L’inventivité et l’imagination foisonnante d’Elen Ewing semblent ne pas connaître de limites. Formée en production théâtrale au Cégep de Saint-Hyacinthe et détentrice d’un baccalauréat en Histoire de l’art de l’UQAM, cette conceptrice scénique inspirée crée principalement des costumes, mais aussi parfois des décors et des accessoires, en puisant dans une grande palette d’esthétiques différentes. Tout récemment, on remarquait sa griffe dans les productions théâtrales de LA MÉNAGERIE DE VERRE au Théâtre Denise-Pelletier, de JUDY au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui et de GÉNÉRATION DANSE à La Licorne.
Prolifique et très polyvalente, attirée par les nouvelles aventures, Elen Ewing a exercé son talent dans toutes les disciplines des arts vivants. Elle a ainsi signé les costumes pour une douzaine de spectacles de danse, particulièrement ceux des douées chorégraphes Virginie Brunelle et Mélanie Demers. Dans l’univers circassien, la conceptrice a habillé quatre productions de la réputée compagnie Les 7 doigts de la main, ainsi que celle de VIZION du Cirque du Soleil, pour lequel elle a œuvré en Arabie Saoudite. Elle a touché également à l’opéra, concevant notamment les costumes de RIDERS TO THE SEA | LE FLAMBEAU DE LA NUIT à l’Opéra de Montréal, comme à l’humour : c’est elle qui a imaginé le décor du premier show solo de Katherine Levac, VELOURS.
Au théâtre, où sa feuille de route est particulièrement bien garnie, plusieurs metteurs en scène ont recours à sa créativité pour d’audacieux projets. Mentionnons Philippe Cyr (ATTEINTES À SA VIE, PROUESSES ET ÉPOUVANTABLES DIGESTIONS DU REDOUTÉ PANTAGRUEL), Christian Lapointe (PELLÉAS ET MÉLISANDE, LE RESTE, VOUS LE CONNAISSEZ PAR LE CINÉMA) et Catherine Vidal (CHAPITRES DE LA CHUTE, L’IDIOT).
Depuis une douzaine d’années, Elen Ewing a noué une importante collaboration avec l’auteur et metteur en scène Olivier Choinière, sur des créations qui l’amènent souvent à sortir des sentiers battus. Cette complicité, présente sur 10 spectacles jusqu’à aujourd’hui, se traduit par la conception de costumes, mais parfois aussi de l’espace scénique, d’accessoires, voire d’effets spéciaux. Avec MANIFESTE DE LA JEUNE-FILLE, créée à ESPACE GO en 2017, étonnante pièce où leur costume définissait des personnages changeant de discours idéologiques comme de vêtements, elle a signé tout un défilé de parures signifiantes où sa créativité ludique se déployait. Un travail qui a aussi permis à Elen Ewing d’élaborer sa propre méthode, mûrement réfléchie, pour pratiquer son métier. Elle puise dorénavant les références historiques de ses costumes dans plusieurs dimensions d’influence stylistique : politique, science, militaire, sport, spiritualité, art et fiction.
En 2023, dans LA DERNIÈRE CASSETTE, où son rôle était capital pour soutenir la prodigieuse composition de la comédienne Violette Chauveau sur la scène du Quat’Sous, la conceptrice de costumes parvenait à exposer la métamorphose du personnage durant la représentation et à révéler ultimement son essence véritable.
C’est aussi à Elen Ewing qu’on doit l’environnement visuel, toujours différent, des créations déjantées de la compagnie Projet Bocal depuis les débuts du trio, il y a une décennie. La conceptrice a d’ailleurs remporté en 2022 un prix François-Barbeau, remis par les abonnés de Duceppe, pour les costumes colorés de SHOWTIME – UNE GROSSE PIÈCE DE THÉÂTRE, une pièce multipliant les changements d’univers, pour laquelle elle a su se réinventer à travers une diversité de styles vestimentaires et de registres théâtraux. Une hétérogénéité délibérée caractérise d’ailleurs volontiers ses créations. C’est par le raffinement d’un assemblage entre divers éléments qu’Elen Ewing cherche à servir la vision propre à chacune des œuvres auxquelles elle contribue.
Couronnés eux aussi par un prix – celui décerné par l’Association québécoise des critiques de théâtre -, les flamboyants costumes qu’elle a dessinés pour LES AMOUREUX, mis en scène par Catherine Vidal en 2019, mettaient en lumière son exceptionnelle aisance à mélanger les époques.
Au début de sa carrière, la conceptrice fut la lauréate d’un doublé de distinctions au Gala des Cochons d’Or, qui récompense les artistes du théâtre émergent, et ce, dans deux disciplines différentes : la scénographie (pour LA MAMAN DU PETIT SOLDAT, en 2010 en co-conception avec Geneviève Lizotte) et les costumes (pour MOMMY, d’Olivier Choinière, en 2013).
Très sensible à son environnement naturel et à l’exploitation durable des ressources qu’elle utilise, la conceptrice a suivi un stage en écoconception et écoresponsabilité dans les arts de la scène, en 2020. Des valeurs qu’elle met en pratique dans son métier : elle bâtit la majorité de ses conceptions à partir d’objets récupérés.
L’engagement d’Elen Ewing dans sa communauté artistique emprunte de multiples formes. La conceptrice a été durant quelques années membre du comité théâtre au Conseil des arts de Montréal. De 2018 à 2021, elle a également siégé au Conseil d’administration de l’Association des professionnels des arts de la scène du Québec (APASQ). Et elle partage son expertise grâce à du mentorat auprès de jeunes concepteurs et conceptrices. Depuis 2017, elle accompagne les étudiant·es du programme de Scénographie à l’École nationale de théâtre du Canada en conception de costumes et de décors.
Dans son métier, Elen Ewing se définit comme une passeuse d’idées. On ne peut que donner raison à cette conceptrice aussi douée que dévouée à son art.