Molly Bloom
Tournée québécoise
10 mars au 15 avril
2016
« je voudrais qu’il soit ici
ou quelqu’un d’autre
pour me laisser aller avec
et jouir encore comme ça
je me sens toute en feu à l’intérieur »
– Molly
16 juin 1904. Deux heures du matin. Leopold Bloom, un peu ivre, vient s’écrouler dans le lit conjugal, après une journée de dérive dans Dublin. Ce même jour, dans ce même lit, sa femme Molly l’a trompé.
Ne retrouvant pas le sommeil, Molly s’abandonne au flot débordant de ses pensées où s’entremêlent confidences et désirs érotiques. Elle songe à sa journée (avec son amant Boylan), à son mari, à l’amour, à son corps, à sa beauté, à sa carrière de cantatrice, à son enfance à Gibraltar, à ses enfants, jusqu’au souvenir jouissif de son « oui » à la demande en mariage de Leopold, 16 ans auparavant.
« Oui », ce mot ouvre et clôt le célèbre monologue intérieur de Molly, imaginé par James Joyce dans le dernier chapitre de son mythique roman Ulysse. Cette prise de parole est sans doute l’une des plus extraordinaires incursions littéraires faites par un homme dans les jardins secrets de la féminité, qui plus est, en 1922. La parole s’y écoule comme une suite ininterrompue et incontrôlée de mots qui servent une pensée libre, féminine, intime et pourtant universelle.
James Joyce (1882-1941) est un romancier et poète irlandais considéré comme l’un des écrivains les plus influents du XXe siècle. Parmi ses œuvres majeures, on compte le recueil de nouvelles Les Gens de Dublin (1914), et les romans Dedalus (1916), Ulysse (1922) et Finnegans Wake (1939). Dès sa parution aux États-Unis, Ulysse suscite la controverse, puisque jugé obscène, et est interdit jusqu’en 1931. Qualifié de « cathédrale de prose », le roman est considéré comme l’un des plus importants de la littérature moderne. Les noms Joyce et Bloom sont étroitement liés dans la culture irlandaise : depuis 1954, on célèbre l’auteur dans tout le pays lors du Bloomsday, qui a lieu chaque 16 juin, jour pendant lequel se déroulent les événements fictifs relatés dans Ulysse.
À la fois fondatrice de la compagnie Sibyllines et directrice artistique du Théâtre français du Centre national des Arts du Canada, Brigitte Haentjens est réputée pour ses mises en scène au style percutant. On lui doit les spectacles LA CLOCHE DE VERRE de Sylvia Plath, BLASTÉ de Sarah Kane, LA NUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS de Bernard-Marie Koltès et L’OPÉRA DE QUAT’SOUS de Bertolt Brecht. Pour le solo de MOLLY BLOOM, Brigitte Haentjens retrouve l’égérie de tant d’aventures artistiques, la comédienne Anne-Marie Cadieux, qu’elle a dirigée dans QUARTETT d’Heiner Müller, ÉLECTRE de Sophocle et MADEMOISELLE JULIE d’August Strindberg, trois spectacles créés à ESPACE GO, de même que dans MALINA d’après Ingeborg Bachmann et DOULEUR EXQUISE de Sophie Calle, deux créations de Sibyllines.