
Pour ouvrir cette première saison, je voulais de l’oxygène. Je voulais de la joie. Je voulais respirer mieux tout en regardant l’état du monde sans cligner des yeux. L’époque définit nos besoins. Le mien, en tant que spectatrice, est de voir exprimés la colère et l’espoir qui cohabitent et nous poussent vers l’avant, vers le haut. Ce désir, j’aime à penser qu’il est partagé et que c’est lui qui nous rassemble aujourd’hui. Je sais que je ne suis pas seule à chercher, par osmose, la force d’être, de penser et d’agir librement.
Quand j’ai rencontré Mélodie et Geneviève pour la première fois, j’ai été sciée par leur incarnation totale de cette énergie de laquelle j’étais en quête. J’ai été charmée instantanément par leur indiscipline joyeuse et rigoureuse, par leur vivacité folle, merveilleusement contagieuse. Lorsqu’elle et ielle ont découvert Moi, Jeanne, mon intuition de les accueillir à GO s’est mue en évidence.
C’est que le texte de Charlie Josephine galvanise. Il redonne à une icône l’occasion de s’émanciper de ce qu’on a projeté sur elle et de reprendre le pouvoir sur son récit. L’expression franche de sa non-binarité devient non seulement un phare pour la communauté queer, mais aussi une métaphore puissante du droit de chacune et chacun à être entièrement soi. Cette Jeanne d’Arc sans compromis nous insufle le courage de l’être aussi et d’écouter notre propre vérité, autrement noyée dans le bruit du monde, dans son exigence et son insensibilité.
Je vous souhaite de vous laisser gagner à votre tour par Jeanne, mais aussi par toutes les personnes exceptionnelles et engagées qui ont créé le spectacle. Chacune et chacun a accepté le risque de la recherche et s’est donné comme devoir de prendre de réjouissantes permissions. J’espère que ce premier spectacle téméraire et flamboyant vous contaminera par son énergie et que vous serez soulevé·es comme moi par cet irrésistible élan vers la lumière.
Édith Patenaude
Directrice artistique