Nidaniamkowag
ni moshomik mamowi ni kokomishimik
Miqwetc nidanak eki pakidanajiwodj kidji weshibadiman amik mashkikiwin Kiguejiigewin
Atsokan iye
Apidendagozi aa Micha amik kagi ijitigetch
I introduce myself and acknowledge my ancestors
The beaver has a special role in the Creation story
The story of Creation is a story that can heal
I give thanks to my dreams for their medicine.
Je me présente et salue mes ancêtres
Le castor joue un rôle particulier dans l’histoire de la Création
L’histoire de la Création est un récit qui a le pouvoir de guérir
Je remercie mes rêves pour leur médecine.
Trois fois, j’ai rêvé d’Amik, le castor géant. Chaque fois, exactement le même rêve : il sort de l’eau, il se dirige vers moi, se lève et me donne une petite bourse en cuir, en disant : « Ceci est ma médecine, elle est à toi maintenant. Fais-en bon usage, elle est à toi maintenant. »
Avec ma pièce OKINUM, j’essaie de déchiffrer les mots qu’Amik m’a adressés. Ce rêve m’a toujours semblé être important et le fait qu’il soit récurrent m’incite à y prêter attention. Grâce à lui aussi, j’ai appris l’existence ancienne des castors géants.
Dans mon rêve, Amik a la taille d’un ours.
OKINUM est la première pièce que j’ai écrite. Au départ, je voulais qu’elle soit en trois langues (français, anglais, anishnaabemowin), parce que ce sont les trois langues qui forgent mon identité. Pour la précédente incarnation de l’œuvre (au Théâtre Centaur), l’anglais était plus important, mais nous avions ajouté plus d’anishnaabemowin, et je m’en étais réjouie. J’avais pu constater mes progrès dans ma compréhension de cette langue et dans ma façon de la parler. J’espère que le public ressentira toute la musicalité de la langue et le rapport très étroit des langues autochtones à la terre. OKINUM a été écrite il y a quelques années et contient de nombreux éléments autobiographiques, mais, cette fois-ci, j’entre dans l’œuvre avec un peu plus de distance. Et je fais de nouvelles découvertes.
L’ANISHINAABEMOWIN est une langue autochtone qui se parle du Manitoba jusqu’au Québec, et plus particulièrement autour des Grands Lacs. Les anciens disent que le terme anishinaabemowin rend compte de l’histoire de la création du peuple algonquin : « Anishinaabe » signifie « l’esprit qui vient d’en haut », « mo » fait référence à l’expression par la parole et « -win » renvoie à l’énergie vitale à l’intérieur de nous. Les linguistes expliquent également que « -win » est un nominalisateur qui transforme le verbe anishinaabemo (« il/elle parle la langue anishinaabe ») en un nom.
Anishinaabeg est la forme plurielle d’Anishinaabe et, par conséquent, renvoie à plusieurs Anishinaabeg.
L’anishinaabemowin fait partie de la FAMILLE DES LANGUES ALGONQUIENNES CENTRALES qui est un groupe de langues autochtones apparentées (telles que l’outaouais, le potawatomi, le cri, le menominee, le sauk, le fox et le shawnee), dont les sons, les mots et certaines caractéristiques sont similaires. La langue algonquienne centrale fait partie de la grande famille des langues algonquiennes, qui s’étend des Rocheuses (territoire de la Confédération des Pieds-Noirs) à la côte est (où le mi’kmaq est parlé).
Au début, l’anishinaabemowin était transmise oralement. Les détenteurs du savoir traditionnel nous disent que la langue a été créée à l’origine par l’esprit Nanaboozhoo (parfois orthographié Nanabozo, également appelé Wenaboozhoo et Nanabush) après que Gizhe Manidoo (Grand Manitou) lui a donné la vie, l’a descendu sur Terre et l’a chargé de nommer toute chose qui existe. Grâce à Nanaboozhoo, l’anishinaabemowin est née et a pris vie par la parole.
– Émilie Monnet
V : « Nowé anowé » : je veux parler.
V : Prends la parole : nowé anowé.
V : Ne dis pas : « Est-ce que je vais arriver à parler? »
V : Nowé anowé : je veux prendre la parole.
-Extrait d’OKINUM
L’espace et le temps dans lesquels se produisent à la fois la narration formelle et la narration informelle sont importants en raison des liens communautaires qui se nouent (Paper, Traditions 135). La narration contient des éléments spirituels, car elle relie à la fois le conteur et l’auditeur au présent, au passé et au monde des esprits, tout en assurant la continuité avec les générations futures. Elle crée un moment de partage de connaissances, de mots d’humour, de larmes, de chants et de danses, « qui engage activement le conteur et l’auditeur dans un dialogue empreint d’histoire et de sagesse ». (Manossa 132).
La narration sert d’assise à la plus ancienne compagnie de théâtre pour femmes en Amérique du Nord, SPIDERWOMAN THEATRE, compagnie autochtone basée à New York. Elle […] commence à la table de la cuisine, sur les genoux des parents, sur les genoux des tantes et des oncles. Elle s’amorce avec l’individu que vous êtes et se poursuit avec la place que vous occupez dans la famille, qui vous êtes en tant que membre de la tribu, en tant que partie d’une nation en particulier, puis avec la situation de cette nation dans la communauté et celle de cette communauté dans le monde. (Muriel Miguel, in Haugo 228)
Ces femmes du Spiderwoman Theatre appellent leur technique de travail STORYWEAVING (TISSAGE D’HISTOIRES). Elles lient et tissent des histoires et des fragments d’histoires avec des mots, des chansons, de la musique, des films, de la danse et du mouvement pour créer une tapisserie émotionnelle, culturelle et politique complexe de motifs entrelacés.
La compagnie tire son nom de la déesse Hopi la Femme araignée qui a appris aux gens à tisser en leur disant : « Il doit y avoir un défaut dans chaque tapisserie pour que mon esprit puisse aller et venir à volonté. »
(Documentation dramaturgique réalisée par Katey Wattam, réalisatrice, créatrice et chercheuse d’ascendance anglaise, irlandaise, franco-ontarienne et anishnaabe, pour la première production en langue anglaise d’Imago Théâtre, présentée par le Centaur Theatre dans le cadre de Brave New Looks, 2021)
imagotheatre.ca
kateywattam.com