
Avec l’équipe de GO et celle de LG2, nous terminions notre première séance de travail en direction de la création de nos visuels de saison. Cette rencontre consiste surtout en une présentation de ma part, tandis que je raconte avec enthousiasme et moult gesticulations les spectacles à venir, dans l’espoir de rendre mon emballement inspirant. Bref, j’avais traversé mon laïus et voilà que, dans un esprit de brainstorm, une question a été lancée : mais si tu devais décrire la saison en deux mots, ce seraient lesquels? Spontanément, j’ai dit : c’est une saison terrible et drôle.
Aussitôt lancé, aussitôt adopté. Pourtant, j’ai ensuite douté. C’était simpliste. C’était court. Mais plus je tournais ces deux mots dans ma tête, plus je reconnaissais la valeur du défi : il avait court-circuité ma tendance à la nuance extrême, à l’adverbe de trop, à l’intellectualisation à outrance. Pour une fois dans ma vie, j’avais été concise.
La saison est bel et bien terrible et drôle, parce que notre époque est terrible et drôle. Vous vivez dans le même monde que moi, vous comprenez, j’en suis certaine. Et devant cet état du monde, lorsque je me tourne vers l’art, c’est mue par deux besoins : celui de regarder cette terreur avec lucidité, refusant l’apaisement aveugle du déni; et celui d’en rire, ou plutôt de lui opposer une joie baveuse et irréductible.
Une saison peut être rempart, elle peut être bombe, elle peut être miroir. La saison 2025-2026 sera, je l’espère, ce dont vous avez besoin, au moment où vous en aurez besoin. En tout cas, nous serons là, obstiné·es dans notre recherche de chemins de traverse aussi honnêtes qu’étonnants, mettant toute notre foi en un art sans compromis et pourtant accueillant. Nous nous tiendrons prêt·es à attraper notre époque dans le détour, à la regarder dans les yeux en la tenant par la barbichette.
Tout ne sera pas comédie, mais on rira, jaune, aux larmes, de colère, de soi, de l’absurdité, de l’illusion, à la face des monstres intérieurs et extérieurs. Et le monde en sera, un moment du moins, moins terrible.
Édith Patenaude
Directrice artistique