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Le Traitement de la nuit : extraits de critiques

Le Traitement de la nuit

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« Le traitement de la nuit d’Evelyne de la Chenelière trace un chemin sinueux entre rêve et réalité. À la mise en scène et à la scénographie, le duo formé par Denis Marleau et Stéphanie Jasmin y ajoute des couches d’interprétation qui font du spectacle un objet d’une grande théâtralité, maquillant habilement sous le rire plusieurs drames de notre époque.
 
Si des thèmes chers à Evelyne de la Chenelière comme la famille et les relations homme-femme reviennent dans Le traitement de la nuit, il nous est apparu que la dramaturge expérimente ici avec un style davantage porté vers la comédie noire.
 
C’est du théâtre et du fort bon d’ailleurs.
 
La troupe dirigée magnifiquement par Denis Marleau; la scénographie froide à souhait de Stéphanie Jasmin. Tout nous place devant un cercle humain aussi infernal qu’insipide.
 
Parmi l’assistance, on se partage rires et étonnement entre innocence et cynisme. Sans aucun souci de réalisme, Le traitement de la nuit nous fait voir tout ce qui ne va pas, ne va plus, dans notre confort et notre indifférence d’après crise pandémique, dans nos angles vraiment morts et nos faillites intimes. »
Mario Cloutier, En toutes lettres
 
 
 
« Dans cette courte œuvre d’une heure et des poussières, la dramaturge s’amuse à brouiller les pistes entre le rêve et la réalité, entre la clarté et la noirceur. Surtout, elle fractionne son texte en plusieurs facettes qui deviennent autant de versions de son récit, laissant le public décider où se situe la vérité.
 
Tout au long d’une nuit qui va s’amorcer dans la plus grande des banalités — un souper partagé —, ces quatre protagonistes vont échafauder des plans de meurtre, s’inquiéter de la disparition de l’un, feindre l’indifférence devant la fugue de l’autre, s’aimer, se déchirer. Pour plaire à des invités qu’on ne voit jamais, les parents seront en perpétuelle représentation, tentant de sauver la mise face à leur fille toujours prête à dégoupiller une quelconque grenade.
 
Anne-Marie Cadieux est irrésistible dans le rôle de la mère névrosée qui veut feindre l’indifférence devant les fugues répétées de sa fille (très solide Marie-Pier Labrecque).
 
Dans ce texte épars qui peut déstabiliser au premier abord, la langue est d’une précision qui force l’admiration. La dramaturge use avec brio d’un humour grinçant teinté d’une absurdité parfaitement dosée (et qui n’est pas sans rappeler un certain Ionesco).
 
À la mise en scène, Denis Marleau a choisi de donner au texte toute la place qui lui revient en réduisant les effets scéniques au strict minimum. Une table, six chaises. Des déplacements chorégraphiés avec soin. Le tout est magnifié par les projections en arrière-scène de sa complice Stéphanie Jasmin, lesquelles se veulent tantôt apaisantes, tantôt terriblement anxiogènes. La musique est aussi omniprésente, les notes venant s’ajouter à la musicalité des mots.
 
Ce texte en constante modulation, porté avec aplomb par des interprètes fort bien dirigés, est sans conteste déroutant par moments, mais il nous garde malgré tout collés à nos bancs. Sa forme éclatée, son humour, la beauté de ses mots : la pièce d’Evelyne de la Chenelière reste sans conteste un objet théâtral fascinant. »
Stéphanie Morin, La Presse
 
 
 
« Oratorio à quatre voix dirigé par Denis Marleau, Le traitement de la nuit est un règlement de comptes familial, une tragédie du langage où règne une inquiétante étrangeté.
 
Dans ce théâtre grinçant où la parole règne, où le récit, circulaire à souhait, triomphe, où la nuit, loin de porter conseil, est une source d’angoisse permanente, la vérité est sans cesse fuyante. Et si la vérité résidait justement dans une juxtaposition d’inventions, un carrefour de possibilités? Dans ce kaléidoscope, savant assemblage de formules répétées, de motifs récurrents et d’actions reproduites, il est d’abord et avant tout question de luttes, des conflits souvent violents qui impliquent les riches et les pauvres, les privilégiés et les vulnérables, les propriétaires terriens et les ouvriers, les Blancs et les Noirs, mais aussi les parents et les enfants, les jeunes et les vieux…
 
En ce qui concerne le rythme et la mise en bouche, les quatre comédiens sont à la hauteur, cela ne fait pas de doute, mais parfois, surtout dans les scènes de repas, le comique semble un brin forcé. Cela dit, de manière générale, en ayant recours à de subtiles modulations dans la voix et les gestes, Denis Marleau donne un spectacle soigneusement réglé, soixante mystérieuses minutes que les conceptions de Stéphanie Jasmin (scénographie et vidéo), de Marc Parent (éclairages) et de Philippe Brault (musique) transforment en expérience sensorielle. Entre les ombres et les lumières, les paysages projetés et les corps qui s’y incrustent, les mots et les notes qui les soutiennent, un riche dialogue s’établit. »
Christian Saint-Pierre, Le Devoir
 
 
 
« Sur le plateau d’Espace GO où une longue table est dressée, un couple nous reçoit pour un repas insolite. Attablés face au public, les personnages se dévoilent au fil de courts dialogues incisifs, de répliques surprenantes, de témoignages à la fois angoissants et poétiques.
 
Car c’est la vie nocturne qui se veut révélatrice. Sur la route qui mène à la mer, tous les cauchemars sont possibles pour Bernard qui n’aime pas dormir. Jérémie et Léna forment-ils un tandem criminel? Viviane assiste-t-elle à l’embrasement de la propriété? Sont-ce de mauvais rêves, des désirs refoulés ou d’imminentes réalités?
 
Tout est implicite dans le foisonnant texte onirique d’Evelyne de la Chenelière. Et la riche partition est mise en scène avec maestria par Denis Marleau, alors que chaque mot, chaque phrase prennent des sens insoupçonnés. L’œuvre est portée par un quatuor investi, mordant visiblement avec plaisir dans cette parole singulière. Anne-Marie Cadieux incarne une Viviane désorientée, à la limite de l’hystérie. Henri Chassé, jouant un Bernard aux apparences très pragmatiques, dévoile un être assoiffé d’absolu. Marie-Pier Labrecque nous offre une Léna ravageuse, obsédée par des idées de révolte incontrôlables. Enfin, Lyndz Dantiste, dans la peau de Jérémie, symbolise l’Autre, l’insondable, tout en retenue. Celui qui a connu la souffrance, qui sait diablement faire du beau, mais qui peut aussi commettre l’irréparable.
 
La scénographie de Stéphanie Jasmin réussit merveilleusement à nous faire passer de la réalité au rêve grâce entre autres à des séquences vidéo, à la fois somptueuses de beauté et effroyables de mystère. Les lumières de Marc Parent et la musique de Philippe Brault enveloppent admirablement bien le tout.
 
En nous invitant à sa table, Le Traitement de la nuit nous secoue insidieusement en remuant nos certitudes du jour et en nous imprégnant des révélations nocturnes. »
Dominique Denis, Revue de théâtre JEU
 
 
 
« Le traitement de la nuit est une comédie noire aussi soignée que singulière.
 
Issue de l’imagination fertile d’Evelyne de la Chenelière, cette création joue avec le concret et l’absurde, le rêve et la réalité, le jour et la nuit. Cette amoureuse des mots présente un texte peaufiné, qui mélange des formules directes comme « à quoi ça sert de rêver si c’est comme dans la vie ? » avec des phrases empreintes de lyrisme.
 
La solide distribution est menée de main de maître par Denis Marleau. Sa mise en scène est chirurgicale. Tous les gestes, les intonations et le rythme semblent soigneusement dosés dans cette proposition qui ne dure qu’une heure. Anne-Marie Cadieux est brillante dans le rôle de cette mère dépressive, mais énergique.
 
La scénographie et la vidéo de Stéphanie Jasmin forcent aussi le respect. Le décor stylisé est tout simplement parfait. C’est du travail extrêmement réussi.
 
Axée sur la parole plutôt que l’action, cette pièce contenant son lot d’étrangetés et un humour corrosif n’est certainement pas pour tous, mais elle saura plaire à ceux qui aiment bien sortir des sentiers battus. »
Emmanuel Martinez, Journal de Montréal
 
 
 
« Dans Le traitement de la nuit d’abord, l’écriture poétique d’Evelyne de la Chenelière construit une histoire aux mille visages, qui nous laisse entièrement libres de décider de ce que nous en retirons. Les mystères foisonnent derrière chaque mot, et l’adroite mise en scène de Denis Marleau prend le temps de les dévoiler avec finesse et attention.
 
Nous sommes accueillis à cet étrange repas par la Sonate au Clair de lune de Beethoven. Ce choix d’encadrement n’est pas anodin : ce morceau est, à l’image du spectacle auquel nous assistons, toute en variations sur un même thème. Le quatuor est prisonnier d’un cycle à la Groundhog Day (Le Jour de la marmotte), qui le ramène sans cesse à ce même souper de bœuf bourguignon devant le même coucher de soleil, qu’il nous invite à chaque fois à admirer avec un enthousiasme qui ne s’assombrit jamais.
 
À mesure que l’obscurité s’installe, leur discours se module différemment et chacun libère sa parole.
 
Anne-Marie Cadieux exploite toute la grandeur de son talent dans les interminables monologues de Viviane au cours desquels elle enchaîne les émotions, passant du rire aux cris d’angoisse, son sourire figé dégageant quelque chose d’à la fois comique et terrifiant. Sa névrose hystérique suit un mouvement opposé à celui de la lumière et, lorsque la nuit tombe, elle s’écroule brutalement devant son assiette, épuisée.
 
Et tandis que Viviane s’effondre, nous, les spectateurs, rions. Nous nous esclaffons dans une hilarité impulsive devant le drame; notre rire se dégage pour nous en sauver.
 
Il faut évacuer l’inconfort, esquiver la confrontation.
 
La scénographie de Stéphanie Jasmin nous transporte sur les lieux de l’histoire grâce à des séquences vidéo qui donnent l’impression de suivre Bernard sur la route, de voir à travers ses yeux ce qu’il prend pour une voiture accidentée…
 
Nous sommes confrontés à nous-mêmes, à ce besoin de vérité et de lumière au cœur de notre nature humaine. Evelyne de la Chenelière nous invite à lâcher prise, à laisser tomber ces cadres qui nous emprisonnent et, à la manière de ses personnages, à nous abandonner à la nuit afin qu’elle nous révèle ce que nous avons le plus besoin de connaître. »
Nathalie Slupik, La bible urbaine
 
 
 
« Une œuvre à ne manquer sous aucun prétexte!
 
Applaudissements! Stand-up ovations! À la fin de la pièce!
 
C’est drôle et c’est si bien écrit! J’étais hilare devant ces personnages qui prétendent que tout va bien alors que tout va mal, qui n’ont rien à se dire et qui répètent inlassablement les mêmes mots pour combler le vide terrifiant de leur vie; qui cherchent désespérément un moyen de donner du sens à leurs actions…
 
Le traitement de chaque nuit ponctue un nouveau diner qui est l’occasion d’explorer de nouvelles facettes des personnages et des potentielles courbes narratives du récit. Chaque diner se répète inlassablement, marquant ainsi la monotonie de leur vie mais explorant également la possibilité des dénouements potentiels… »
Jérôme Bouclet, atuvu.ca
 
 
 
« LE TRAITEMENT DE LA NUIT, FORT MYSTÉRIEUX, MAIS SURTOUT BIEN CAPTIVANT!
De ce couple fort bien nanti – Anne-Marie Cadieux (toute aussi sublime qu’intense), Henri Chassé (juste)-, nous apprenons les circonstances de la naissance de leur fille, de leur attitude face aux fugues de cette dernière, de la présence de ce jeune homme, mais aussi et surtout, comment la nuit venue, ce qu’ils deviennent. Et c’est là que le propos donne lieu à des grands espaces pour notre imagination. Tout au long les mots et les gestes passent alternativement du côté concret au côté onirique, nous gardant tout attentif et nous déjouant aussi.
 
En une courte heure, nous sommes entraînés dans le parcours intime de cette famille cossue de banlieue, mais la notion de temps nous échappe totalement tout au long de cette nuit qui se décline de façon fort variable et intrigante. »
Sur les pas du spectateur
 
 
 
L’autrice nous amène vers des avenues où les mots se répètent. Les personnages sont aspirés par cette répétition, rejouant la même scène encore et toujours, courant eux-mêmes vers leur perte imminente.
 
Le public n’est jamais certain si ce qu’il voit et surtout ce qu’il entend est la réalité ou s’il n’est pas plutôt pris au cœur du rêve. La mise en scène est éclatée.
 
Superbe utilisation des projections, apportant beaucoup de profondeur à la scène. Notamment pendant les scènes de nuit où la petite route de campagne étroite ressemble à un étau qui se referme sur les personnages.
Tania Lamoureux, bpartsmedia.ca
 
 
 
LES CHOIX DE MÉTRO
La nouvelle création de la comédienne et dramaturge Evelyne de la Chenelière tourne en dérision l’image parfaite d’une famille riche. Les interprètes livrent un texte d’une précision chirurgicale, rythmée par des répétitions qui nous propulsent au croisement entre la comédie et l’hystérie. À la tombée de la nuit, on passe à table, admirant la magnifique propriété où l’on est convié. Mais le temps est distordu, un étrange accident de voiture survenant dans cette soirée où les choses ne sont pas ce qu’elles paraissent.
Journal Métro
 
 
 
« Je regardais ça et je me disais que j’avais l’impression de voir la version trash de Papa a raison. Vous savez où tout est beau. Bonjour chéri, comment vas-tu? Je vais bien, je t’ai préparé un bœuf bouguignon. La famille parfaite, mais tout est faux, tout est froid, tout est en représentation. Même les personnages entre eux ne se regardent presque pas.
 
La pièce a été moulée comme une pièce musicale, avec des modulations, le récit qui change, ce qui est assez déroutant. Est-ce qu’on est dans un rêve? Est-ce que c’est la réalité? Est-ce que c’est le fantasme? Qu’est-ce qui est vraiment arrivé? »
 
Tout repose sur le texte, la prestation des comédiens. Anne-Marie Cadieux et Henri Chassé en couple déphasé sont irréprochables. La scénographie et la vidéo aussi. Ça c’est magnifique. Mais ça ne vient pas sauver la pièce, malheureusement. »
Catherine Brisson, Puisqu’il faut se lever, 98,5FM