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À propos de Daniel Danis

Voici, sensuelle et fulgurante, une authentique voix neuve, la voix d’un écrivain. Portées pour la première fois à la scène, les phrases haletantes de CELLE-LÀ brillent de l’éclat vibrant de la découverte. Celle d’un univers dense et rouge pareil à nul autre, d’un imaginaire ample et incisif, d’une langue inimitable. Rassemblés autour du « gâchis » qui est advenu voilà des années à cause d’elle, « celle-là », la Sorcière, trois personnages livrent par saccades, chacun pour soi, le passé écorché dont ils brûlent tous. Au fil de monologues où se fondent les souvenirs enfantins ou érotiques, les élans mystiques et une poésie très concrète, des textures, des odeurs, des éclats de rire et des silences jaillissent ici et là comme autant de violents sursauts.
 
Belle, dure, stridente, faite d’un curieux mélange de sécheresse et d’une tendresse toute chaude, la pièce s’assombrit et s’éclaire au gré des images qu’elle fixe : dessins d’enfant, champ de patates, madames douces, œils de poisson, lac aux sangsues, cloître, hôpital. Jetés par à-coups comme des poignées de roches cristallines, tendus par une urgence qu’on peut presque palper, les mots naïfs et flamboyants de CELLE-LÀ taillent à même la tragédie des statues tremblantes parfaitement inoubliables.
 
CELLE-LÀ est le premier texte de Daniel Danis, et sa première œuvre créée à la scène. Vivant au Saguenay, ce jeune créateur travaille parallèlement en écriture et en arts visuels. CELLE-LÀ figurait au programme de la Semaine de la dramaturgie 1991 du Centre des auteurs dramatiques; la pièce est publiée chez Leméac. L’auteur a signé un second texte, CENDRES DE CAILLOUX, qui a été lu lors de la Semaine de la dramaturgie de 1992. Ayant remporté ex aequo le prix du meilleur manuscrit en langue française au Festival de Maubeuge l’hiver dernier, le texte a été publié conjointement, cet été par Actes Sud/Papiers et Leméac, il a été lu en juillet au Festival d’Avignon, en octobre au Centre Wallonie-Bruxelles de Paris, et il vient de mériter le 2e prix (parmi une centaine de titres) du concours de Radio-France International.
 
Daniel Danis est fasciné par le mythe et par l’anthropologie, qu’il sculpte dans la matière ou qu’il taille dans les mots. Inspiré d’un long séjour en Haïti, il travaille actuellement sur un texte intitulé LA TERRE SALINE. Il a aussi entrepris une tétralogie sur les archétypes anciens et contemporains : Ève et Prométhée, Don Juan et Marilyn… Cet auteur qui aime fouiller l’imaginaire et lui donner des dimensions épiques a écrit un texte pour enfants, Le Pont de pierre et la peau d’images, dont le titre résume bien le monde qu’il met à jour. La pierre, du nom du Fils de CELLE-LÀ, est essentiellement liée à cette œuvre tellurique qui creuse toujours sous le sol apparent pour retrouver un tuf plus ancien et plus primordial. Le pont, c’est celui qui est jeté entre les êtres, les sexes, les cultures. La peau traverse le discours de tous ces personnages qui touchent, sentent, rappellent des moments de leur vie en évoquant la caresse d’un duvet ou d’un parfum. Et les images, surgies de partout, font s’envoler ensemble douleur, ivresse, mots et émotions.
 
 
Diane Pavlovic
Conseillère dramaturgique