Billetterie

Bilan de la Sentinelle #1

Sentinelle #1 : Pour la transformation

Retour à la Sentinelle #1

Le vendredi 3 décembre 2021 dernier avait lieu au Théâtre ESPACE GO la Sentinelle #1 : Pour la transformation, une journée ouverte aux professionnel·les du milieu des arts vivants.

 

 

 

LES ORIGINES

 

Petit retour en arrière sur les origines de l’événement. Au terme du Chantier féministe sur la place des femmes en théâtre de 2019, ESPACE GO s’est engagé à organiser des sentinelles, dans le but de faire un suivi des recommandations énoncées à la suite de cet événement et d’aborder de façon plus spécifique certaines questions ou enjeux touchant les femmes.

 

À l’été 2020, des paroles se sont libérées pour dénoncer des violences psychologiques et sexuelles au sein du milieu théâtral et culturel québécois. Depuis, le milieu se mobilise. Des travaux sont en cours et des comités se forment pour faire évoluer nos espaces de travail et de création.

 

 

LA CRÉATION

 

Au cours de la création de la programmation de la sentinelle, le comité organisateur s’est posé la question de la place faite aux témoignages et aux voix qui les portent. Nous souhaitions remettre la parole au cœur de nos réflexions. Il était question d’écoute, de partage et de discussions pour repenser un système qui conduit encore trop souvent à la reproduction d’oppressions dénoncées depuis longtemps. Avec l’accompagnement d’artistes, de chercheuses, de spécialistes du droit, d’intervenantes de première ligne et de militant·es, nous avons invité les professionnel·les à venir imaginer de nouveaux modèles.

 

 

 

L’ÉQUIPE

 

Cette Sentinelle #1 a été pensée collectivement dans un désir de partage, de soutien, de relai et d’écoute grâce à l’apport des membres du comité de réflexion — aussi appelé « le Cercle » — constitué de Catherine Bourgeois (femme de théâtre), Carolanne Foucher (comédienne et autrice), Emeline Goutte (chargée de projets au Théâtre ESPACE GO), Yohayna Hernández (dramaturge), Anne-Laure Mathieu (conceptrice et facilitatrice de changement), Émilie Monnet (artiste multidisciplinaire en résidence au Théâtre ESPACE GO), Lisa Ndejuru (artiste multidisciplinaire et psychodramatiste), Solène Paré (metteuse en scène et directrice artistique de Fantôme, compagnie de création), Mireille Tawfik (autrice, comédienne et médiatrice culturelle), Alice Tixidre (autrice) et Tatiana Zinga Botao (actrice, autrice et réalisatrice afroféministe).

 

 

 

 

LA JOURNÉE

 

Dans le cadre des douze jours d’action contre les violences faites aux femmes et de la sentinelle, le groupe Collages féminicides Montréal a été invité à coller sur la façade du théâtre.

 

Dès 9 h, les participant·es ont été accueilli·es au Théâtre ESPACE GO. Une performance de Soleil Launière, artiste multidisciplinaire et metteuse en scène a ouvert la journée. À 10 h a eu lieu une courte introduction et mise en contexte de l’événement. La première prise de parole sur le pouvoir du témoignage a été celle de Kama La Mackerel, artiste pluridisciplinaire. Alexandra Pierre, militante féministe et autrice de Empreintes de résistance, a suivi au micro.

 

À 11 h 45, des membres du comité ont présenté un état des lieux des actions du milieu : groupe interécoles pour discuter d’enjeux éthiques spécifiques aux établissements d’enseignement, formation au sein des équipes, comité ad hoc au sein du CQT pour réfléchir spécifiquement aux enjeux de violences à caractère sexuel (cinq recommandations ont été déposées en novembre dernier au Conseil québécois du théâtre  CQT lors de son AGA). Elles ont aussi rappelé qu’il existe des chiffres, réunis notamment dans le rapport de l’enquête Aftermetoo (anciennement enquête Rosa), la première enquête pancanadienne sur le harcèlement sexuel sur le lieu de travail dans les industries des arts, du cinéma et de la télévision. L’enquête menée à l’automne 2020 et dont les dernières conclusions ont été publiées en septembre 2021 nous apprend par exemple que :

 

  • 77 % des personnes répondantes ont subi ou observé des préjugés de genre, c’est-à-dire un « traitement différent en fonction du sexe/du genre (qualité ou nature des mandats, etc.) » dans le cadre de leur travail;
  • 1 012 des 1 100 personnes interrogées (92 %), artistes et/ou travailleur·euses culturel·les, ont répondu avoir été victimes ou témoins d’une certaine forme de harcèlement sexuel.

 

Joanie Roy, directrice générale de l’Association des compagnies de théâtre (ACT), est ensuite venue présenter une initiative concrète sur laquelle elle travaille au sein de son organisme.

 

Au dîner, moment de prédilection pour les rencontres informelles, les participant·es ont eu un repas préparé par l’entreprise d’économie sociale Food’elles.

 

En après-midi, les personnes présentes ont pu choisir entre les différents ateliers et espaces suivants :

 

  • Solidarité envers les victimes : contre la culture du viol et la culture du silence, atelier animé par Mahé Fall, intervenante psychosociale en victimisation sexuelle
  • Présentation d’une nouvelle pratique : coordination d’intimité, atelier animé par Stéphanie Breton, directrice et coordinatrice d’intimité
  • Prévention du harcèlement et des violences dans le milieu du théâtre : quand agir, quand parler? Comment aider?, atelier animé par Pascale Lanctôt-Leroy, avocate à L’Aparté, organisme offrant des ressources contre le harcèlement et les violences en milieu culturel

 

Un quatrième espace de rencontres, pensé comme un forum ouvert, était aussi proposé pour celles et ceux qui voulaient décider des sujets à aborder, dans la forme qui leur conviendrait. Yohayna Hernández et Anne-Laure Mathieu étaient là pour les accueillir.

 

 

 

LE TABLEAU

 

Tout au long de la journée, les participant·es étaient invité·es à écrire sur un grand tableau. Parmi les messages récoltés :

 

  • « Est-ce que tu ferais ça [une scène d’intimité sans conseil professionnel] pour une cascade? »
  • « Savoir reconnaître, savoir (ré)agir »
  • « Transformer la peur »
  • « Dénoncer est un acte altruiste. »

 

 

LA CLÔTURE

 

Kama La Mackerel a fermé la journée avec un geste artistique. Iel a invité toutes les personnes présentes à offrir quelque chose représentant leur parcours durant la journée au reste du groupe : un mot, un geste, une pensée.

 

La pensée que Mahé Fall a partagée : « Ce qui se passe à la sentinelle ne reste pas à la sentinelle! »