Faire la mort

« Je ne comprends pas mon amour pour toi. Pis je suis pas capable d’être assez en colère pour passer à un autre appel. Comment tu fais toi, pour faire comme si j’existais pas? Comme si j’étais déjà morte? »

– Krystel

Un jour, Michèle demande à sa fille si elle souhaite être informée de la mort de son père, absent de sa vie. Krystel réalise qu’elle est obsédée par cette éventualité depuis qu’elle est toute jeune. Cette question la propulse dans une profonde quête de sens qui outrepasse le lien filial et lui enseigne comment approcher la mort plutôt que de la fuir.

Autofiction documentée, FAIRE LA MORT est le fruit d’une question étonnante : « Comment faire le deuil d’une personne encore vivante? ». Au terme de plusieurs années d’exploration de l’accompagnement en fin de vie, de création de rituels, de thérapie assistée de psychédéliques, Krystel Descary distille ses savoirs et ses expériences atypiques dans une œuvre qui nous amène au-delà du tabou de la mort. L’autrice et comédienne propose des modes de pensée alternatifs pour aborder notre finalité ou celle de nos proches.

Se basant sur des moments charnières de sa vie où l’absence de plusieurs êtres chers s’est fait sentir, Krystel génère des conversations empreintes de tendresse et d’humour sur la traversée complexe qu’est le deuil. Pour y parvenir, elle introduit un personnage dont le discours bienveillant permet de se familiariser avec les différentes étapes de la fin de vie : la thanadoula. À travers celle-ci, nous découvrons un métier ancestral, celui de sage-femme de la mort.

La création de ce spectacle est confiée à Marie-Ève Milot, grande metteuse en scène et militante féministe que nous sommes heureux d’accueillir à ESPACE GO pour la première fois. FAIRE LA MORT est le projet qu’elle attendait sans le savoir, qui arrive dans sa vie comme un apaisement après la perte d’un être cher, son frère. En portant ce texte à la scène, elle souhaite interroger l’espace que l’on s’accorde pour deuiller. Socialement et intimement. Elle offre un espace où la mort peut être traitée comme la naissance, avec douceur et attention. Ce projet de création promet de grands bouleversements et nous convie ultimement à un rituel qui, porté par la musique de Mykalle Bielinski, nous permet d’apprivoiser la mort.

Issue du Conservatoire d’art dramatique de Québec, Krystel Descary participe à de nombreuses productions théâtrales au Québec, au Canada et aux États-Unis. Plusieurs de ses performances lui valent des nominations, dont celle de meilleure interprète de soutien pour son rôle de Cassidy dans LAURIER-STATION, 1000 RÉPLIQUES POUR DIRE JE T’AIME d’Isabelle Hubert, ainsi que de multiples critiques élogieuses pour son interprétation de Pinocchio dans la pièce du même titre, mise en scène par Hugo Bélanger (Théâtre Tout à Trac). À titre d’autrice, Krystel Descary cosignait avec Édith Patenaude la pièce LES ARBRES (Pour le moment, 2009) avant de cocréer l’expérience théâtrale NOMBRE avec Claudiane Ruelland et Alexandrine Warren (Théâtre ACK, Théâtre Catapulte, Théâtre de la Seizième, 2018 et 2023).

Depuis peu, Krystel est de retour au Québec depuis peu, après avoir bâti une carrière florissante en Ontario où elle s’est aussi illustrée comme chroniqueuse pour l’émission jeunesse Flip l’algorithme à TFO et comme metteuse en scène de la production LES INSPIRÉ·E·S : INFINIMENT ÉVEILLÉ·E·S pour le Théâtre français de Toronto, ce qui lui vaut une nomination aux Dora Awards. En 2022, elle est candidate comme co-scénariste aux Prix Gémeaux pour le documentaire Vote Pop (Moi et Dave). Enfin, elle reçoit le Prix Paulette-Gagnon 2022 (Ontario) de la Fondation pour l’avancement du théâtre francophone au Canada (ATFC), prix assorti d’une bourse qui lui permet d’effectuer ses recherches sur le deuil et de rédiger la première ébauche de sa pièce de théâtre documentaire FAIRE LA MORT.

Marie-Ève Milot est comédienne, metteuse en scène, autrice et éditrice de théâtre. À titre d’interprète, elle a participé à plus d’une vingtaine de productions théâtrales, dont LES BARBELÉS d’Annick Lefebvre, LES FILLES DU SAINT-LAURENT de Rébecca Déraspe (en collaboration avec Annick Lefebvre), sous la direction d’Alexia Bürger, et PÉTROLE de François Archambault, mise en scène par Édith Patenaude. Elle campe une dizaine de rôles dans diverses séries télévisées, notamment dans Les pays d’en haut et 5^e Rang. Codirectrice artistique du Théâtre de l’Affamée avec Marie-Claude St-Laurent, elle écrit avec celle-ci plusieurs pièces, dont CLANDESTINES et GUÉRILLA DE L’ORDINAIRE (finalistes au prix Michel-Tremblay en 2023 et en 2019), SAPPHO, CHIENNE(S) et DÉBRANCHÉE/​UNPLUGGED (finalistes au prix Louise-LaHaye en 2017). Elle a dirigé les quatre dernières créations de sa compagnie, de même que SISSI (La Licorne, 2019) et MAMA (Duceppe, 2022), deux pièces de Nathalie Doummar, de même que CHOKOLA de Phara Thibault (La Licorne, 2023) et DOCTEURE de Robert Icke (Duceppe, 2023). En avril 2025, elle mettra en scène la pièce HELGI, de l’islandais Tyrfingur Tyrfinsson, dans la première saison signée par la nouvelle direction artistique du Quat’Sous. Depuis 2019, elle occupe avec Marie-Claude Garneau et Marie-Claude St-Laurent la direction littéraire de La Nef, la collection de théâtre féministe des Éditions du remue-ménage. Membre du comité directeur du premier Chantier féministe d’ESPACE GO, Marie-Ève Milot a collaboré à l’étude menée par les chercheuses du Réseau québécois en études féminines (RéQEF) sur la place des femmes en théâtre et a participé à la création du prix Jovette-Marchessault qui souligne la contribution des femmes artistes en théâtre.