CHANT :
Nigamon en anishinaabemowin
Tunai en inga
NIGAMON TUNAI, titre qui résonne en anishinaabemowin et en inga symbolisant l’union entre les luttes autochtones du Nord et du Sud contre l’exploitation minière. De nombreuses voix s’élèvent depuis des décennies pour prévenir les ravages de l’extraction abusive des ressources sur l’écosystème de la planète, incluant sur la santé des êtres humains. Toutefois, les grandes compagnies minières préfèrent souvent investir à faire taire les opposants, plutôt que d’investir dans des solutions qui tiennent compte de l’intégrité des milieux naturels, et ce pour la santé et le bien-être des futures générations.
Au Québec, on observe une augmentation fracassante de l’octroi de titres miniers, ce qui devrait se traduire par l’ouverture de mines supplémentaires dans les années à venir. En Colombie, les peuples autochtones se battent constamment contre les industries minières qui voient leurs territoires uniquement à travers la lentille capitaliste. Les cosmovisions occidentales et autochtones s’entrechoquent dans cette course contre la montre pour protéger ce qu’il reste de la biodiversité mondiale.
À travers les huit lunes de NIGAMON/TUNAI, Waira Nina et Émilie Monnet deviennent un canal pour faire entendre le territoire, les voix inaudibles ou délaissées, dans la frénésie de notre rapport au temps et à la consommation. Chaque lune reflète un aspect des luttes autochtones pour la protection des territoires, tissant un lien avec les croyances profondes et ancestrales qui soutiennent ces résistances.
PRIMERA LUNA : LES EAUX TROUBLES DE LA COLONISATION
Environ 60% du corps humain est composé d’eau. Serait-ce un raccourci de dire que plus les étendues d’eau sont polluées, plus notre corps est pollué? Malheureusement, de plus en plus d’études montrent une corrélation entre le niveau de pollution des eaux et l’augmentation de certaines maladies. Sans nécessairement passer par des termes scientifiques, les peuples autochtones de partout dans le monde sonnent l’alerte depuis des décennies. Toutefois, comme leurs mots sont empreints de spiritualité et de connexion à la terre, leurs paroles semblent être prises moins au sérieux. Voici donc quelques faits concrets.
À l’échelle internationale, 3 personnes sur 10 actuellement n’ont pas accès à l’eau potable. D’ici 2030, on devrait atteindre 50% de la population mondiale qui sera en situation de stress hydrique, ce qui représente la moitié de la planète qui va avoir de la difficulté à s’approvisionner en eau. Comme la Safe Drinking Water Foundation le mentionne, l’inquiétude publique concernant l’état de l’eau douce est grandissante.
La croissance des activités minières pour répondre à la demande en minéraux de la transition verte n’est pas rassurante en ce sens. En effet, l’eau est fréquemment qualifiée de « victime la plus fréquente de l’exploitation minière ». L’exploitation minière affecte l’eau douce, entre autres, en raison de la forte utilisation d’eau lors du traitement du minerai, de la pollution de l’eau par les effluents miniers rejetés ainsi que des infiltrations dans les bassins de résidus et de stériles.
EAU :
Nibi en anishinaabemowin
Iaku en inga
La vitalité des rivières, des lacs, des aquifères et des tourbières dans les territoires anishinaabe et inga est donc menacée par les activités minières incessantes qui rejettent des tonnes de déchets toxiques dans ces sources d’eau. En Abitibi-Témiscamingue, le projet de lithium de Sayona Mining menace un esker d’eau potable d’une qualité exceptionnelle. Toutefois, ce cas n’est pas unique. En date de mai 2022, 60% de la surface des eskers à l’échelle de la région était recouverte par environ 5000 titres miniers [La nature de l’injustice, 2023].
En Colombie, la compagnie canadienne Libero Cobre, également connue sous le nom de Libero Copper and Gold, menace principalement les territoires inga dans la région de Putumayo. La compagnie a acquis plusieurs titres miniers pour explorer et extraire le cuivre et le molybdène dans la région. Ces activités minières exploratoires affectent déjà le territoire et la rivière Mocoa.
Cette initiative est présentée comme partie d’un projet « vert » visant à soutenir la transition de la Colombie vers des sources d’énergie renouvelable, s’alignant avec les politiques du gouvernement progressiste du président colombien Gustavo Petro. Toutefois, lorsque l’on sait que pour chaque tonne de cuivre extraite, près de 99 tonnes de déchets sont générées [Safe Drinking Water Foundation], contribuant largement à la pollution des eaux, cette transition paraît moins verte.
SEGUNDA LUNA : MÉLODIES DE RÉSISTANCE
Menacées par cette croissance de l’industrie minière, les forêts de la Colombie et du Canada demeurent sacrées pour les nations qui les habitent. Piliers de connaissances et de traditions, les arbres qui chantent et parlent dans NIGAMON/TUNAI deviennent des métaphores puissantes du lien avec des écosystèmes intacts qui est mis en péril.
Au Canada prospèrent toujours des compagnies minières et pétrolières, en Amazonie, sur le territoire du peuple Inga, détruisent des milieux de vie entiers pour en piller les ressources – dont le cuivre, central dans la culture anishinaabe. Amanda Roy, une femme anishinaabe qu’Émilie et Waira ont rencontrée durant leur processus de création, souligne d’ailleurs que les gens ne comprennent pas le coût de ce cuivre.
« Ils déterrent du cuivre pour que le Nord se sente mieux au sujet de son énergie propre. […] ou ce qui est supposé être de l’énergie propre, n’est-ce pas ? »
La voix de Sonia, une femme inga, résonne également dans la forêt de NIGAMON TUNAI en expliquant que si l’on prend le temps de regarder une carte des territoires amazoniens, des territoires des peuples autochtones, tout est divisé en parcelles. Ces divisions entre les peuples facilitent les intérêts d’exploitation et par le fait même « la destruction du territoire ». Cet extractivisme a d’ailleurs un impact considérable sur la spiritualité́ des communautés, leurs cultures et leurs langues.
Au Québec, le territoire ancestral de la Première Nation Anicinape de Longue-Pointe a connu une augmentation brutale de 95% du nombre de titres miniers depuis 2020. Un boom 2,4 fois plus intense que celui sévissant sur l’ensemble de la province. Dans le livre La nature de l’injustice, l’avocat en droit autochtone Rodrigue Turgeon raconte que chaque automne, durant la saison de la chasse, les quelques centaines de membres de cette communauté se retrouvent sur le site culturel au cœur de leur territoire non cédé.
TERRE :
Aki en anishinaabemowin
Alpa en inga
« Les enfants courent, les adultes rient, les Aîné·es enseignent. Nous sommes en pleine nature. Nous sommes sur le claim #CDC2604357. […] Nous sommes chez Narrow River Resources Pty Ltd, une quelconque société australienne d’exploration minière qui en détient 479 autres couvrant les lacs, les tourbières, les forêts et les écosystèmes des alentours propices aux activités traditionnelles. »
Les mémoires de ces terres et de ces eaux continuent de se faire entendre à travers les enseignements des aînés démontrant l’importance de restitution des territoires aux peuples autochtones (land back). En effet, il ne s’agit pas uniquement d’une question de justice, mais bien d’une implication concrète des nations dans la protection durable des territoires favorisant la décolonisation, le souverainisme autochtone et l’autodétermination.
TERCERA LUNA : LE REFLET DU CUIVRE DANS LE CYCLE MINIER
Dans l’industrie minière partout dans le monde, le cuivre est beaucoup associé à l’or. Dans plusieurs cas, là où il y a de l’or, il y a du cuivre. C’est ce qui fait que c’est un métal qui a été autant exploité dans l’histoire de la colonisation. Amanda Roy, l’une des femmes qu’Émilie et Waira ont rencontrées dans leur processus de création, explique notamment que la relation des Anishinaabe avec le cuivre autour des Grands Lacs remonte à très longtemps.
Les Anishinaabe utilisaient le cuivre qu’ils trouvaient sur des monticules de cuivres exposés à la surface de la terre. C’était le cadeau que la terre leur offrait pour qu’ils l’utilisent, l’idée de creuser pour aller en chercher davantage n’était pas dans leur philosophie. Le métal récolté était considéré très précieux et était forgé sous diverses formes.
« Nous nous sentons tous mieux au volant de nos voitures électriques et de nos éoliennes. Mais qu’est-ce que cela a fait dans une autre région, et comment cela a-t-il affecté ces gens ? Quels ont été les dégâts ? »
– Amanda Roy
Malgré qu’au Québec, il n’y a pas de mines qui se consacrent actuellement à l’extraction du cuivre uniquement, le cuivre est une ressource qui a déjà été extrêmement importante dans l’industrie minière québécoise. La première mine de cuivre était à Rouyn-Noranda, en territoire anishinaabe, et elle était reconnue au niveau international. C’était l’un des gisements de cuivre les plus importants dans le monde. Au fil des années, le gisement a tellement été exploité qu’il a fini par être presque entièrement épuisé.
Dans les circonstances, la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda a décidé de se spécialiser dans la transformation du cuivre, comme cette ressource avait fait sa réputation au niveau international. Même si la Fonderie Horne ne fait plus d’extraction, elle demeure l’une des compagnies minières les plus polluantes au monde. La transformation de métaux engendre beaucoup de contamination du territoire environnant. Ces contaminants vont dans l’eau, dans l’air, mais ils vont aussi contaminer les animaux et les humains.
CUIVRE :
Miskwa aki en anishinaabemowin
Kubri en inga
En Colombie, il existe une préoccupation locale significative et une résistance concernant les impacts environnementaux et sociaux de l’extraction du cuivre qu’envisage la compagnie Libero Cobre. La compagnie a découvert que le gisement de Mocoa devrait être l’un des deuxièmes ou premiers plus grands gisements d’Amérique latine.
Malgré que le cuivre soit beaucoup utilisé dans le milieu de l’électronique, le métal à la mode pour la transition énergétique est le lithium. Aujourd’hui, une grande partie des titres miniers actifs sur le territoire de l’Abitibi sont principalement pour l’extraction d’or et de lithium. De plus en plus de titres miniers sont octroyés dans cette région.
CUARTA LUNA : L’ÉCHO DE LA CARAPACE
Mère de l’eau au Sud et Mère de la terre au Nord, la tortue occupe une place importante dans les récits de création de nombreuses nations autochtones. Chez les Anishinaabe, on dit que la terre a été créée sur le dos d’une tortue, un motif récurrent qui illustre la nature fondamentale du monde comme étant un espace vivant et sacré. En Colombie amazonienne, la tortue est vénérée comme la mère de toutes les eaux, ancrée dans le cycle lunaire et intégrée dans la dimension féminine de la vie, liant l’eau, la terre et les étoiles.
Dans la modernité, les cosmologies autochtones qui prônent la protection et la conservation de l’équilibre environnemental sont mises à l’épreuve. Axées sur la durabilité et la transmission des connaissances et des ressources aux générations futures, les philosophies autochtones se heurtent ainsi à la réalité des accords avec les industries extractives. Ces ententes devraient idéalement intégrer les valeurs autochtones de protection de la biodiversité et des écosystèmes.
Au Canada, bien que les peuples autochtones tentent de faire entendre leurs voix et de se battre contre ces méthodes, le système n’est pas encore prêt à les écouter attentivement. Les demandes d’injonction des nations autochtones à l’égard du non-respect de leurs droits par les activités minières sont rejetées en moyenne dans 81% des cas. Du côté des compagnies extractivistes, incluant les minières, elles obtiennent leurs injonctions dans la même proportion pour déloger les Autochtones en travers du chemin [La nature de l’injustice, 2023].
ELLES PONDENT DES OEUFS :
Waawanokewag en anishinaabemowin
Wibus shuraska en inga
Cependant, la pression pour intégrer les marchés de travail modernes et garantir la survie économique immédiate des communautés peut parfois mener à des compromis douloureux. Les leaders autochtones sont souvent confrontés à des choix déchirants entre la protection des territoires ancestraux et la création d’emplois pour leurs communautés par des projets extractifs. Ces dilemmes reflètent une tension profonde entre les pratiques traditionnelles de gestion de la terre et les exigences économiques contemporaines qui peuvent sembler colonisées et néolibérales.
Dans cette tension, l’écho de la carapace de la tortue nous rappelle les responsabilités inhérentes à notre coexistence avec la terre. À travers la musique du yako mama, instrument inga fabriqué à partir de la carapace de tortue, NIGAMON/TUNAI nous invite à réfléchir sur la manière dont nous pouvons honorer et intégrer les connaissances des Premiers Peuples dans les pratiques de développement pour préserver l’essence de ces territoires pour les générations à venir, assurant ainsi la continuité d’un monde où l’équilibre de la vie est respecté.
QUINTA LUNA : HARMONIES BRISÉES
Dans les traditions autochtones, les minéraux nourrissent les arbres, qui à leur tour, soutiennent la vie des animaux —nos frères animaux— dont certains nous offrent leur chair pour notre survie, dans un échange cérémoniel respectueux et réciproque.
Les règlements désuets qui encadrent les industries minières tant au Canada qu’en Colombie brisent cette harmonie, ce cycle. Au Canada, il est facile pour une compagnie d’obtenir un titre minier sur un territoire, alors que les nations autochtones doivent se battre depuis des décennies pour obtenir des titres ancestraux (légalement appelés titres aborigènes) sur des territoires.
Une fois un titre minier acheté, une compagnie peut commencer à faire de l’exploration pour voir s’il y a un potentiel d’exploitation et elle n’est pas dans l’obligation de consulter les nations autochtones. De plus, un titre minier donne un droit exclusif d’exploiter les ressources minières sur cette partie de territoire. Il est important de noter que même si la compagnie n’est pas rendue à l’étape de l’exploitation, et qu’elle est à l’étape de la recherche de minéraux, il y a quand même d’importantes répercussions environnementales.
En chantant leur gratitude envers les différents éléments du territoire, Émilie et Waira nous invitent à écouter attentivement, à entendre les murmures de la terre et à répondre à l’appel de nos ancêtres en prenant des actions concrètes pour protéger et célébrer la vie sous toutes ses formes.
SEXTA : GARDIENNES DES EAUX
Les femmes anishinaabe et inga ont le rôle d’être protectrices de l’eau depuis des millénaires en Amérique. Toutefois, personne ne protège les femmes autochtones de l’industrie minière. Le contexte qui entoure cette industrie favorise notamment l’exploitation sexuelle des femmes et les femmes autochtones en sont parfois victimes. Avec la colonisation, les femmes, qui occupaient un rôle central chez de nombreuses nations autochtones, ont été mises de côté. Cette suppression de la force des femmes facilite la destruction des terres et la pollution des eaux.
Les pratiques des compagnies minières, révélées à travers les témoignages des femmes autochtones rencontrées par Émilie et Waira tout au long de leur processus créatif, montrent un modèle de comportement où le silence des opposants est souvent acheté plutôt que d’adopter des pratiques respectueuses de l’environnement.
« L’implantation radicale du patriarcat a aliéné la place des femmes autochtones. »
– Sipi Flamand, Nikanik e itapian
Depuis près de vingt ans, plusieurs femmes anishinaabe se sont regroupées et ont marché des milliers de kilomètres autour des Grands Lacs pour sensibiliser aux problèmes de pollution de l’eau. Ces Water Walkers avancent tranquillement tenant un récipient de cuivre rempli d’eau, accompagnées par des hommes qui eux portent le eagle staff, signe de leur protection et soutien.
Ce récipient de cuivre rempli d’eau que ces femmes transportent fait écho aux contenants de cuivre que l’on retrouve également chez plusieurs peuples autochtones en Colombie. Le cuivre est utilisé depuis des siècles pour purifier l’eau, entre autres, en raison de ses propriétés antibactériennes et de préservation de l’eau. Gardiennes de ces connaissances et gardiennes des eaux, ces femmes autochtones méritent de réhabiliter leur rôle crucial dans la gouvernance, l’éducation et la gestion des ressources naturelles.
SEPTIMA LUNA : DÉCOLONISATION DE L’EAU À TRAVERS L’AMOUR
Les conséquences dévastatrices de ces activités sur l’environnement et les communautés soulignent l’urgence d’une résistance commune menée, entre autres, par les femmes. L’union symbolique entre les peuples anishinaabee et inga par le titre même de la pièce enrichit cette narrative, faisant écho au combat partagé qui résonne à travers le Nord et le Sud.
En effet, les impacts de la colonisation et de l’industrialisation sur les territoires autochtones permettent tout de même de créer des liens d’amitié et d’amour sincère entre les peuples qui vivent ces réalités. Anik Sioui, une femme wendat qui a fait partie du processus créatif de NIGAMON TUNAI, explique que malgré la distance géographique et culturelle, les liens qui unissent les peuples autochtones sont ancrés dans une appartenance commune à la Terre.
« Hay una parte que aunque nuestras culturas están muy alejadas, nuestros pueblos están a kilómetros, hay muchas cosas que nos unen como pueblos indígenas, como pueblos que pertenecen a la tierra todavía. »
– Anik Sioui
D’ailleurs, le scientifique et militant environnemental David Suzuki affirme que : « lorsque des groupes qui ont vécu des expériences similaires unissent leurs efforts, cette solidarité les rend plus forts. » C’est dans cette union des efforts et des cœurs que réside la véritable force de la décolonisation de l’eau par l’amour. Un processus qui demande non seulement de repenser nos relations, mais aussi de les vivre de manière profondément connectée et respectueuse.
Bien que les réalités du Nord et du Sud soient similaires sur certains points, elles demeurent différentes sur d’autres points. L’empathie et la compréhension mutuelle jouent donc des rôles importants dans la décolonisation de nos interactions à travers ce qu’Émilie et Waira aiment appeler les alliances culturelles.
OCTAVA LUNA : SEMENCES D’ESPOIR
Il ne faut pas oublier que notre mode de vie a considérablement changé sous l’influence de la société de consommation capitaliste, individualiste et extractiviste. Comment pouvons-nous donc, dans le contexte actuel, intégrer les valeurs et principes autochtones à nos réalités ? La décroissance peut être une piste de réflexion qui permettrait de modifier notre manière de consommer et de revoir notre valorisation du matériel qui nous entoure. L’abondance insouciante semble avoir prouvé ses limites et ses conséquences pèsent déjà sur les épaules des sept prochaines générations.
Bien que le concept d’économie verte promette un avenir plus durable, il est souvent piloté par des logiques capitalistes qui continuent de privilégier les bénéfices des compagnies minières au détriment des vies et des droits des peuples autochtones. Dans le livre La nature de l’injustice, Severn Cullis-Suzuki met en lumière cette contradiction : « Nous extrayons des ressources en trop grande quantité, ce qui nous permet de créer des technologies profitables à notre espèce, mais aussi un luxe et une richesse qui dépassent l’imagination – et nos besoins. »
Ce constat souligne l’urgence de redécouvrir et de valoriser à nouveau les valeurs traditionnelles qui enseignent la modération et le respect profond pour la nature. « Ne pas prendre trop » est un principe vital aligné avec le concept des sept futures générations. Ce concept des sept futures générations porté par de nombreuses nations autochtones fait écho au concept de développement durable tel que défini dans le rapport de la Commission Brundtland de 1987 : « Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. »
Peuples allochtones et autochtones s’entendent donc sur ce principe, dans des mots différents, soit par le concept du développement durable ou des sept prochaines générations. Ainsi, nous sommes appelés à semer des graines à l’aide d’actions concrètes en intégrant des valeurs ancestrales dans notre quête d’un développement réellement durable. C’est en réalignant nos actions selon ces principes qui font instinctivement du sens pour nous, qui sont ancrées dans notre mémoire cellulaire, que nous pouvons espérer construire un avenir où les équilibres naturels et humains sont non seulement préservés, mais aussi célébrés.
Véronik Picard
Véronik Picard est originaire de la communauté de Wendake et habite maintenant à Tiohtià :ke/Mooniyaang/Montréal depuis un an. Diplômée d’un baccalauréat en études internationales et langues modernes, Véronik Picard cumule plusieurs années d’expériences tant dans le milieu autochtone canadien que dans l’univers journalistique et médiatique québécois. Après avoir travaillé pour Tourisme Autochtone Québec, elle se déplace à Sydney en Australie où elle soutient les entrepreneurs autochtones canadiens désirant exporter leurs produits à l’autre bout du globe. En revenant à sa terre natale, elle devient journaliste spécialisée en sujets autochtones pour Radio-Canada. Toujours à la recherche de projets qui la passionne, Véronik Picard œuvre maintenant dans le milieu des arts et des cultures autochtones à titre de recherchiste, rédactrice, chroniqueuse et consultante.