Billetterie

Sophie El Assaad

Finaliste 2021 au prix Jovette-Marchessault

Nouvelle venue sur la scène théâtrale, Sophie El Assaad n’a pas tardé à faire son chemin en tant que conceptrice de costumes et scénographe.

 

En conférant à chacun de ses projets une signature personnelle – et reconnaissable -, elle est rapidement devenue une artiste incontournable de la scène théâtrale anglo-montréalaise. La conceptrice y a collaboré avec plusieurs compagnies indépendantes : Repercussion Theatre (MUCH ADO ABOUT NOTHING et ROMEO AND JULIET: LOVE IS LOVE), Cabal Theatre (TRAGIC QUEENS et CHATTERMARKS), Talisman Theatre (CLEAN SLATE et HABIBI’S ANGELS : COMMISSION IMPOSSIBLE), Tableau d’Hôte (la scénographie de BLACKOUT). À l’hiver 2020, elle signait les costumes de SMALL MOUTH SOUNDS au Segal Centre for Performing Arts.

 

Au cours des cinq années de sa jeune carrière, la diplômée du programme Design for the Theatre de l’Université Concordia (promotion 2015) a été nommée sept fois pour différents prix et a déjà raflé quatre récompenses soulignant l’excellence de ses créations. En 2017, les Montreal English Theatre Awards-METAs (les Prix du théâtre anglais de Montréal) l’ont couronnée pour la meilleure conception de costumes pour TRAGIC QUEENS, en plus de la consacrer artiste émergente de l’année. En 2018, elle reçoit le même prix pour sa conception des costumes de la pièce INVASIVE SPECIES. Fait remarquable : pour la seule saison 2019-2020, Sophie El Assaad était en nomination à quatre reprises, une dans la catégorie de la meilleure scénographie pour THE WATER CHRONICLES et trois dans celle des meilleurs costumes pour SMALL MOUTH SOUNDS, THE WATER CHRONICLES et CHATTERMARKS, spectacle pour lequel elle a remporté le prix. En 2020, elle reçoit le titre d’étoile montante en théâtre par le journal The Gazette.

 

Sophie El Assaad s’est aussi passionnée pour les arts visuels (peinture et sculpture), avant de suivre une formation en textile et d’étudier la joaillerie à l’Université de l’École d’art et de design de l’Ontario. Ces expériences, qui exigent finesse et précision, ont nourri son travail de scénographe qu’elle aborde à la manière d’un tableau ou d’une sculpture. Quant à ses costumes, ils révèlent une griffe, se démarquant par leur inventivité et leur originalité. À la fois extravagantes et ancrées dans l’Histoire, ses créations fusionnent les influences, se jouent des contrastes, orchestrant des collisions entre le classicisme et la modernité, pour un résultat détonnant.

 

Le portfolio de Sophie El Assaad est saisissant d’audace et de créativité. L’imagination de l’artiste semble sans limite. Chaque costume est une œuvre à part entière. Par ses choix de couleurs et de textures, elle présente un ensemble cohérent, en harmonie avec les différents univers proposés. Son travail est généreux et on imagine le nombre d’heures de travail passées à peaufiner chaque création, à parfaire chaque détail.

 

Sophie El Assaad s’intéresse aux enjeux de la diversité culturelle, à l’inclusion et l’accessibilité. La jeune femme d’origine libanaise et britannique a grandi à Bahreïn avant de s’installer à Montréal en 2007. Son désir de rester connectée à son héritage culturel a influencé ses projets artistiques qui explorent des thèmes reliés au Moyen-Orient. Pour elle, le costume n’est pas qu’une parure extérieure. L’art est au contraire porteur de sens. Fascinée par les humains et par leurs histoires, Sophie El Assaad estime que concevoir des costumes constitue une bonne façon de comprendre leurs motivations. Et ses valeurs sociales se révèlent dans ses démarches artistiques. Pour le spectacle HABIBI’S ANGELS : COMMISSION IMPOSSIBLEcritique du tokénisme et de la représentation des femmes de couleur, créé à l’automne 2020 par Talisman Theatre, l’invention des costumes est devenue pour elle une occasion de revaloriser l’identité et les racines des quatre comédiennes. Influencée par le courant afrofuturiste, la conceptrice a ainsi intégré dans ses flamboyantes créations le fruit de ses recherches sur les origines culturelles de chaque interprète.

 

Afin de pouvoir aborder des enjeux qui lui tiennent à cœur, Sophie El Assaad a fondé sa propre compagnie théâtrale, Nuaj. La conceptrice est du coup passée à l’étape de l’écriture et de la mise en scène, développant depuis 2017 un projet de création intitulé BLACK BALLOON, lequel « encourage les jeunes du Moyen-Orient ou celles et ceux qui s’identifient comme musulmans à célébrer qui ils sont et à continuer à rêver ». Un extrait de sa pièce a été présenté en 2020 dans le cadre du Portico Project, sur le portique du Théâtre Centaur. En janvier 2021, pour le Festival Wildside, organisé par la même institution théâtrale mais donné cette année en mode virtuel, Sophie El Assaad a dû transférer et adapter son œuvre vers une plateforme numérique. Elle l’a transformée en la réalisation d’un court métrage, Leila, inspiré par le mythique film muet de Carl Theodor Dreyer, La Passion de Jeanne d’Arc. Pour l’occasion, la conceptrice s’est donc faite cinéaste, profitant de la pause forcée par la pandémie pour apprendre par elle-même la technique du montage cinématographique.

 

L’approche de Sophie El Assaad se distingue également par ses préoccupations écoresponsables et l’importance qu’elle accorde à une conception durable, par la réutilisation des étoffes ou l’emploi et la transformation d’habits dénichés dans des friperies. Les budgets parfois limités dont disposaient les productions auxquelles elle a collaboré n’ont pas été un obstacle à son imagination. Son travail primé pour CHATTERMARKS en témoigne : elle a créé de saisissants costumes d’époque remodelés à partir de vêtements contemporains.

 

Son engagement dans la communauté s’étend également à un désir d’améliorer la condition des artistes. C’est pourquoi Sophie El Assaad a joint le conseil d’administration de la Fédération québécoise d’art dramatique/Quebec Drama Federation, où elle siège sur deux comités.

 

Sophie El Assaad n’est qu’au commencement de sa carrière, mais le spectre de ses aspirations artistiques et sa créativité semblent infinis. Assurément, nous entendrons encore parler de celle qui rêve aujourd’hui de partir à la rencontre du milieu théâtral francophone.