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Faire la mort : extraits de critiques

Faire la mort

Retour à la pièce

« Après Geneviève Labelle et Mélodie Noël Rousseau, la nouvelle directrice artistique d’Espace Go, Édith Patenaude, continue de miser sur ce que la métropole offre de plus stimulant en matière de création théâtrale féministe. Ces jours-ci, Krystel Descary et Marie-Ève Milot, respectivement autrice et metteuse en scène de Faire la mort, osent aborder avec autant d’humour que de sensibilité le plus puissant des tabous.
 
Tout en interrogeant sur la mort, la nôtre aussi bien que celle de nos êtres chers, la pièce aborde également le vide laissé par celles et ceux qui ont choisi de sortir de nos existences. C’est la situation dans laquelle se trouve Krystel, l’héroïne de Faire la mort, alter ego de l’autrice, qui tente avec une admirable détermination d’établir un lien avec son père, un homme qui disparaît de sa vie à répétition, l’exposant ainsi à une succession de deuils dits « non reconnus ».
 
La pièce juxtapose deux registres, deux trames qui vont tout naturellement se rencontrer à la toute fin. D’un côté, il y a Krystel (enfin un personnage de théâtre à la hauteur du talent de Laetitia Isambert-Denis !), sa mère, Michèle (l’irrésistible Isabelle Vincent) et la meilleure amie de Krystel, Marie (la désopilante Joanie Martel), sans oublier Michel, le père qui excelle dans l’art de se volatiliser (Pier Paquette, habile dans ce rôle ingrat). De l’autre côté, il y a une thanadoula (incarnée avec sollicitude par l’autrice), une accompagnatrice qui prodigue de judicieux conseils. Doucement, sans imposer de route, sans donner de leçons, mais sans pour autant occulter ou embellir la réalité, elle enseigne à mourir aussi bien qu’à apprivoiser l’absence.
 
N’allez surtout pas croire que l’expérience est déprimante, bien au contraire. D’abord, parce qu’on rit beaucoup, mais aussi parce que le spectacle est un rituel bienfaisant où la scénographie de Geneviève Lizotte, les éclairages d’Étienne Boucher et la musique de Mykalle Bielinski contribuent à élever l’âme. Usant avec inventivité d’un sol recouvert de terre, la mise en scène de Marie-Ève Milot, aussi simple qu’efficace, ponctuée de références aux années 1990, nous entraîne aisément du comique au tragique, du quotidien au spirituel, du banal au grandiose. Le tableau final, une poignante toilette mortuaire qui permet « au deuil de commencer à se déployer de manière concrète et sacrée », vaut à lui seul le déplacement.
 
Quant au texte de Krystel Descary, qui a bénéficié des lumières de Marie-Claude St-Laurent, sa grande originalité réside dans la façon dont il présente un éventail de possibles en ce qui concerne les causes et les contextes de la mort du père et de la fille. On transcende ainsi l’anecdote, on élargit le propos et on universalise ce qui se déroule sur scène afin d’offrir à tous un cheminement adéquat, une réconciliation adaptée, un apaisement sur mesure. »
Christian Saint-Pierre, Le Devoir
 
 
 
« Père manquant…
Le thème de la filiation est sur toutes les scènes en ce moment, celui de la mort un peu moins. Avec sa pièce Faire la mort, Krystel Descary tisse un lien solide entre les deux. « Comment faire le deuil d’une personne toujours vivante ? ».
 
La partie documentée du spectacle nous présente la dramaturge et comédienne Krystel Descary, dès le début, en tant que « spécialiste » de la mort. Ses apartés fort édifiants expliquent les processus qui mènent au trépas, au dernier souffle, mais aussi au deuil que doivent faire les proches d’une personne mourante.
 
L’essentiel de la pièce porte cependant sur les questionnements existentiels de la jeune Krystel (interprétée avec fougue par Laetitia Isambert-Denis), ses relations tumultueuses avec sa mère (l’excellente Isabelle Vincent) et sa meilleure amie, la tout aussi convaincante Joanie Martel.
 
Le sujet est traité avec subtilité et délicatesse tout au long, comme le confirment les applaudissements à la fin, empreints de respect et d’émotion.
 
Faire la mort bénéficie d’une mise en scène attentive et tout aussi délicate de la part de Marie-Ève Milot. La scénographie de Geneviève Lizotte est extraordinaire : quelques accessoires dispersés sur scène pour évoquer les divers lieux de l’action, mais surtout la terre meuble recouvrant le sol et les volumineux rideaux de fond de scène qui donnent à l’ensemble un climat de réserve et de gravité, bref de dignité. De même, la musique de Mykalle Bielinski frôle parfois le sublime. Les éclairages d’Étienne Boucher sont également à mentionner.
Oui, cette pièce représente un beau et nécessaire travail d’édification. L’objectif que se donnent l’autrice et comédienne avec la metteuse en scène de parler sereinement de la mort est atteint. »
Mario Cloutier, JEU Revue de théâtre
 
 
 
« Parler de la mort, ça glace le sang de plusieurs. Avec Faire la mort, l’autrice-comédienne Krystel Descary propose un théâtre documentaire pas du tout didactique mais rattaché à du vrai, du scientifique, du biologique. […] Quand Krystel Descary entre en scène et brise tout de suite le quatrième mur, elle est douce, apaisante, en confiance, pleine de chaleur et d’empathie. Elle sait qu’elle va bousculer le public et que nous ne sommes pas dans une ère où le monde veut se faire brasser. Elle a fouillé, creusé, vécu. Elle a apprivoisé la mort et veut nous aider à l’apprivoiser aussi.
 
Isabelle Vincent est à la fois drôle et touchante [dans le rôle de la mère]. La formidable Joanie Martel, tellement vraie, tellement attachante, tellement drôle [dans le rôle d’une amie], le père est incarné par un Pier Paquette (tout en réserve, tout en malaise, tellement efficace), Krystel (incarnée d’adolescente à l’âge adulte de façon si attachante par Laetitia Isambert-Denis).
 
La mise en scène de Marie-Ève Milot est sensible, efficace, intelligente et appuyée de belle façon par l’environnement sonore génial (comme toujours) inventé et chanté par la grande Mykalle Bielinski que j’aime d’amour et qui ajoute toujours du sublime aux spectacles auxquels elle participe.
C’est un spectacle brillant auquel nous convie ici Espace GO. Un deux en deux après Moi, Jeanne dans un tout autre registre plus tôt cette saison. Dans la mort comme dans la vie, dans la rue comme à la scène, on rit, on pleure, on se met en colère, on sort son portefeuille pour gommer les malaises. Et quand le théâtre peut nous divertir et nous raconter une belle histoire tout en nous apprenant plein de choses? Quoi demander de plus? »
Yanik Comeau, theatralites.com
 
 
 
« Krystel Descary a grandi sans son père, une absence qui s’est transformée en une présence obsédante. Comment exister en l’absence de cette présence?
 
Pour y parvenir, l’artiste s’est intéressée de très près au phénomène de la mort réelle en travaillant sur la fin de vie, et une partie de théâtre documentaire se superpose à la pièce de théâtre proprement dite.
 
C’est le côté théâtral et autofictionnel qui m’a le plus emballé. Dans un décor très intéressant et spectaculaire, la pièce montre tout le cheminement de Krystel: comment elle a grandi avec sa mère monoparentale; comment elle entend souvent parler de ce père qu’elle n’a pas; comment tout cela influence ses relations amicales, ses rêves, ses éblouissements artistiques, alors que la mort est partout pour elle, obsédante et qu’elle semble toujours hésiter entre s’y précipiter ou vivre sa vie en étant dégagée de ce poids initial.
 
Le sujet est grave, mais traité avec intelligence et humour. Certains passages, comme la séquence psychédélique, sont particulièrement réussis.
 
Le décor est spectaculaire. La manière d’exhumer certains vestiges du passé enfoui sous tout ce humus qui recouvre la scène est une très belle trouvaille. Les personnages sont bien campés et les acteurs les interprètent parfaitement.
 
L’ensemble est très réussi même si, à mon sens, la partie documentaire aurait pu prendre moins de place. Le cheminement de Krystel donne beaucoup à penser et permet mille réflexions sur ce que représente un deuil, à savoir un renoncement à vivre quelque chose de définitivement perdu, tandis qu’une infinité de possibilités s’ouvrent encore à nous, tant que nous sommes vivants. »
Sophie Jama, pieuvre.ca
 
 
 
« Comment faire le deuil d’une personne encore vivante? L’autrice s’est plongée dans le sujet, autofiction ici, combinant théâtralité et recherche documentaire sur la mort et les étapes que le corps traversera avant son dernier souffle, notre dernier souffle. Ce texte est excellent et s’articule autour de la quête identitaire de la jeune Krystel qui cherche désespérément un lien avec un père absent dont elle doit inévitablement faire le deuil. Un deuil physique et émotionnel mais également un deuil fantasmé, seule façon de pouvoir survivre avec ce trou béant.
 
La scénographie est simple mais hyper efficace et se dévoile tout au long du spectacle. Immense scène drapée de noir, terre et cendres au sol, tout est à sa place, sert bien le texte et se dévoile à nous avec brio.
 
Les acteurs sont excellents, charismatiques et jonglent bien avec ce ton parfois dramatique, décalé souvent, plein d’humour et d’autodérision. On parle de mort ici certes, il y a de forts moments touchants, mais nous rions et sourions et s’attachons à ces personnages pleins de vie, cherchant, tout comme nous, un sens à leur passage sur Terre.
 
J’ai bien aimé le personnage la doula-thanatologue qui ponctue le spectacle en nous tutoyant et en nous préparant, dans une bienveillance sans fin, à notre fin. L’entrelacement et les transitions entre le texte et ces moments sont réussis.
 
Mon bémol, important ici, est le dernier quart de la pièce. […] On y a pourtant de scènes finales très fortes, pleines de sens et d’émotions, mais qui, bousculées dans ce dernier quart, nous laissent un peu perplexe. En mon sens, ce dernier quart devrait être retravaillé pour plus de lenteur et de repères pour nous.
 
Faire la mort parle d’un sujet qui nous est difficile pour tous mais avec douceur, humour, empathie, bienveillance et courage. J’ai bien aimé mon moment et cette pièce a réussi à m’apaiser envers la mort à certains égards et surtout, à me donner envie de célébrer la vie plus que jamais.
 
Allez-y, c’est un beau spectacle. »
Jordan Dupuis, Quartier général
 
 
 
« La pièce Faire la mort est l’une des propositions phares de l’Espace Go cet automne. Cette autofiction documentée porte principalement sur les étapes menant au deuil d’une personne encore vivante.
 
ABORDER LA MORT DE FRONT AVEC DOUCEUR
Krystel Descary signe le texte de cette création très personnelle et introspective qui s’opère autour du thème du deuil invisible ou incompris. Dans une ambiance feutrée et atypique, elle élabore sa réflexion sur son propre rapport à la mort. En empruntant divers tracés qui touchent à la mort et aux tabous qu’elle peut susciter chez certains, le texte aborde des façons de vivre le deuil, de l’appréhender et de le sublimer. La pièce jette un regard franc et sensible sur les aspects très sombres de la fin de vie autant que ceux qui sont remplis de lumière et de vérité.
 
UNE MISE EN SCÈNE ATYPIQUE
Marie-Ève Milot déploie son talent de metteuse en scène à travers ce projet de création qui appelle à l’intimité et aux réflexions humaines. On sent un désir d’illustrer la quête d’un espace pour exister avec le deuil de façon douce, en mettant en œuvre des rituels et des pratiques réparatrices. La mise en scène est empreinte de douceur et d’un rythme qui ralentit au fil des conversations, pour illustrer toute l’intériorité de la pensée derrière la création. La scène recouverte de terre est une entité elle-même du spectacle. Au fil des scènes, les protagonistes s’étendent sur la terre, s’y plantent les pieds et y creusent pour trouver divers objets enfouis.
 
L’HUMOUR PARTOUT, MÊME DANS LE DEUIL
Krystel Descary souhaitait, en présentant ce spectacle, que les gens vivant des situations similaires à la sienne puissent se sentir compris et reconnus. L’humour est fondamental et particulièrement présent à plusieurs moments de la pièce. Il ne s’agit pas d’une pièce sombre du tout, mais plutôt d’une sorte de célébration et d’appel à la réflexion. La musique de Mykalle Bielinski jouée sur scène donne aussi beaucoup de chaleur et de profondeur à l’expérience théâtrale. Le jeu d’acteurs est presque sans faute. Laetitia Isambert-Denis, Joanie Martel, Pier Paquette, Isabelle Vincent et Krystel Descary livrent le texte avec un aisance remarquable. »
Gabrielle Deschamps, Passion Mtl
 
 
 
« La scène de l’Espace Go est recouverte de terre pour la présentation de Faire la mort, une pièce où l’on se penche avec humour sur ce moment où chacun de nous passera de vie à trépas. Une mère demande à sa fille si elle veut être prévenue quand son père va mourir. Ce sujet sensible nous entraîne dans un étrange rituel…
 
Avec aplomb et cynisme, Isabelle Vincent endosse le rôle d’une femme qui a élevé seule son enfant. Cette dernière est obsédée par ce papa dont elle entend parler depuis sa naissance et qu’elle n’a encore jamais rencontré. Peut-on faire le deuil d’un être qui est encore vivant?
 
L’autrice, Krystel Descary, a voulu exprimer son propre parcours dans ce spectacle qu’elle qualifie d’« autofiction documentée ». Elle met ainsi en lumière, notamment, les deuils non reconnus par la société et les situations de perte qui ne sont pas validées par notre entourage.
 
Krystel Descary est elle-même sur scène, dans le rôle d’une thanadoula, c’est-à-dire une femme qui accompagne les personnes en fin de vie. Ce personnage questionne directement les spectateurs, avec espièglerie.
 
Chose certaine, la thématique mortuaire est omniprésente dans la scénographie de Geneviève Lizotte, dominée par un grand rideau qui rappelle certains salons funéraires. Paradoxalement, cet univers demeure très vivant, grâce à la mise en scène de Marie-Ève Milot.
 
Avec son côté comique naturel, Joanie Martel apporte une dose salutaire d’humour dans cette histoire moins sombre qu’on pourrait le croire.
 
Dans l’ensemble, la pièce est enveloppée de douceur et de mystère, avec la musique live de Mykalle Bielinski et les éclairages d’Étienne Boucher.
 
Bref, malgré certains raccourcis et une dimension ésotérique plus ou moins assumée, ce spectacle ne vous laissera pas indifférent. Ce n’est pas tous les soirs qu’on prend le temps d’explorer des modes de pensée alternatifs pour aborder notre finalité ou celle de nos proches. Vous n’en sortirez pas indemne! »
Marc-Yvan Coulombe, Babillart
 
 
 
« RÉFLEXION SALUTAIRE SUR LE DEUIL ET LA FIN DE VIE
Sur la scène de l’Espace Go flotte comme un air d’au-delà.
 
Krystel, la protagoniste, est pourtant pleine de vie, d’amour et de questions. Obsédée par un père absent, qui a choisi de retourner vivre avec l’épouse dont il s’était brièvement séparé, elle cherche, non sans mal, à tisser des liens avec son géniteur.
 
C’est de lui que vient le déclic de Faire la mort. Quand sa mère lui demande, maladroitement, si elle souhaite être informée, le jour venu, du décès de son père, Krystel est envahie par l’émotion. La jeune femme doit faire le deuil d’un père qui est bien vivant.
 
La pièce nous entraîne dans l’histoire de ce deuil et nous rapproche à petits pas de la mort. Dans un premier temps, elle alterne entre deux univers. D’un côté on suit la vie de Krystel, la complicité avec sa meilleure amie, la relation tendre et compliquée avec sa mère, le vide laissé par son père. De l’autre, on boit les paroles d’une thanadoula, accompagnante de fin de vie.
 
Puis la ligne de temps devient élastique et les cartes se mêlent (et nous aussi) pour nous conduire à une image finale poignante, qui invite à réfléchir aux rituels funéraires et à la distance que notre société a prise vis-à-vis de ses morts.
 
Si ce dernier tableau, sublimé par la musique de Mykalle Bielinski, vient nous chercher au plus profond de nous-mêmes, Faire la mort n’est pas pour autant une pièce triste. L’autrice Krystel Descary a su distiller de l’humour tout au long de son œuvre, dont les comédiens et la metteuse en scène Marie-Ève Milot se sont emparés avec brio pour nous offrir des moments légers au milieu de thèmes lourds. Même le père, dans son incapacité à répondre à sa fille surexcitée de le voir, parvient à nous faire sourire.
 
Malgré des références aux années 1990 un peu trop appuyées, on embarque volontiers dans l’univers de ces personnages. Krystel, continue d’espérer obtenir des réponses aux questions qu’elle rêve de poser à son père.
 
Cette quête infructueuse ne se suffirait pas à elle-même. Mais la présence de la thanadoula, sage-femme de la mort incarnée par Krystel Descary elle-même, nous transporte dans la réalité des derniers moments de l’existence pour mieux les démystifier.
 
La dramaturge a été formée à cette pratique, qui lui a inspiré dans un premier temps l’idée d’un documentaire. Elle a finalement choisi « l’autofiction documentée », une forme théâtrale qui lui permet de s’appuyer sur son expérience tout en s’offrant une certaine liberté narrative. Le personnage de la thanadoula, dont les interventions ont un petit air de capsule, joue un rôle d’utilité publique en mettant des mots simples sur la mort.
 
La pièce aurait pu faire plus de place à ce personnage, dont la présence force la réflexion.
 
Faire la mort s’attaque courageusement et avec intelligence à un de nos plus grands tabous. Et à ce titre, le spectacle mérite d’être vu. »
Sandrine Rastello, sorstu.ca
 
 
 
« J’aimerais ça vous recommander une pièce de théâtre qui s’appelle Faire la mort. Ça m’a bouleversée. C’est vraiment très bon.Si vous n’êtes pas 100% à l’aise avec la mort… mais en même temps je me dis que ça peut peut-être démystifier des affaires. Mais c’est d’une beauté magnifique. J’étais vraiment captivée. À date, c’est le highlight de ma saison théâtrale, so far. Je vous le recommande vraiment. Mais amenez-vous des kleenex, par précaution.
Amélie Faubert, Les Ficelles (Pivot Québec)
 
 
 
« Il y a quelques très beaux tableaux dans cette autofiction de Krystel Descary, qui explore à la fois les thèmes de la mort et de l’abandon. Mais l’auteure de cette pièce-ovni, qui incarne sur scène une thanadoula, sorte de sage-femme de la mort, prend l’énorme risque – pas très heureux – de mélanger les genres.
 
Faire la mort s’ouvre de la plus étonnante manière, avec l’entrée en scène de l’auteure et comédienne Krystel Descary, qui nous parle de l’accompagnement en fin de vie et des étapes qui nous mènent à notre dernier souffle.
 
Puis l’auteure sort de scène et son alter ego, incarné par Laetitia Isambert-Denis (très juste), apparaît, accompagné de sa maman (excellente Isabelle Vincent). La pièce à proprement parler commence lorsque celle-ci demande à la jeune Krystel si le jour venu, elle souhaite être informée de la mort de son père, qu’elle n’a pas connu…
 
Faire la mort explore deux quêtes en parallèle : d’abord celle (prometteuse) des retrouvailles de Krystel avec ce père fuyant ; et puis son apprivoisement de la mort (au sens propre, comme au figuré), qui est censé être le sujet principal de cette pièce.
 
Au fil de cette histoire – à laquelle s’ajoute l’amitié profonde de Krystel avec son amie Marie (fabuleuse Joanie Martel), qui donne lieu à certaines des plus belles scènes de Faire la mort – la vraie Krystel Descary poursuit ses apartés pédagogiques sur la mort. Des interventions qui brisent le rythme de la pièce sans jamais faire avancer le récit.
 
Malgré tous ces facteurs déstabilisants, les acteurs défendent assez bien cette partition difficile, en particulier Isabelle Vincent (la mère) et Joanie Martel (l’amie de Krystel), toutes deux très solides. Mention spéciale également à Mykalle Bielinski, qui chante magnifiquement, notamment dans la scène finale, qui charrie de belles émotions.
 
Heureusement, ce récit ébouriffé – continuellement interrompu – est aussi habilement mis en scène par Marie-Ève Milot, qui a déversé plusieurs tonnes de terre noire sur la scène, question de bien camper l’action dans un lieu mouvant, parfois même macabre, qui tôt ou tard va nous accueillir, pour ne pas dire nous avaler.
 
L’idée d’y camoufler les accessoires de scène, retirés de la terre au fur et à mesure par les personnages, est aussi riche et astucieuse, tout comme les rideaux dorés qui éclairent en quelque sorte la scène. Chapeau ici à la scénographe Geneviève Lizotte, mais aussi au concepteur aux éclairages Étienne Boucher, qui crée de petits moments magiques dans cette proposition où, malheureusement, le spectateur est invité à décrocher. »
Jean Siag, La Presse