Inspiré par l’écriture automatique du poète français André Breton, le peintre Paul-Émile Borduas invente une façon de transposer sur toile (voir Peinture) l’idée d’une production spontanée sans idée préconçue. Le mouvement automatiste naît quand il expose 45 de ses gouaches au théâtre de l’Ermitage, à Montréal du 25 avril au 2 mai 1942. Se joignent bientôt à lui quelques-uns de ses élèves de l’École du Meuble, dont Marcel Barbeau, Jean Paul Riopelle et Roger Fauteux. D’autres comme Pierre Gauvreau, Fernand Leduc et Françoise Sullivan viennent de l’École des beaux-arts de Montréal, Bruno Cormier et Claude Gauvreau du Collège Sainte-Marie et Jean-Paul Mousseau du Collège Notre-Dame. Borduas prend l’habitude de recevoir le groupe à son atelier, où l’on discute aussi bien de marxisme et de psychanalyse que de religion et de politique. Les Automatistes exposent comme groupe à New York en 1946 et à Paris en 1947. Leurs premières présentations montréalaises se font sur la rue Amherst en avril 1946, puis au 75 Ouest rue Sherbrooke, en février 1947. C’est à cette dernière occasion qu’un journaliste, Tancrède Marsil, leur donne le nom d’« Automatistes ».
En 1948, le groupe lance le manifeste Refus global. Borduas est responsable de trois textes dont l’essai principal qui donne son nom au manifeste et qui est contresigné par une quinzaine de ses amis. Claude Gauvreau (poète et frère de Pierre), la danseuse Françoise Sullivan, le psychanalyste Bruno Cormier et Fernand Leduc y ont aussi des textes. On y étend les intuitions esthétiques du groupe jusque dans le domaine politique, en faisant de l’« anarchie resplendissante » un équivalent de la peinture automatiste. Le groupe se disperse après la publication du manifeste, Riopelle et Leduc ayant quitté Montréal pour Paris. Leur dernière exposition collective, organisée par Claude Gauvreau, La Matière chante eut lieu en 1954.
– François-Marc Gagnon
Né le 18 juin 1935 à Paris et mort le 28 mars 2019, François-Marc Gagnon est un historien et critique d’art, écrivain et professeur français naturalisé canadien.
LE MOUVEMENT AUTOMATISTE
Date de début : 1942
Date de fin : 1953
SIGNATAIRES DU REFUS GLOBAL
À la veille de la Révolution tranquille (dans les années 1970), le peuple québécois trouve finalement de l’intérêt pour le manifeste de Borduas : en 1998, les 15 signataires du Refus global gagnent le Prix Condorcet-Dessaules, remis annuellement à un défenseur de la liberté de conscience et de la laïcité.
Magdeleine Arbour
Marcel Barbeau
Paul-Émile Borduas
Bruno Cormier
Claude Gauvreau
Pierre Gauvreau
Muriel Guilbault
Marcelle Ferron
Fernand Leduc
Thérèse Leduc
Jean-Paul Mousseau
Maurice Perron
Louis Renaud
Françoise Riopelle
Jean-Paul Riopelle
Françoise Sullivan
Les Automatistes
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