques représentations seulement au Théâtre de Quat’Sous.
En 2023, sa mise en scène au Théâtre Prospero de la pièce DÉCLARATIONS (2022), de l’auteur acclamé Jordan Tannahill, lui vaut une place de finaliste en 2023 du prix Jovette-Marchessault. À ESPACE GO, elle cocrée et joue sur scène AFFAIRES INTÉRIEURES avec ses camarades Sophie Cadieux et Frannie Holder. En 2024, Mélanie Demers remporte le Prix du Centre national des Arts, plus haute distinction au Canada remise à des artistes en milieu de carrière, dans le cadre des Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle. À ce jour, elle a chorégraphié trente pièces qui ont été présentées dans une quarantaine de villes dans le monde.
Depuis plusieurs années, Mélanie Demers enseigne dans les plus grandes écoles de théâtre et de danse du Canada pour donner corps aux questions qui animent la création.
Artiste engagée, mobilisée et vocale, ferme mais nuancée, Mélanie Demers profite de sa présence médiatique pour rendre visible certains enjeux qui restent souvent en périphérie. Elle prend parole comme chroniqueuse, entre autres, à l’émission Il restera toujours la culture et se fait une voix amplificatrice pour les artistes sous-représentés ou marginalisés.