Billetterie

Michel Garneau

Émilie ne sera plus jamais cueillie par l'anémone

Retour à la pièce

« … quelques paroles écrites
et son nom
qui disent qu’un homme historique a vécu et qu’il a écrit le plus vif
de ce qu’il a vécu
a essayé en tout cas de dire
ce qu’il a cru vivre
ce qu’il a voulu vivre
et ra écrit pour les autres
et pour lui-même
a écrit
pour vivre ce qu’il voulait vivre ou simplement pour parler… »
 
Ces mots que Garneau a écrits dans ÉMILIE NE SERA PLUS JAMAIS CUEILLIE PAR L’ANÉMONE, je les reprends pour cet être qui ne vit que dans son œuvre. « Lisez mes œuvres, toute ma vie est là » dit-il en riant. C’est vrai. Toute sa vie, celle d’Emilie et celle de la poésie elle-même.
 
 
« … s’il ne reste qu’une joie
quand toutes les autres sont usées
il reste celle d’être précisément soi-même et personne d’autre… »
 
 
Garneau est un croisé parti à la quête de la liberté, seul et pour d’autres. Avant 70, écrire était une passion. Après 70, écrire sera aussi un métier pour lui.
Auteur de théâtre, metteur en scène et parfois comédien. Jusqu’à sa pièce la plus récente, LES GUERRIERS, en 89, on en compte 39. Sa première pièce sur scène a été créée le 28 septembre 1970 : LES GRANDS MOMENTS. Puis il y a eu, parmi les plus connues : QUATRE À QUATRE (73), LES VOYAGEMENTS (74), ABRIÉS DÉSABRIÉES (75), LES CÉLÉBRATIONS (76), et ÉMILIE NE SERA PLUS JAMAIS CUEILLIE PAR L’ANÉMONE, en 81. Il a aussi fait des adaptations des grands classiques qui sont devenues à leur tour des classiques : LA TEMPÊTE et MACBETH de Shakespeare, LA MAISON DE BERNADA ALBA de Lorca, Gilgamesh, poème sumérien, entre autres.
 
Auteur de chansons, musicien, chanteur et compositeur, il a fait le tour des boîtes à chansons entre 1961 et 1972. Il a travaillé avec Raoul Duguay sur son disque Allô tôulmônd et a enregistré deux disques : Les réjouissances et J’ai une chanson gui gratte la gorge en 1978.
 
Homme de radio, de télé et de communication, animateur, narrateur et réalisateur. Il commence en 1955 à CHLN à Trois-Rivières, à 16 ans. Il passe à CKVL à Verdun. En 1956, il s’en va à Rimouski, à CJBR, radio et télé jusqu’en 1960, puis il obtient un poste d’annonceur à Radio-Canada à Ottawa. En 1961, il déménage à Radio-Canada à Montréal où on le verra participer à Jazz-Club, 20 ans express, Tam ti delam, Images en tête, et quantité d’autres émissions, jusqu’en 1969, et depuis, épisodiquement, à des séries comme Le bonheur avec Robert Blondin.
 
Homme de cinéma, scénariste, auteur, narrateur ou musicien, il a travaillé à une vingtaine de films. Entre autres avec Jacques Giraldeau : Gros Morne (67) et L’Homme de papier (87); Fernand Dansereau : Faut aller parmi l’monde pour le savoir (70) et Simple histoire d’amours (73); avec Yolande Rossignol : La Parade (73), avec Pierre Perreault : La Grande Allure (85); avec François Breault : Un pays, un goût, une manière (78) et plusieurs autres; avec Yves Simoneau : l’adaptation de sa pièce LES CÉLÉBRATIONS (78).
 
Poète, son premier art, il a publié une douzaine de recueils depuis 35 ans, parmi lesquels : Élégie au génocide des nasapodes (74), La plus belle île (75), Les Petits Chevals amoureux (77), pour lequel il a refusé le Prix du gouverneur général. La maison d’édition Guérin littérature/L’Âge d’Homme a publié, en 1987, Poésies complètes 1955-1987, qui inclut son dernier recueil inédit : Dans la jubilation du respir le cadeau.
 
Michel Garneau est un gourmand. Non seulement il travaille toutes les formes de l’écriture, mais il n’a pas assez de la langue française : il invente des mots comme « envelourer » ou « endormeige ». Il nous en glisse quelques-uns, comme ça, et ils prennent racine dans la phrase comme des anciens mots. La preuve qu’ils viennent d’un authentique poète.
 
En fait, Garneau a un plaisir fou et ça paraît. Il gratte son papier jusqu’à temps que l’on se rende compte que… « les portraits des enfers et des paradis sont peints coloriés par-dessus les portraits de la vie ordinaire ».
 
Michel Garneau nous lègue déjà, de son vivant une œuvre gigantesque qui répond à la médiocrité ambiante, à la pénurie.
 
 
– Hélène Pedneault