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Mot d’Édith Patenaude

Les carnets de tremblements

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Je ne savais pas à quoi je m’attaquais. J’ai lu tremblements et je n’ai rien compris de ce qui m’arrivait. Dès les premiers mots, j’ai été entraînée en spirales dans un vortex. Et voilà, il était trop tard.

 

 

J’étais face à un texte d’une masse inconnue : monolithe qui ne se déploie pas, mais avance, implacable, dans un déferlement de rage, de culpabilité, de tendresse, de courage. Devant lui, il était impossible de se cacher, de séduire, de faire joli. Rien ne tenait la route qui ne soit entièrement franc.

 

 

Je me suis perdue, à chaque étape de création, dans les pièges de ce que j’ai toujours cru méritoire : la nuance, l’évolution, la maîtrise. Le spectacle exigeait que je le laisse être torrent, ravageant tout sur son passage avec une force obstinée. C’est ce que je préfère de mon métier : rencontrer un spectacle comme un être vivant, comme un égal qui m’est étranger; puis me faire amie. Ce n’est pas moi qui le crée, mais lui qui me dicte sa nature, sa forme. Cette fois-ci, le travail a été celui complexe qui mène au dépouillement, au retrait, à la soustraction. N’est resté que ce qui avançait : les mots, les pas et, avec eux, la pensée.

 

 

Comment aider?

Comment aider bien?

Est-ce possible?

Est-il toujours trop tard?

 

 

Christopher Morris signe un objet brut et honnête, en ébullition constante. Affrontant la bête, Debbie Lynch-White s’engage avec témérité et souffle, soir après soir, dans une performance vertigineuse. Je salue chez elle, chez toute l’équipe de conception et chez celle de GO, l’humilité, l’amour effronté du risque et la bonté.

 

 

Je pense à celles et ceux qui souffrent.
Mon cœur va vers elles et eux.

 

 

Édith Patenaude
Metteure en scène de la pièce tremblements

 

 

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