Billetterie

Nicole, c’est moi…

10 au 20 novembre
2004

« Je suis une dinosaure. Je pense que je pratique une forme très archaïque de théâtre. Je suis vraiment une conteuse. Et une conteuse, c’est une porte sur l’univers. En fait, je fais du théâtre comme au temps des Grecs. »
 
– Pol Pelletier

 
 
Dans NICOLE, C’EST MOI… (SPECTACLE D’ADIEUX), Pol Pelletier refait l’histoire du monde à partir de notre ancêtre, l’homo erectus, qui a vécu il y a 70,000 ans; elle passe par la basilique et les restants de pyramides aztèques de Mexico la polluée, jusqu’au volcan Popocatépetl; elle revient au Québec, où tout le monde s’acharne à rire; elle scrute la « série du millénaire » à la télévision de Radio-Canada où, sur 1000 ans, on n’a trouvé que deux femmes importantes sur trente personnalités incontournables, et encore, Simone de Beauvoir elle-même a failli ne pas y figurer; elle cherche des femmes, elle les retrace, elle appelle ses aînées, ses ancêtres, elle ressuscite l’abbesse Hildegarde von Bingen, enfouie au XIIe siècle, Camille Claudel, la folle, qui détruisait ses œuvres, Françoise Loranger, auteure de théâtre, qui a chamboulé les règles du théâtre au Québec; et elle finit en prenant dans ses bras les 14 victimes de Polytechnique, assassinées il y a 15 ans cette année, une tragédie qu’on a très vite enfouie au fin fond de notre inconscient collectif, de peur de découvrir ce qu’elle signifiait.
 
Après cinq ans d’absence, après ses trois spectacles solo JOIE’ OCÉAN et OR, qu’elle appelle la Trilogie des histoires et qui ont fait d’elle une acteure culte dans toute la francophonie, Pol Pelletier revient sur scène dans NICOLE, C’EST MOI… pour nous raconter les dernières histoires qu’elle a ramassées au cours de sa quête. À chaque spectacle, elle nous ramène ce qu’elle a trouvé, puis elle repart immédiatement chercher autre chose. Sa quête est sa vie, et sa vie, c’est le théâtre.
 
Elle descend dans l’arène, elle parle, elle communique, elle bouleverse, elle fait rire, elle secoue, elle fait pleurer. Quand Pol Pelletier est sur une scène, la terre tremble. Sorcière inquiétante, elle possède encore les secrets de cet échange énergétique subtil entre les acteurs et les spectateurs, redonnant ainsi au théâtre toute sa noblesse d’art populaire. « Il y a chez Pol Pelletier quelque chose de la reine antique qui vient nous conter les splendeurs et les ruines de la guerre contre Troie. » (Gilles Costaz, France)
 
Diogène du monde moderne, Pol Pelletier se promène avec sa lanterne et allume toutes les lumières qu’on a éteintes pour éviter de voir. En ce sens, elle fait du théâtre politique. Alors qu’elle semble transgresser constamment les frontières du théâtre, elle est toujours en plein cœur du théâtre. Pol Pelletier est non seulement une grande femme de théâtre, elle est éminemment utile et nécessaire. Et la définition qu’elle donne elle-même de ce qu’est un ou une acteure* lui convient parfaitement: « Pour moi, les acteures sont des gens qui sont au service d’une communauté. Un acteure, un vrai, tu le reconnais quand tu le vois. Tu te dis: cet être-là a quelque chose de fondamental à me dire sur moi, sur ma collectivité. Il porte la mémoire de son peuple. C’est rare. C’est un grand projet de vie. » Avec ce nouveau spectacle, NICOLE, C’EST MOI…, qu’elle a présenté trois fois en cours de travail en 1999 sous le titre CÉRÉMONIE D’ADIEU, Pol Pelletier est plus que jamais au service de sa communauté.
 
Tous les qualificatifs imaginables lui ont été donnés, comme autant de médailles et de cicatrices: sublime, méchante féministe, chamane, intense, dérangeante, phénomène, sorcière, pasionaria, brebis galeuse, incandescente, pas reposante, enchanteresse sans pareille, profonde, actrice hors du commun, impudique, mouton noir du théâtre québécois, prêtresse, bête de scène, géniale, monstre sacré, gourou, actrice surdouée, prodigieuse, trésor national. Mais quand on y pense, il n’y a qu’un seul mot qui puisse contenir tous ces qualificatifs et définir toute entière Pol Pelletier : VIVANTE. Une vivante qui est bien résolue à avoir beaucoup de plaisir…
 
 

 
* Pol Pelletier écrit toujours le mot « acteure », au féminin comme au masculin.