
Repères biographiques
Diplômé du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, Denis Marleau découvre le théâtre d’art pendant un séjour en Europe à la fin des années 1970. De retour, il fonde la compagnie UBU qu’il dirige toujours. En marge de la pratique théâtrale québécoise, il se fait d’abord connaître par des spectacles-collages conçus à partir de textes des avant-gardes artistiques, créations qui sont jouées à Montréal, notamment au Musée d’art contemporain et à Paris au Centre Pompidou (Cœur à gaz, de Tristan Tzara, Merz opéra et Merz variétés de Kurt Schwitters, Oulipo Show, La victoire sur le soleil de Kroutchonyck, Le désir attrapé par la queue de Pablo Picasso et Ubu cycle d’après Alfred Jarry). Dans les années 1990, la démarche théâtrale de Marleau se ramifie en plusieurs voies tout en restant étroitement associée au Festival de Théâtre des Amériques à Montréal où il présente Les Ubs d’après Jarry, Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès, Maîtres anciens de Thomas Bernhard et Les trois derniers jours de Fernando Pessoa d’Antonio Tabucchi. Au Festival d’Avignon, il crée deux pièces de Normand Chaurette : Le passage de l’Indiana et Le petit Köchel. Parallèlement, il aborde le théâtre musical avec La trahison orale de Mauricio Kagel et Cantate grise, d’après les dramaticules de Samuel Beckett, un spectacle présenté dans le cadre du New Music America. Sur les scènes européennes, il monte les auteurs du grand répertoire allemand, Woyzeck de Büchner au Théâtre national de Bruxelles, Nathan le sage de Lessing à la Cour d’honneur du Palais des Papes, et Urfaust, tragédie subjective d’après Goethe et Pessoa, commandé par Weimar, capitale culturelle.
Dans les années 2000, il explore le théâtre symboliste de Maurice Maeterlinck avec Intérieur et ensuite Les aveugles, pièce à partir de laquelle il conçoit et réalise une première fantasmagorie technologique avec sa complice et collaboratrice artistique Stéphanie Jasmin. À la suite de sa programmation aux festivals d’Avignon et d’Édimbourg en 2002, ce spectacle sera joué plus de 800 fois à travers le monde. Parallèlement, Denis Marleau poursuit son exploration des écritures contemporaines avec celles de José Pliya (Nous étions assis sur le rivage du monde… et Le complexe de Thénardier), Gaétan Soucy (Catoblépas), Jon Fosse (Quelqu’un va venir et Dors mon petit enfant), Normand Chaurette (Ce qui meurt en dernier), Thomas Bernhard (Une fête pour Boris), Elfriede Jelinek (Jackie) et Dea Loher (Le dernier feu, Innocence).
De 2000 à 2007, Denis Marleau dirige le Théâtre français au Centre national des Arts à Ottawa où il met en scène La dernière bande et Comédie de Beckett, Le moine noir de Tchekhov, Les reines de Chaurette et Othello, qui amorce un cycle de travaux sur les tragédies de Shakespeare qui se poursuivra en 2012 avec L’histoire du roi Lear au Théâtre du Nouveau Monde (TNM). Il a mis en scène Les femmes savantes de Molière pour Les Nocturnes du Château de Grignan à l’été 2012, dans le midi de la France, pièce diffusée au TNM et ensuite en tournée au Québec. Premier metteur en scène québécois invité par la Comédie-Française, il crée Agamemnon de Sénèque Le Jeune dans la salle Richelieu en 2010, ainsi qu’Innocence de Dea Loher en 2015.
En 2011, à l’invitation de Jean Paul Gaultier, il conçoit et réalise avec Stéphanie Jasmin une trentaine de mannequins animés pour La planète mode de Jean Paul Gaultier – De la rue aux étoiles. Inaugurée au Musée des beaux-arts de Montréal, cette première grande exposition internationale consacrée au couturier français tourne à travers le monde.
Depuis plusieurs années, il anime régulièrement des stages de formation et enseigne en Europe, au Canada et au Mexique. Dans le domaine lyrique, il a cosigné avec Stéphanie Jasmin en 2007 un opéra de Béla Bartók, Le château de Barbe-Bleue au Grand théâtre de Genève, et plus récemment, L’autre hiver, opéra fantasmagorique présenté à Mons 2015, Capitale européenne de la culture.
Son parcours est jalonné de nombreux prix de la critique à Montréal et à Ottawa et de plusieurs masques de l’Académie québécoise du théâtre. Il est Chevalier de l’Ordre national du Québec, récipiendaire du Prix Centre national des Arts du Gouverneur général du Canada, Chevalier des Arts et des Lettres en France. En 2011, on lui a décerné le prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle (PGGAS) de la réalisation artistique, et en 2014, le prix Denise-Pelletier pour l’ensemble de son œuvre. Il est titulaire de deux doctorats honoris causa de l’Université Lumière-Lyon et de l’Université du Québec à Montréal.
Source : ubucc.ca