La vie utile
Durée : 1 h 20
24 avril au 19 mai
28 mai au 1er juin (FTA)
2018
« Un jour, au cours de catéchèse, on m’a dit que l’Éternité ce n’était pas seulement pour toujours. C’était aussi depuis toujours. Ça m’a bouleversée. »
– Jeanne
Dans sa chambre, Jeanne discute avec la Mort et tente de négocier un sursis, un peu plus de temps. Elle reconfigure les images qui jaillissent de sa mémoire, chargées des enseignements transmis par ses parents : images et préceptes plus terrifiants les uns que les autres issus de la Bible et du Précis de grammaire française, ouvrages où le risque de la faute est partout.
Elle imagine à nouveau vivants son père et sa mère, puis elle se regarde elle-même, enfant et adolescente rebelle dont l’identité se mêle à celle de Jeanne d’Arc, figure héroïque surannée toute habitée de violence, mêlée à une puissante pulsion d’amour et de vie. Cette jeune Jeanne tombe de cheval au cœur de la forêt sombre et inquiétante, elle tombe sans fin, étirant par sa chute ininterrompue la durée de sa vie utile.
Tout s’entremêle à l’image de l’écheveau de nos pensées, de nos souvenirs, de nos fantasmes, des prismes concurrents par lesquels on regarde le réel. Mais laquelle des deux Jeanne est la vivante? Laquelle est la morte? Jeanne dans sa chambre ou Jeanne dans sa chute? Où sommes-nous et quel temps est le présent?
LA VIE UTILE est inspirée du chantier d’écriture d’Evelyne de la Chenelière qui portait tout ce qui obsède l’auteure depuis l’éveil de sa conscience d’être. Sur le long mur du café-bar d’ESPACE GO, l’artiste a superposé pendant trois saisons des couches de mots, de lignes, de couleurs et de formes, à l’image du monde tel qu’elle se le représente : trouble, frémissant, instable et palpitant (au sens où sa chair palpite).