Il faut tomber
Tout l'automne
2016
Une personne d’environ ton âge,
lors d’une promenade à cheval, aurait chuté.
Sa tête aurait cogné sur une grosse pierre.
Cette personne aurait perdu connaissance,
elle aurait dormi très longtemps,
puis un jour elle se réveillerait
et elle ne se souviendrait de rien.
Evelyne de la Chenelière
(extrait du Chantier d’écriture)
Il aura fallu que Marty tombe de cheval pour devenir un personnage. Par ces mots, Evelyne de la Chenelière lui offrit un corps et du même coup, une mémoire. Je suis restée éblouie par cet événement : un être de fiction émergeant des mots. La chute de Marty questionne la manière dont se constitue la fiction et sa relation au réel. De là, j’ai voulu m’entretenir avec des cavaliers, qu’ils me parlent de leurs propres chutes. J’ai voulu comprendre ce qu’il y avait de véritable dans l’expérience de Marty.
Pour être bon cavalier, il faut tomber cent fois, disent-ils. Une chute à cheval est un instant fugace, quelques fractions de seconde. Un faux mouvement, un lièvre, le vent peuvent provoquer le pire. Les cavaliers tombent tous. Ils se font parfois très mal, des commotions cérébrales, des os brisés, des muscles déchirés. Malgré tout, ils remontent toujours.
Au creux de l’oreille de Sophie Cadieux, les enfants déposent une histoire de chute. Ces mots, entendus pour la première fois, traversent la comédienne pour se rendre à nous. Par cet exercice de mémoire, Sophie nous livre une bribe, un détail, une sensation. Ces quelques mots convient alors notre propre mémoire, les chutes réelles ou fictives qui sont en nous.
Puisqu’il faut tomber, sans quoi rien n’est possible.
– Olivia Boudreau
Cinéaste