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Tu iras la chercher : extraits de critiques

Tu iras la chercher

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« Le monologue de Guillaume Corbeil est défendu avec panache et précision par la comédienne Marie-France Lambert.
 
Cette pièce de Guillaume Corbeil est peut-être portée par une seule comédienne, elle n’en est pas moins polyphonique, pas moins vertigineuse, pas moins remarquable que celle qui a fait connaître le jeune auteur de CINQ VISAGES POUR CAMILLE BRUNELLE. En ce sens, on ne peut pas dire que Sophie Cadieux s’est ménagée en choisissant Tu iras la chercher pour sa première mise en scène.
 
Défendu avec panache et précision par Marie-France Lambert, le monologue est sans contredit de ceux qui laissent dans leur sillage les spectateurs soucieux de tout comprendre, ceux qui s’attachent au récit, aux péripéties, aux rebondissements et aux revirements de situation. La partition de Corbeil fait mieux encore que de s’affranchir des conventions, elle détourne les attentes, enraye les mécanismes, oblitère les émotions factices. Usant de répétitions, de dédoublements, de mises en abyme, de reflets et de télescopages pour traduire les tourments identitaires d’une femme, le texte laisse pantois d’admiration.
 
Sur scène, il y a l’héroïne, en quête d’elle-même, en dialogue avec l’autre, qui est peut-être nous, le spectateur, celui qui l’écoute, mais qui n’est peut-être aussi que son double à elle, cette femme qu’elle voudrait être, qu’on voudrait bien qu’elle soit, qu’elle ne parviendra probablement jamais à être. Vous voyez un peu dans quel genre d’univers on se trouve? Un monde où les réalités sont pour le moins fuyantes. Sur ce territoire, cela ne fait pas de doute, je est un autre.
 
On serait tenté de dire que les références de Guillaume Corbeil sont littéraires, comme on l’a dit autrefois de Normand Chaurette ou de Larry Tremblay. Ce serait sûrement une façon d’exprimer que la forme prédomine, mais surtout qu’elle fascine, subjugue. En écoutant cette femme nous raconter plusieurs fois les mêmes événements, ne changeant qu’un détail, un mot ou une intonation, on peut difficilement, et pour les meilleures raisons, s’empêcher de penser au Nouveau Roman, et plus précisément à La modification, cette prodigieuse traversée des sentiments signée Michel Butor.
 
Sur le labyrinthe, Sophie Cadieux a jeté ce qu’il fallait de lumière, juste assez pour en préserver le mystère. Dans le corps et la voix de la comédienne, des aspérités apparaissent graduellement. Dans la scénographie, subtile évocation des portes et des passerelles qu’on traverse, des avions et des taxis qu’on emprunte, les éclairages et la bande sonore opèrent de cruciales interférences. Aux créateurs de ce voyage au bout de soi-même, objet de beauté en même temps que portrait de société, on ne peut que lever notre chapeau. »
Christian Saint-Pierre, Le Devoir
 
 
  
« Quel beau cadeau que nous offre Sophie Cadieux pour clore sa résidence de trois ans à Espace GO! La comédienne signe une première mise en scène, fort réussie, d’un texte court mais percutant. La création de Tu iras la chercher de Guillaume Corbeil, auteur de CINQ VISAGES POUR CAMILLE BRUNELLE, confirme une chose dont on se doutait déjà: la parole des trentenaires au théâtre québécois est essentielle et prometteuse.
 
Dans sa pièce précédente (qui sera reprise à Espace GO dès le 26 mars), Corbeil faisait le portrait de la génération Y à travers cinq personnages qui parlaient tous au «je». Cette fois, l’auteur a écrit un monologue pour une voix, dit à la deuxième personne par la merveilleuse Marie-France Lambert, dans la petite salle d’Espace GO.

La pièce raconte l’histoire d’une femme qui part sur un coup de tête à Prague, à la recherche d’une autre femme. Or, celle-ci s’avère n’être pas tout à fait autre. Dans sa fuite qui ressemble à un rêve éveillé, la narratrice se cherche désespérément. Elle est spectatrice de sa propre vie, se regardant vivre à travers les gestes mécaniques des autres, coincée à l’extérieur du monde, derrière une épaisse vitre. Comme si la vie était toujours ailleurs, fuyante et répétitive.
 
Dans la première partie, coincée dans son manteau beige, Marie-France Lambert livre son monologue avec froideur, voire avec détachement. Dans le deuxième acte, qui est la reprise du premier, l’histoire est dite sur un tout autre registre. L’actrice enlève son manteau, comme si elle retirait une carapace. Son jeu devient très physique et expressif. On la sent parfois près de casser sous l’émotion, mais l’interprète, fort bien dirigée, demeure en contrôle. Et alors, la pièce de Corbeil prend son envol!
 
Tu iras la chercher est une petite forme qui a de grandes résonances. L’auteur qualifie d’ailleurs son œuvre de kaléidoscopique, tant sa parole se réfléchit à l’infini, nous emportant dans le vertige de cette femme seule. Tellement que nous voudrions la prendre dans nos bras pour lui prouver qu’elle n’est pas seule!
 
La pièce aborde, bien sûr, le thème inépuisable de l’identité, de la quête de soi. Mais avec distance, humour, luminosité. Un peu comme dans le théâtre de Samuel Beckett (sauf pour la lumière!), Corbeil crée des personnages solitaires qui contemplent le paysage désolant de la vie, pour mieux en extraire l’absurdité. Des personnages avec une telle soif d’absolu… que ça fait mal! »
Luc Boulanger, La Presse
   
 
 
« C’est dans une atmosphère épurée que nous assistons, sans doute à l’une des quêtes auxquelles nous ne pouvons échapper, l’une de celle qui sera la plus importante : la quête de soi-même. À votre arrivée, Marie-France Lambert vous y attendra, prête à plonger dans ce riche monologue, prête à laisser la parole à Elle.
 
Il n’y aura pas d’envolée lyrique ou de grand moment d’intensité. Simplement Elle, cette femme frêle, l’actrice sobrement vêtue de beige, sans maquillage apparent, semble à la fois si forte et vulnérable. Rare de voir une comédienne se présenter sur les planches sans artifice presque au naturel. Ce côté dénudé rend le texte très humain, en quelque sorte il rapproche le public de la comédienne. Et surtout, le silence présent tout au long de la première partie et la mise en scène fluide permettent aux mots de Marie-France Lambert de prendre toute la place et de s’élancer vers la seconde partie du texte que l’utilisation de bruits ambiants et de lumière (à la façon d’un film) rendent plus dynamique et rythmé.
 
Il faut l’avouer la comédienne effectue un travail impressionnant et donne une performance sans faille. Marie-France Lambert est captivante et attachante sur scène, nous suivons avec plaisir le chemin qu’Elle parcourt, la regardant trébucher, pleurer et surtout avancer, il est difficile de détacher son regard de la scène et de ne pas se sentir interpeler.
 
Qu’y a-t-il au bout de cette quête? Qu’arrive-t-il une fois la réponse trouvée? Tu iras la chercher ne vous laissera pas sur votre faim, la pièce vous mènera au bout de cette réflexion, quoiqu’on peut toujours se demander s’il y a réellement une fin à cette recherche. Chose certaine, Sophie Cadieux offre au public un charmant cadeau pour clore sa résidence de trois ans au théâtre Espace Go. »
Mariane Renaud, sorstu.ca
 
 
 

« Seule en scène, Marie-France Lambert excelle dans le personnage d’une femme à la recherche d’elle-même. Par sa parole et ses histoires, elle transporte le spectateur dans un café, un aéroport ou encore une rue de Prague bondée. Le texte de Guillaume Corbeil est écrit à la deuxième personne du pluriel. […] Le spectateur est donc inclus dans la représentation: il peut avoir l’impression que la comédienne l’interpelle directement. Il s’agit d’un procédé assez rare en littérature que d’écrire un texte au « tu ». Cela aurait pu donner une esthétique un peu trop académique, rappelant les exercices de style des cours de création littéraire. Toutefois, Guillaume Corbeil est arrivé à naturaliser le procédé pour le mettre au service de l’histoire.
 
La pièce se passe en deux temps. D’abord, tout le récit est raconté une première fois, d’un ton très détaché, de manière à décrire et décortiquer une série d’actions. Ensuite, tout le texte est répété une nouvelle fois, mais la comédienne incarne et joue ce qui est raconté. Le public redécouvre alors certains passages et se demande parfois même si certains éléments avaient été mentionnés dans la première version. Toutes les subtilités du texte de Corbeil sont donc mises en relief par Sophie Cadieux qui l’a étudié sous tous ses angles.
 
Le choix de répéter le texte deux fois est très efficace. Cela permet de voir la grandeur du talent de Marie-France Lambert qui arrive à soutenir une pièce assez statique durant une heure et demie par la seule force des mots et par la subtilité de son jeu qui se renouvelle sans cesse.
 
Encore une fois, Sophie Cadieux a montré toute la polyvalence dont elle est capable et a prouvé encore une fois qu’elle est une des artistes les plus prometteuses de sa génération. Elle est maintenant une figure majeure du théâtre de création contemporain. »
Sara Thibault, pieuvre.ca
   
 
 
« Adoptant une narration au tu, l’auteur favorise une distanciation, une démultiplication du motif identitaire. Cela pourrait créer une barrière entre comédienne et public, mais étrangement, cela permet plutôt à ce dernier de se glisser dans les interstices du texte, de croire qu’il lui est uniquement destiné, que d’une certaine façon il jaillit de lui, que Marie-France Lambert, admirable de contrôle, donnant l’impression au fur et à mesure de se liquéfier devant nous, comme si elle perdait tout contour défini, devenait notre propre voix.
 
Quand, à la sixième scène, Marie-France Lambert reprend le texte du début, on se dit que le geste est brillant, surtout que la redite est ponctuée d’hésitations, de nouvelles gestuelles, d’interférences sonores, autant de scories qui donnent l’illusion de contempler le reflet du reflet ou de chercher à décrypter un dessin d’Escher.
 
Une fois que l’on réalise que le propos est ailleurs, que toute l’aria sera répétée, avec quelques légers ornements tout au plus (qui permettent néanmoins à Marie-France Lambert de briller, bien encadrée par Sophie Cadieux, qui signe ici sa première mise en scène) on a un peu l’impression d’être témoin d’une séance de postsynchro (« Comme si ses mots étaient les tiens / Ou que c’était toi qui parlais »), qui évoque indirectement celle de Christian Lapointe dans L’homme atlantique. »
Lucie Renaud, revuejeu.org
   
 
 
« Sobre et très beau Tu iras la chercher. Difficile pour le spectateur, malgré la froideur apparente du texte de demeurer totalement détaché de ce qu’il entend. Interpellé par ce grand tu, il n’a d’autre choix que de se sentir inclus ou de répondre mentalement aux questionnements de la femme.
 
Avec ce court monologue, qui ne dure en fait qu’une trentaine de minutes, Guillaume Corbeil démontre une nouvelle fois son habileté à manier le texte comme une partition, parsemant son récit de citations percutantes qu’on voudrait graver dans sa mémoire, et se jouant des mots tout autant que du ton. Il nous présente avec précision cette femme égarée loin d’elle-même sans jamais la décrire ou nous dévoiler la moindre information sur elle. Une seule écoute ne suffit pas pour entendre toutes les subtilités du texte. Heureusement, une fois parvenue à la conclusion que « tôt ou tard, tu le sais, tu repartiras la chercher », la femme incarnée par Marie-France Lambert reprend son monologue de zéro. Mais sa voix perd peu à peu de sa neutralité, se fait plus hésitante, plus nuancée, son contrôle lui échappe par moments, si bien que le public redécouvre le texte sous un nouvel éclairage, littéralement. Le corps de la femme, moins rigide, marque aussi l’hésitation, bouge plus naturellement. À quelques mots près, il s’agit pourtant du même texte, de la même série d’événements perturbants pour cette femme en perte d’identité.
 
La scénographie géométrique et épurée de Max-Otto Fauteux se prête parfaitement à l’univers de la femme en représentant des lieux aseptisés ou anonymes comme les aéroports, lieux de transit par excellence indifférenciés et indifférenciables. Entièrement blanc, éblouissant pendant la première partie du spectacle, il se pare de couleurs entières, sans compromis en deuxième partie, tandis que la froideur de la femme se fissure et laisse voir la fragilité qui la sous-tend.
 
Pour cette production, qui clôt sa résidence de trois ans au théâtre Espace Go, Sophie Cadieux propose une mise en scène découpée au scalpel de la précision. Son travail d’orfèvre sert magnifiquement le texte de Corbeil tout en s’effaçant pour laisser briller le talent de la comédienne. Seule en scène, Marie-France Lambert livre une performance à la hauteur de l’intensité qu’on lui connaît. Figée d’un côté de la scène pendant de longues minutes, la comédienne ne manque pourtant pas de nous happer dès qu’elle ouvre la bouche pour s’adresser à nous, à elle-même… on ne sait trop qui elle tutoie ainsi. L’interprète maîtrise son texte presque à la virgule près, et nous emporte dans les tourments du mal être de la femme, de sa quête d’identité, sur terre et dans les airs à la poursuite de cette autre qui n’est peut-être en fait qu’elle-même, toujours en avance tandis qu’elle est à la traîne, essoufflée par cette quête sans fin, éternellement à recommencer. »
Daphné Bathalon, montheatre.qc.ca
 
 
 

« ★★★ ½
Les monologues sur scène sont de paris risqués. La plume de Guillaume Corbeil est redoutable, comme prise entre les interstices psychologiques de la quête intérieure et les doutes qui nous affligent.
 
Marie-France Lambert, entière et vraie, est seule sur scène, un environnement d’espaces séparés et soutenus par des colonnes qui semble la protéger et lui permet de se raconter. Car le titre même et de la pièce évoque l’idée de quête, d’investigation de soi, quitte à évoquer des souvenirs, des petits moments banals, mais qui nous ressemblent. C’est là où la magie de Corbeil opère, poussant le spectateur à bien écouter, à saisir le sens de tout ce qui se dit et parfois se répète.
 
La mise en scène est redoutable. Elle demande un effort considérable à la comédienne qui, seulement accompagnée d’un univers virtuel cérébral, celui de la pensée, ne doit compter que sur elle-même pour effectuer chaque geste, chaque mouvement, chaque changement d’espace. Mais on sent de près le travail collectif, la complicité entre Lambert et Sophie Cadieux, donnant à son matériau quelque chose de singulier qui opère magnifiquement bien. Le récit est rendu à sa plus simple expression, mais demeure d’autant plus exigeant qu’il s’agit d’une enquête psychanalytique interne qui soulève des questions essentielles sur l’existence : être, paraître, mentir, se raconter des histoires, se souvenir des belles choses, revenir à la réalité, s’affranchir des contraintes qui nous tenaillent.
 
Étrangement, le texte de Guillaume Corbeil fait penser à du Marguerite Duras pour son élégant minimalisme et au regretté Alain Resnais pour son abstraction idéalisée et son humour espiègle, et d’autant plus contenu. Car après tout, Tu iras la chercher convoque l’intelligence du spectateur, son droit et son obligation à être complice d’un acte de création qui s’effectue devant lui. Le même auditoire sert aussi de catalyseur à ce qui se passe sur scène. Tout le long de la pièce, la protagoniste souhaite s’envoler vers Prague. S’agit-il d’un rêve ou de la réalité ? Une expérience dramatique totale qui dure un peu plus d’une heure mais qui fait le tour d’une vie. »
Élie Castiel, revuesequences.org
   
 
 
« Exploration identitaire, représentation de la perpétuelle recherche de soi, Guillaume Corbeil et Sophie Cadieux proposent ici une œuvre hautement philosophique, incarnée avec beaucoup de sensibilité par une Marie-France Lambert en grande forme.
 
Marie-France Lambert livre ce texte avec une justesse dans la gestuelle et un naturel engageant dans les inflexions. Mais en même temps, qu’est-ce que le naturel?
Il faut dire que les mots qu’elle a à défendre, s’ils renvoient à la discussion platonicienne qui oppose l’image au simulacre, s’ancrent dans le réel par une poésie actuelle. Bien servie par un décor simple et évocateur de portes et de corridors, la mise en scène illustre de belle façon les variations dans les reprises de la quête de soi.
 
Les spectacles solos se partagent, grosso modo, en deux catégories: ceux qui recèlent une réelle intrigue narrative et qui créent une tension dramatique par la juxtaposition de scènes en forme de pièces de puzzle, où parfois l’unique comédien joue plusieurs rôles (Dragonfly of Chicoutimi, Cette fille-là, Vinci). Quand c’est bien réussi, on est au bout de son siège. Et puis il y a ceux dont le propos est davantage introspectif et où l’on offre un point de vue sur la condition humaine (La cloche de verre, Oh les beaux jours). Quand c’est bien réussi, on a peut-être la larme à l’œil, mais on en ressort avec un petit tournevis de plus dans son coffre pour aller négocier les méandres de sa propre vie. C’est là que Tu iras la chercher se situe, et ça fait du bien. »
Isabelle Léger, bibleurbaine.com
 
 
 

« Sophie Cadieux a osé, comme première mise en scène, se faire entièrement confiance, en suivant une forte impulsion personnelle de porter la parole jusqu’au bout, en réduisant les composants du médium théâtral, accessoires au texte. Celle-ci est donc dépouillée sur scène. Elle défile rapidement, sobrement, avec quelques nuances bien efficaces rendues par l’actrice Marie-France Lambert. On sent le dangereux mouvement de la boucle qui n’en finit plus de finir que la metteure en scène a décidé d’assumer plutôt que d’éviter. Cette audace de sa part mérite d’être soulignée, puisqu’elle est tout à fait réussie. Le temps passe et nous fait rouler avec grand intérêt pour le personnage d’une femme partant à la quête infinie de redéfinir son identité. »
Valery Drapeau, bouclemagazine.com
 
 
 

« Bonne pièce. Pas transcendant, mais très bien. Marie-France Lambert, seule sur scène, nous captive. Son regard vitreux, planant, et son ton, qui peu à peu devient désincarné au fil de la pièce, sont impressionnants de maîtrise. Je découvrais l’actrice, et j’ai maintenant envie de la voir le plus souvent possible.
 
Le texte (Guillaume Corbeil) et la mise en scène (Sophie Cadieux) sont efficaces. C’est une pièce qui nous rentre dedans. Ça critique notre prétention à l’originalité et ça remet en question l’authenticité de notre présence au monde. Ça nous fait fondre dans la foule. Ça dit «tu» tout le long : accusateur, factuel, urgent et nécessaire. »
Jeremie Mc Ewen, parlabande.fm
   
 
 
« Sophie Cadieux, qui conclut sa résidence de trois ans à l’Espace GO! en signant la mise en scène de Tu iras la chercher, était assez nerveuse à l’idée de présenter son premier bébé en tant que metteure en scène. Est-ce que cette première expérience – pour celle qu’on connait particulièrement pour son jeu – fut réussie? Oui!
 
Tu iras la chercher n’inclut donc aucun autre protagoniste sur scène, seulement un personnage qui soutient un monologue sur une durée d’une heure et 20 minutes. D’ailleurs, chapeau à Marie-France Lambert, qui a fait cet exercice avec une main de maitre.
 
Guillaume Corbeil, auteur également du texte Cinq visages pour Camille Brunelle, a voulu mettre de l’avant la quête de soi. Pour se prêter soigneusement à cet exercice, le personnage s’exprime à la deuxième personne du singulier. J’ai adoré ce choix narratif, puisque le public a de fortes chances de se sentir interpelé par les paroles de l’actrice. Autre chose que j’ai aimé du récit, le texte est adapté à notre société actuelle, ce qui fait que le public se reconnait au travers les paroles lancées par cette femme, qui nous regarde. On pouvait parfois même entendre des rires gênés dans la salle, lorsque les spectateurs s’identifiaient au texte.
 
Le seul bémol au tableau: la répétition de certains passages trop longs. Néanmoins, la coupure de quelques passages aurait peut-être allégé cette impression de longueur.
Malgré ce petit point négatif, je vous conseille cette pièce, notamment pour le jeu et le regard magnifique de Marie-France Lambert.
Marie-Eve Leclerc, les meconnus.net