Billetterie

Mélanie Demers

Finaliste 2023 - Prix Jovette-Marchessault

En savoir plus sur le prix

Artiste libre et audacieuse, Mélanie Demers ne s’est jamais cantonnée dans les étroites limites d’une discipline. Elle explore, bouscule carcans et conventions, favorise une pratique hybride, s’employant à faire de la scène « une arène où rien n’est fixe », brouillant les pistes entre danse, théâtre et performance. La créatrice s’est imposée comme une chorégraphe marquante, signant une trentaine d’œuvres qui ont voyagé sur quatre continents. Un corpus artistique dont sa ville a reconnu l’importance, lui attribuant en 2021 le Grand prix de la danse de Montréal, pour sa contribution exceptionnelle à cet art.

 

Après sa formation à LADMMI – connu aujourd’hui comme l’École de danse contemporaine de Montréal, Mélanie Demers embrasse la carrière d’interprète durant une décennie pour la réputée compagnie de Ginette Laurin, O Vertigo. En 2007, la danseuse devient chorégraphe et fonde sa propre structure, MAYDAY, où elle poursuit le mandat d’explorer le lien « entre le poétique et le politique ». Cette poète de la scène se voit couronnée à deux reprises par le Conseil des arts et des lettres du Québec du prix de la Meilleure œuvre chorégraphique pour WOULD, œuvre de mouvements et de mots (2015), et CONFESSION PUBLIQUE (2021), solo performatif interprété par Angélique Willkie, qui « redéfinit la perception de ce qu’est être une femme noire de 60 ans, mais plus largement de ce que peut être un spectacle aujourd’hui », décrit sa créatrice.

 

En plus de concevoir une œuvre chorégraphique intégrant la théâtralité, Mélanie Demers apporte sa riche expertise au milieu théâtral. Depuis une décennie, on retrouve l’empreinte de l’artiste comme conseillère ou collaboratrice au mouvement dans de nombreux et intéressants spectacles, formellement variés. Nommons, entre autres, MYTHE créé par Mykalle Bielinski, ROBIN ET MARION d’Étienne Lepage et L’IDIOT de Dostoïevski mis en scène par Catherine Vidal. Brigitte Haentjens a aussi eu recours à elle pour ses spectacles SANG de Lars Norén, PARCE QUE LA NUIT, inspiré de la vie de Patti Smith et DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON de Koltès. Mélanie Demers contribue également à plusieurs créations atypiques de l’auteur et metteur en scène Olivier Choinière. Notamment, elle signe les chorégraphies de l’énergique MOMMY, puis devient collaboratrice à la mise en scène lors de la reprise du spectacle. La chorégraphe a participé, de plus, à la mise en scène de la pièce SELFIE de Sarah Berthiaume, dirigée par Philippe Cyr au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, en 2015.

 

Un rendez-vous plus direct, total avec la mise en scène de théâtre paraît inévitable. Au printemps 2022, Mélanie Demers pose un premier « geste théâtral » avec CABARET NOIR, spectacle qu’elle conçoit, met en scène et chorégraphie avec la collaboration des interprètes. Créé dans le cadre du laboratoire Territoires de paroles du Théâtre Prospero et de l’Agora de la danse, le spectacle est par la suite présenté au Centre national des arts à Ottawa, puis bientôt repris au Carrefour international de théâtre de Québec, ce cabaret qui célèbre l’expérience noire naît entre autres en réaction à la mort choquante de l’Afro-Américain George Floyd. L’actualité récente a inspiré à la créatrice des œuvres qui observent certaines composantes identitaires, mais où elle remet aussi en question des représentations sociales convenues, stéréotypées. Dans cette veine, la chorégraphie LA GODDAM VOIE LACTÉE interrogeait la psyché féminine. Ce spectacle, créé dans le cadre de l’édition 2021 du Festival TransAmériques, lui vaut le Grand Prix de la danse de Montréal.

 

Et à l’automne 2022, Mélanie Demers prend le risque de franchir un pas supplémentaire vers le théâtre en mettant en scène, pour la première fois, un texte dramatique existant. Au Théâtre Prospero, elle se mesure à une œuvre particulièrement exigeante, DÉCLARATIONS du Canadien Jordan Tannahill, une pièce qu’elle qualifie elle-même d’« insaisissable ». Une partition poétique très ouverte, où on a pu voir se déployer toute l’inventivité créative de la metteuse en scène et sa fine compréhension du texte. Un nouveau rôle qui sied naturellement à une artiste qui a « toujours initié, organisé, dirigé » des projets et qui, dans ses chorégraphies, posait déjà, souvent, des questions politiques, sociales ou éthiques profondes.

 

Mélanie Demers ne fait pas seulement parler les corps mais aussi les mots. Détentrice d’un DEC en lettres, la chorégraphe sait aussi manier la langue, entrechoquer les idées, elle qui a souvent prêté sa plume à des textes parus dans des revues culturelles. Elle est aussi une présence régulière dans les médias parlés, actuellement collaboratrice à l’émission télévisuelle Culturama sur ArTV et chroniqueuse pour la quotidienne radiophonique Il restera toujours la culture sur ICI Première.

 

Sa culture, ses connaissances, son expérience, la créatrice les aura propagées également dans de nombreux établissements du savoir, au fil des années. Elle a notamment été chargée de cours à l’École supérieure de théâtre de l’UQAM de 2014 à 2022 et plusieurs fois professeure invitée par l’École nationale de théâtre du Canada. À l’étranger, elle est souvent conviée à coacher ou mentorer de jeunes professionnel·les à l’occasion des tournées avec sa compagnie MAYDAY. La créatrice fut aussi artiste invitée au Festival OperaEstate Veneto en Italie, de 2008 à 2019, sans oublier l’important enseignement dispensé au Centre Culturel Pye Poudre, en Haïti dans les années 2000.

 

Le talent, la passion, l’engagement artistique et social de Mélanie Demers ne connaissent pas de frontières, géographiques ou artistiques.