Billetterie

Catherine Vidal

Lauréate 2020 au prix Jovette-Marchessault

« J’aime ne pas comprendre. Essentiellement, j’aime me mettre dans des situations où ma compréhension des éléments n’est pas complète, où je me sens en dehors de ma zone de confort. Ça me fait creuser, réfléchir, lire, découvrir. J’aime cette idée de travailler pour rester en équilibre. »
 
– Catherine Vidal

 
 
Diplômée en 1999 du Conservatoire d’art dramatique de Montréal en interprétation, Catherine Vidal se consacre depuis dix ans à la mise en scène, une passion qu’elle cultive depuis l’enfance. Ses créations, au souffle puissant et maintes fois primées, font d’elle une des metteuses en scène les plus importantes de sa génération et dans le paysage théâtral actuel.
 
Catherine Vidal place au cœur de sa recherche artistique le renouvellement de la pratique théâtrale. Sa démarche affirme la spécificité du théâtre comme un art à part entière. Cette aspiration n’a rien de neutre. Elle se présente comme une résistance à tous les diktats extérieurs, visées marketing ou programmes idéologiques qui cherchent à lui donner une légitimité.
 
Lectrice exigeante, passionnée par le chemin à parcourir en salle de répétition avec ses interprètes et ses allié·es à la conception, Catherine Vidal s’intéresse à un répertoire éclectique d’œuvres qui offrent un point de vue singulier sur les combats, les apogées et la complexité des rapports entre les humains.
 
En 2009, elle fait une entrée remarquée à titre de metteuse en scène avec son adaptation du roman Le Grand Cahier, d’Agota Kristof. Son théâtre inaugure, dès lors, un langage vif et vaste, qui explore la possibilité de territoires littéraires insoupçonnés.
 
Avec DES COUTEAUX DANS LES POULES de David Harrower (2012), sa mise en scène précise, inventive saisit l’essence osseuse d’âmes condamnées. Dans ROBIN ET MARION d’Étienne Lepage (2012), son regard aiguisé traduit la tyrannie souterraine des conformismes auxquels n’échappent pas les pulsions sexuelles des adolescent·es. Dans LE MIEL EST PLUS DOUX QUE LE SANG de Simone Chartrand et Philippe Soldevila (2016), elle fait une fête de la rencontre entre Dali, Buñuel et Lorca à Madrid pendant les Années folles. Déjà reconnue comme une grande directrice d’acteurs et d’actrices, Catherine Vidal les amène à des sommets d’interprétation dans JE DISPARAIS d’Arne Lygre (2017). En 2018, elle nous offre, avec Marc Beaupré, une mise en scène réglée au quart de tour dans CHAPITRES DE LA CHUTE de Stefano Massini, spectacle qui force l’admiration en résumant brillamment deux siècles de capitalisme sauvage, et qui relie l’intime au collectif.
 
Si Catherine Vidal nourrit une sensibilité particulière pour les pièces contemporaines face aux œuvres classiques, elle sait aussi bousculer les codes établis tout en éclairant l’esprit premier de ces dernières. Son théâtre demeure toujours un lieu de découverte, d’exubérance, de rêve et d’utopie nécessaire. En 2018, elle fait battre le cœur du temps présent et déchaîne les passions dans sa mise en scène de L’IDIOT de Dostoïevski, roman qu’elle a coadapté avec Étienne Lepage. Sa lecture éclatante de la comédie LES AMOUREUX de Carlo Goldoni (2018), avec sa musique trap (ramification du hip-hop) sur fond de clavecin, crée un objet jouissif, même inquiétant.
 
Catherine Vidal joue du déséquilibre avec adresse. Elle échafaude des édifices uniques sur les socles de la beauté et de la cruauté, de l’humour et de la colère, de la légèreté et de la douleur. Dans ses mises en scène, elle fait montre d’une singulière approche de choix, par laquelle le théâtre et le monde sont questionnés réciproquement.
 
Sa pratique ardente du théâtre est marquée par une impérieuse douceur, renonçant à toute arrogance, à toute certitude définitive, alors qu’elle invite le public à exercer la pleine liberté de son jugement et de sa réflexion. Ses mises en scène nous offrent une représentation savante et accessible, raffinée dans ses formes et intelligible dans son discours, du monde dans lequel nous vivons et de nous-mêmes.
 
Catherine Vidal entretient une relation amoureuse à la fois avec le public assis dans la salle et avec la troupe déployée sur la scène. Son théâtre est impensable sans le désir de celles et ceux qui y vont, et sans celui de celles et ceux qui le fabriquent. Avec ses complices de création, elle redonne à l’aventure théâtrale son sens initial, celle d’une expérience collective.
 
À chacune de ses aventures de création, Catherine Vidal ordonne une véritable fête du théâtre à laquelle l’écoute, le regard, le cœur et l’esprit sont conviés.