J’ai un rapport bien personnel à Faire la mort. Krystel Descary, l’autrice du projet, est une grande amie depuis plus de vingt ans. J’ai donc assisté à beaucoup : le deuil, la quête de soi, les recherches qui ont ouvert des portes libératrices de conscience et de connaissances, la paix qui arrive enfin, le projet plus fort que tout qui prend forme, le besoin d’offrir la traversée en partage. Au terme de ce parcours, Faire la mort est devenu nécessaire. Pour Krystel, bien sûr, mais avant tout pour chacun·e d’entre nous, parce que le projet entraîne là où personne ne veut aller, mais où tout le monde ira. La fin de vie est une réalité indéniable. Le spectacle, à contre-courant de notre culture occidentale, la regarde dans les yeux. Comme une amie. Cette posture est si rare que j’ai reconnu le besoin de Krystel comme étant le mien aussi, comme étant celui, j’imagine, de bien d’autres. Le vôtre, peut-être.
Faire la mort offre l’histoire de Krystel afin que nous entrions dans la nôtre. Dans la forme même, le spectacle mute, se transforme, pour mieux avancer et s’incarner avec vérité. Il donne le courage d’appréhender nos propres métamorphoses avec une curiosité qui ne nie pas la douleur, mais ne la laisse pas prendre toute la place. Car elle n’est pas tout.
Beauté et deuil, contre toutes attentes, cohabitent. Pour moi, ce changement de paradigme change tout. Je l’emporte avec moi pour le chérir, le regarder tranquillement quand je serai seule, et l’apprivoiser, j’espère. La conversation avec le spectacle ne fait que commencer.
Chaque personne qui s’est approchée du projet l’a fait en y déposant quelque chose de soi. Krystel, merci pour la lucidité crue et douce à la fois. Marie-Ève, merci pour l’intelligence de ton cœur ouvert. À chacun·e, merci de votre engagement sans pareil, merci pour vos esprits lumineux. Cher public, merci être là. Chaque fois, il me semble que vous combattez, par votre présence, l’assombrissement du monde.
Édith Patenaude
Directrice artistique et codirectrice générale