
Une sentinelle comme
un témoin
qui observe
mesure
embrasse
les vagues qui transforment
et celles qui s’échouent
au seuil des institutions.
Une sentinelle comme
une vigie
qui
entre la répétition, la réunion et le bain des petit·es
fait le guet
s’assure que ses sœurs
ses ami·es
continuent de danser de jouer d’inventer
en toute liberté et sécurité.
Une sentinelle comme
une lumière
qui éclaire des angles morts
invisibilisés par un système hétéropatriarcal
blanc et bourgeois.
Un phare
qui éclaire les trajectoires possibles
chemins de désir
qui existent
en dehors des sentiers (com)battus.
Une deuxième sentinelle comme
une façon de répéter
encore et encore
que les inégalités subsistent
que les mots
équité
diversité
inclusion
ne sont pas que des cases à cocher
des médailles à porter.
Une deuxième sentinelle
pour tout ce qui s’est fait pour tout ce qui reste à faire pour tout ce qui commence
et pour l’avenir.
Oui, une sentinelle pour l’avenir.
« si nous avons espoir, ce n’est pas par sentimentalisme. C’est parce que nous savons qu’à force de répéter certains gestes, des nouvelles lignes finissent par se dessiner, qui creusent leurs sillons dans les chairs et créent les formes les plus surprenantes. Les architectes-paysagistes utilisent le terme de chemins de désir pour décrire ces sortes de chemins clandestins, ces marques laissées sur le sol par les allers et venues quotidiennes de certaines personnes qui, au lieu de suivre les routes qu’on leur avait tracées, créent leurs propres voies. En suivant ces chemins de désir, on se rend capable de générer des paysages désorientés. »
— Sara Ahmed