Billetterie

J’ai cru vous voir

2 au 20 juin
2021

Durée : 70 minutes

« Les lettres contenues dans la petite boîte de métal sont de Paul-Émile Borduas. Eh oui… il n’est pas difficile d’imaginer en les lisant combien cet amour fut, pour lui comme pour moi, profond et douloureux. »
 
— Rachel Laforest*

 
 En 1954, Rachel Laforest débute une liaison épistolaire secrète avec Paul-Émile Borduas. Cette relation prend fin avec la mort abrupte du peintre en 1960. Leurs lettres – parues dans un recueil intitulé Aller jusqu’au bout des mots – constituent les seules traces de cet amour ardent que le sort et la distance ont rendu impossible.

 

Quatre-vingt-dix-huit lettres, comme autant de raisons d’interroger la manière que nous avons d’inventer l’autre, d’en faire une page blanche ou un objet qui miroite nos propres zones d’ombre et de lumière. Un peu comme peindre un tableau, un peu comme créer un spectacle.

 

J’AI CRU VOUS VOIR réunit sur scène les interprètes Pascale Bussières, Jean-François Casabonne et le musicien Joseph Marchand. Au moyen de fragments épistolaires, de musique et d’archives sonores de philosophes, d’historien·nes ou de scientifiques, le spectacle explore les mystères et les mouvements changeants de notre perception, dans un espace aux multiples facettes conçu par l’artiste visuelle Caroline Cloutier.
 
 
Alexia Bürger
Dramaturge et metteure en scène

 

Alexia Bürger est dramaturge et metteure en scène. Elle a signé la mise en scène de LES BARBELÉS d’Annick Lefebvre (Théâtre national de la Colline, Paris, 2017, et Théâtre de Quat’Sous, 2018) et celle de 21 de Rachel Graton (Théâtre d’Aujourd’hui, 2019). En 2018, elle a écrit et mis en scène LES HARDINGS pour le Théâtre d’Aujourd’hui, pièce qui lui a valu le Prix du public et est nommé Meilleur texte Montréal aux Prix de la critique décernés par l’Association québécoise des critiques de théâtre. Complice de longue date d’Olivier Choinière, elle a signé avec lui les mises en scène de CHANTE AVEC MOI (2010) et de POLYGLOTTE (2015). À ESPACE GO, Alexia Bürger a conçu, en 2012, le déambulatoire théâtral JE NE M’APPARTIENS PLUS, en collaboration avec Sophie Cadieux.

 

Rachel Laforest, fille de Wilfrid Lazure, juge de la Cour supérieure du Québec, était l’épouse du peintre français Frantz Laforest. En 1948, le couple fait la connaissance de Borduas à son atelier de Saint-Hilaire. Six ans plus tard, Rachel Laforest est séparée. Elle élève seule son fils et entreprend une idylle éblouissante avec Borduas, qui va de l’automne 1954 à l’automne 1955. Désapprouvées par ses parents, ses amours avec le peintre québécois avant-gardiste à la réputation sulfureuse bouleversent sa vie. En 1955, Borduas s’installe à Paris. Les amoureux entretiennent alors une relation épistolaire qui dessine une passion comme seules l’histoire ou la littérature en décrivent, dans laquelle on découvre en Rachel Laforest une femme libre, partagée entre sa réalité de mère et le rêve d’une vie amoureuse.

 

Figure centrale de l’art québécois et canadien, Paul-Émile Borduas a été le chef de file du mouvement automatiste, l’un des courants les plus féconds de la peinture d’avant-garde de l’après-guerre en Amérique. Réuni autour du peintre, un groupe de jeunes artistes peu connus à cette époque, les Automatistes, lance le 9 août 1948 un manifeste au titre provocant, Refus global, qui marque l’un des temps forts de l’accession du Québec à la modernité.

 

Le 17 mars 2019, Pascale Bussières et Jean-François Casabonne sont invité·es à lire quelques extraits d’Aller jusqu’au bout des mots au Musée des beaux-arts de Montréal. Fasciné par cette correspondance tenue secrète pendant 50 ans, empreinte de questionnements moraux et artistiques, le duo brûle de lui donner vie sur scène et invite Alexia Bürger à faire partie de l’aventure de création.

 

Au printemps dernier, la présentation de J’AI CRU VOUS VOIR a été annulée pour les raisons que nous connaissons. C’est un peu comme une lettre mise à la poste, que l’on attend impatiemment, qui tarde… et qui finit par nous nous être remise. Comme si nous devions éprouver l’attente interminable qu’ont vécue Rachel et Borduas tout au long de leur relation. Nous espérons que, cette fois, l’amour et l’amour de l’art seront assez forts pour repousser les vents contraires.

*Tirée du recueil Aller jusqu’au bout des mots, Leméac Éditeur (2017)