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Moi, Jeanne : Extraits de critiques

« Les complices de la compagnie Pleurer dans’douche font une première apparition remarquable entre les murs de l’Espace Go ! Dans la pièce, Jeanne d’Arc est non binaire et à la tête d’une armée queer absolument irrésistible, onze interprètes qui s’engagent corps et âme dans une transe salvatrice. Le spectacle est électrisant, désopilant et fort inspirant. La stupéfiante performance de Gabriel Szabo en Charles VII vaut à elle seule le détour. »

 

Christian Saint-Pierre, Le Devoir

 

 

« Une production percutante, qui s’inscrit dans le désir de la nouvelle directrice de faire « un grand appel d’air » au théâtre.

 

D’emblée, soyons honnête. On allait voir Moi, Jeanne avec un très gros biais… Encore du théâtre à message pour « celleux » qui ne comprennent rien à la révolution identitaire ? Mais peut-on raconter juste une histoire et laisser le public penser par lui-même ? Finalement, ce spectacle nous a fait réfléchir, tout en nous divertissant.

 

L’artiste britannique Charlie Joséphine a eu un très bon flash d’associer l’urgence et la fougue guerrière de Jeanne d’Arc, au nouveau combat sur l’identité de genres, mené par de jeunes militants LGBTQ+, impatients d’en finir avec la société patriarcale.

 

Et si Jeanne d’Arc avait été non binaire ? Voilà la prémisse de la pièce, mise en scène avec aplomb par Geneviève Labelle et Mélodie Noël Rousseau. Leur spectacle juxtapose le médiéval et le contemporain, la caricature et la tragédie, le burlesque et le militantisme. Leur proposition est radicale, voire frontale, mais avec beaucoup d’humour et d’invention.
Sous l’énergique direction de Geneviève Labelle et Mélodie Noël Rousseau, dans la langue colorée de Sarah Berthiaume, la production passe du message sociopolitique au party rave, de la tragédie identitaire à La Ribouldingue. On évoque le mépris patriarcal ; le mansplaining ; les violences sexuelles, l’arrivisme des femmes de pouvoir…

 

Si le texte est pamphlétaire, Charlie Joséphine arrive à raconter l’histoire de la sainte patronne de la France, tout en la remettant en question. On est touché par la quête de sa Jeanne non binaire qui se bat pour la justice. Et le droit d’être soi.

 

Or, ce qui nous a surtout séduit, c’est la forme. Les scènes de batailles chorégraphiées par Alexandre Morin ; la musique enlevante d’Alexander MacSween ; les costumes hallucinants de Wendy Kim Pires ; les éclairages et la scénographie. On baigne dans un charivari de styles, de couleurs et d’intentions assez vivifiant.

 

La distribution de 12 interprètes est inclusive et… fluide. Mentionnons Geneviève Labelle qui incarne à merveille la flamboyante Jeanne ; Thomas, le confident du roi, joué avec vérité et sensibilité par Gabriel Favreau ; sans oublier Gabriel Szabo. À la fois risible et tragique, le comédien est remarquable dans la peau du frivole monarque qui ne cesse de scander son autorité. Une grande performance d’acteur ! »

 

Luc Boulanger, La Presse

 

 

« C’est sous le signe d’une ouverture exaltante, d’une liberté jubilatoire qu’est inaugurée la toute première saison d’Édith Patenaude à la direction artistique du Théâtre Espace Go. Les portes de l’institution s’ouvrent toutes grandes à la relève, à la différence et à une hardiesse vivifiante.

 

L’un des mérites de la partition élaborée par [Charlie] Josephine réside en l’absence de toute lourdeur en ce qui concerne les références historiques. Les repères se limitent à l’essentiel et sont présentés avec autant de brièveté que de limpidité.

 

Le récit est d’ailleurs admirablement servi par Geneviève Labelle, qui interprète le rôle-titre en plus de partager la mise en scène avec sa complice. Sa présence scénique ainsi que sa communion avec le public s’avèrent électrisantes. Son énergie pugnace l’habilite fort bien à mener le bal… presque au sens propre du terme, puisque les batailles de cette guerre de Cent Ans sont remplacées par des danses frénétiques portées par des airs musicaux endiablés.

 

Tout cela confère une ambiance survoltée, tantôt comique, tantôt épique, au spectacle. Les tenues déjantées imaginées par Wendy Kim Pires participent amplement à cette célébration orchestrée avec juste ce qu’il faut de chaos par Labelle et Noël Rousseau. La verve contemporaine et décomplexée concoctée par Berthiaume concourt aussi à la vivacité de l’ensemble.

 

« Issu du Théâtre Expérimental des Femmes (TEF), fondé en 1979 à Montréal, Espace Go est né du désir de femmes artistes de dire et de montrer le monde autrement. », peut-on lire sur le site de l’institution. Moi, Jeanne s’inscrit résolument dans cet esprit, le renouvelant même en incluant la multiplicité des identités de genre. Comment pourrait-on ne pas s’en réjouir ? »

 

Sophie Pouliot, JEU Revue de théâtre

 

 

« Un spectacle fortifiant s’il en est. Et l’on quitte la salle avec un regain d’énergie.

 

Iconoclaste, parfois grand-guignolesque, ludique, irrévérencieux, drôle, la Moi, Jeanne revisitée par la dramaturge anglaise Charlie Josephine dans une traduction de Sarah Berthiaume est une ode à la joie et à la résistance. Un texte qui allait comme un gant aux deux partenaires derrière la compagnie Pleurer Dans’ Douche, Mélodie Noël Rousseau et Geneviève Labelle qui osent bousculer les codes, tous les codes, ceux du théâtre entre autres, comme ceux du genre.

 

Sur scène, les 12 interprètes s’en donnent à cœur joie. On danse aussi sur scène où les scènes de guerre s’inspirent des party rave et la chorégraphie joue sur les deux tableaux de façon remarquable tout comme les scènes de groupe où chacun joue sa partition avec excès et leurs propos n’en sont que plus forts.

 

En tant que spectateur, nous sommes emportés dans cette fausse tragédie-comédie à tout point de vue mais si nous prêtons l’oreille, nous sommes interrogés, si ce n’était pas déjà fait, par la place encore de second plan que l’on concède aux femmes, mais aussi sur l’identité, qu’elle soit sexuelle ou de genre, sur ce désir impérieux de résister à toutes les injonctions auxquelles on devrait se conformer pour acquérir ce qui est dans nos sociétés le plus difficile, être profondément soi-même loin de tous les diktats masculins.

 

Alors soyons toustes des Jeanne… et peut-être que le monde s’en porterait mieux. Et pour nous aider à le devenir, c’est simple, aller à l’Espace Go. »

 

Denis-Daniel Boulé, Fugues

 

 

« Je n’avais personnellement pas été aussi secouée par une œuvre théâtrale depuis que La Licorne présentait, au début des années 90, le spectacle culte Cabaret neiges noires.

 

Moi, Jeanne partage avec Cabaret neiges noires la volonté d’éclater les codes de l’art de la scène et la capacité d’incarner sur scène l’essence d’une génération. Mais au contraire de cette première, elle est tout sauf sombre et pessimiste. C’est une œuvre lumineuse qui ouvre le monde des possibles et nous donne le courage de briller en devenant maîtres de notre destin. Moi, Jeanne est une création audacieuse, dynamique, colorée et pleine d’humour. Un incontournable de cette rentrée théâtrale.

 

Le texte du dramaturge anglais Charlie Josephine nous offre une relecture audacieuse où Jeanne d’Arc devient narratrice de sa propre histoire. S’exprimant dans un langage moderne, bien éloigné de celui de son époque, Jeanne y dévoile une identité plus complexe.

 

Sarah Berthiaume n’a pas simplement traduit le texte du dramaturge anglais Charlie Josephine, elle l’a véritablement ancré dans la langue et la culture québécoises. Elle s’est approprié le texte en y intégrant des expressions et des références familières à notre quotidien, notamment à travers une allégorie percutante entre les stratégies au hockey et celles des champs de bataille. Cette adaptation va bien au-delà de la traduction : elle réussit à faire résonner cette œuvre avec la réalité linguistique et culturelle du Québec.

 

Ce qui frappe sans doute le plus dans cette œuvre, c’est la mise en scène audacieuse de Geneviève Labelle et Mélodie Noël Rousseau, marquée par la signature distinctive de leur compagnie de théâtre de création queer et féministe, Pleurer Dans’ Douche, qui a la réputation de beaucoup aimer les accessoires. La spectaculaire mise en scène rend comique ce qui est tragique. Malgré le caractère spectaculaire, militant et parfois caricatural de l’œuvre, l’essence de l’histoire de Jeanne d’Arc n’en est jamais complètement dénaturée.

 

Dès l’ouverture, le public est accueilli par une sélection de douze personnages, vêtus de costumes bigarrés et incarnant une diversité ethnique et de genre rarement vu sur scène. Dans la forme, on est très proche d’un cabaret burlesque moderne. Par exemple — sans tout révéler pour éviter de divulgâcher —, les scènes de batailles sont brillamment évoquées par des chorégraphies exécutées sur la musique de Barbara Bonfiglio (DJ Misstress Barbara) et éclairées par des lumières stroboscopiques.

 

Brisant encore davantage les conventions, les scènes les plus riches en dialogue sont portées par deux personnages dépourvus d’éducation : Jeanne d’Arc (Geneviève Labelle) et Thomas (Gabriel Favreau), l’amant (pas tout à fait consentant) du roi Charles VII. Toustes deux brillent dans leurs rôles respectifs. Jeanne, magnifiquement charismatique, semble réellement illuminée, tandis que Thomas nous plonge dans sa tourmente et l’émancipation que lui inspire Jeanne.

 

Gabriel Szabo, dans le rôle de Charles VII, est d’un comique éclatant, et bien que la caricature soit poussée à l’extrême, son interprétation reste étonnamment fidèle au caractère historique du roi de France.

 

Moi, Jeanne mérite sans aucun doute une longue vie sur scène. C’est une pièce qui mérite d’être vue par toutes, jeune et moins jeune, qui cherche un théâtre dynamique, novateur et résolument engagé. »

 

Geneviève Gauthier, sorstu.ca

 

 

« La pièce originale, qui a connu un grand succès au Royaume-Uni, est traduite par Sarah Berthiaume et mise en scène par Geneviève Labelle et Mélodie Noël Rousseau. L’adaptation québécoise est excellente et les costumes bien trouvés. Sur la scène, dans un décor high tech minimaliste, mais efficace, une douzaine d’artistes très colorés et diversifiés racontent l’histoire de cette jeune fille de 17 ans animée par des pulsions de guerre qui lui sont inspirées du divin.

 

Que Jeanne d’Arc soit non binaire, on s’en doutait déjà. Ainsi, le spectacle Moi, Jeanne s’inscrit bien dans les préoccupations du moment concernant les questions de genre. C’est une œuvre joyeuse et au rythme intense, souvent très drôle, animée, avec des chorégraphies effrénées, et quelques personnages très intéressants. Mon préféré est le roi Charles, obligé à cause de sa petite taille de se hausser sur des chaussures à talons compensés et qui trône sur son fauteuil ringard plutôt destiné à s’endormir devant la télé. Le rôle est très bien interprété, et son passage de l’ennui à l’excitation hystérique est particulièrement réussi.

 

Pour l’humour et l’esthétique du spectacle, on est entre le Sacré Graal! des Monty Python et le côté rabelaisien du Combat de Carnaval et Carême de Brueghel. De l’exagération donc, du grotesque, du carnavalesque, de la caricature très distrayante et qui donne souvent à rire. »

 

Sophie Jama, pieuvre.ca

 

 

« Enlevante, foisonnante de sens, hilarante : Moi, Jeanne | À ne pas manquer!
Cette pièce est un chef-d’œuvre de burlesque et elle mériterait des salles combles, des reprises voire même une tournée!

 

Un humour désopilant, une énergie explosive
Satire, ironie, parodie, danses de bacchanales toutes triomphent sur le mode de la farce quasi moliéresque en parler québécois, certes.

 

Des acteurs excellents rugissant de danses entraînantes
Jeanne d’Arc est incarnée par l’audacieuse Geneviève Labelle et Thomas est le rôle de soutien le plus intéressant à mon avis, car l’excellent Gabriel Favreau incarne l’amant fidèle du roi dit fou ou débile Charles VII, un genre de Charlène sept.

 

Ces personnages irradient d’une belle inspiration en illusoire démence sur scène stroboscopique aveuglante. Jeanne magnétisera, dès l’amorce du spectacle, le public, comme un miroir anamorphique d’une créature d’Avant-Garde. De même resplendira toute la pièce, l’image intériorisée de Thomas qui se cherche une démarche psychologique amoureuse autour du sceptre royal. Le roi-Queer Charles VII est joué par Gabriel Szabo avec un humour surprenant.

 

Rien de moins qu’un chef-d’œuvre de pur divertissement! »

 

Eric Sabourin, lesartsze.com

 

 

« Moi, Jeanne est un spectacle total et réjouissant, à voir absolument. Charlie Josephine aborde les questions de genre avec humour tout en créant une fiction férocement décalée et réaliste. Les êtres trans relèvent de la magie et c’est pour cela qu’ils sont tués, brûlés, sacrifiés sur le bûcher, lance Jeanne d’Arc au public dès le début de la pièce. Ce détournement (ou cette révélation?) historique, truffé d’anachronismes vraiment amusants, est des plus sympathiques. Il mêle tragique et burlesque, le tout dans des costumes d’inspiration médiévale et moderne. La proposition est audacieuse et frontale.

 

La distribution est issue d’une diversité inclusive, au sens large du terme. Côté esthétique, on navigue entre la cour des miracles et une comédie des Monty Python et le résultat obtenu est absolument parfait.

 

Le discours est livré par de bons interprètes et il faut citer Geneviève Labelle qui incarne magnifiquement une Jeanne d’Arc inspirée, Gabriel Szabo qui joue un roi délirant et malgré tout attachant, et Gabriel Favreau qui interprète avec justesse et sensibilité Thomas, le valet du roi, subjugué par l’aura de Jeanne d’Arc.
La mise en scène de Moi, Jeanne est inventive, intense. Elle multiplie les ruptures de ton et les scènes se succèdent sans essoufflement. »

 

Nathalie De Han, Myscena.org