Visages
14 avril au 9 mai
2026

Le visage est-il un masque ou un miroir ?
À la lisière du réel et de l’imaginaire se déploient des récits à la fois troublants et émouvants, tous centrés autour de la notion du visage — ce miroir révélateur de notre humanité.
Depuis l’invasion de l’Ukraine, un sosie de Vladimir Poutine se retrouve piégé par une ressemblance qui reflète des convictions opposées aux siennes. Une personne atteinte d’un trouble neurologique rare qui altère sa perception voit le diable dans les toutes figures qu’elle croise. À l’automne de sa vie, une femme réalise que son visage est devenu transparent, et que cette invisibilité nouvelle pourrait bien être une libération. À ces histoires insolites, parfois saisissantes, parfois poétiques, s’ajoutent d’autres récits fascinants qui se superposent pour explorer notre rapport au visage.
Le visage constitue notre porte d’entrée sur le monde, le point de départ par lequel nous sommes perçu·es, identifié·es, désiré·es et jugé·es. Il est la partie du corps humain qui exprime le plus clairement nos émotions et notre essence, notre individualité et notre humanité. Dans un monde saturé d’images, il est un champ de bataille entre identité et représentation, vérité et illusion. Que révèle-t-il de nous? Que dissimule-t-il? Le visage est-il un masque ou un miroir? En prenant appui sur des figures mouvantes, le spectacle tisse un récit pluriel, sensible et politique, qui scrute notre humanité dans ce qu’elle a de plus vulnérable, de plus exposé.
Dans Visages, l’autrice et metteuse en scène Alexia Bürger explore l’étrangeté et la complexité de notre rapport au visage — qu’il soit celui d’autrui ou le nôtre —, pour créer un spectacle au ton décalé, parfois traversé d’absurde ou d’ironie, qui apportent une légèreté subtile à certains récits plus troublants. En filigrane, elle fait résonner les pensées de philosophes anciens et modernes tels que Corine Pelluchon, François-David Sebbah, et Emmanuel Levinas pour qui le visage de l’autre n’est pas d’abord ce que l’on voit, mais ce qui nous regarde. De ces croisements naît un portrait multiple et nuancé du visage, à la fois miroir, énigme et territoire symbolique, qui interroge notre identité, nos liens aux autres, et la manière dont le visible nous expose et nous façonne. Pour cette création, Alexia s’entoure également de plusieurs artistes visuels, dont un maître japonais spécialisé dans l’art du masque, afin de concevoir des visages nouveaux — symboliques, sculptés, imaginaires — qui viendront habiter et étoffer l’univers scénique de la pièce.
« Alexia est une grande artiste qui a, ces dernières années, mis son talent au service de projets émanant de complices. Quand le CNA lui a offert de retourner à sa propre pulsion de création, j’ai voulu très fort que GO contribue à lui donner toute la liberté d’aller au bout d’elle-même. Je ne tiens pas en place à l’idée qu’une créatrice de la trempe d’Alexia revienne à son essence, à ses obsessions à elle — ce qu’elle ne s’était pas accordée depuis l’exceptionnel Les Hardings. Pour créer Visages, elle s’est laissée aspirer dans un processus qui l’a entraînée aux quatre coins du monde pour récolter des récits saisissants qu’elle nourrit de fiction en multipliant leur sens. Et, sans révéler les détails de la forme, je peux témoigner d’explorations plastiques qui m’ont laissée littéralement sans voix. C’est un vrai privilège que d’assister à l’assemblage de ces matériaux inédits, à la création d’une œuvre comme aucune autre. »
– Édith Patenaude, directrice artistique d’ESPACE GO