Par Yvette Nolan, dramaturge, réalisatrice, actrice et éducatrice algonquine qui a contribué de manière significative à la création et à la représentation du théâtre autochtone au Canada
Hayden King, un universitaire anishinaabe qui enseigne au département de politique de l’Université métropolitaine de Toronto, a déclaré que les Premières Nations avaient une « boussole morale » différente de celle de la culture dominante. Selon lui, il y a trois principales différences chez les Premières Nations : le respect de la communauté avant l’individu, la reconnaissance des femmes en tant que leaders et le sens de l’humilité, qui se définit comme une compréhension de sa place dans le monde comme n’étant ni au-dessus ni en dessous de la nature. Je suis fascinée de la reconnaissance par Hayden du rôle des femmes dans les sociétés autochtones, tout comme j’avais été étonnée d’entendre des anciens lors des rassemblements Idle No More dire aux hommes de se mettre derrière les femmes, au sens propre comme au sens figuré, parce que les femmes dirigeaient désormais. L’une des conséquences de la colonisation est l’oppression des femmes autochtones; notre peuple a appris à haïr et à craindre les femmes.
Le système des pensionnats a brisé des familles, mis fin à des traditions et effacé des coutumes et des enseignements. Les frères et sœurs envoyés dans les pensionnats n’étaient pas autorisés à se parler; les garçons étaient séparés des filles; les frères étaient séparés des sœurs; des règles anti-fraternisation ont été imposées; et il y a eu un bouleversement complet des valeurs communautaires, familiales et claniques. Les pensionnats ont imposé aux élèves les valeurs d’une église qui élevait les hommes au-dessus des femmes et qui enseignait que les femmes étaient impures et inférieures. Les garçons ont donc appris la peur des femmes qui s’est doublée d’un sentiment d’impuissance.
Le système des pensionnats a eu un impact si profond sur les Premières Nations qu’il n’est pas surprenant que les artistes de théâtre autochtones en traduisent l’effet dans leurs œuvres. Un méchant aisément reconnaissable évoluant dans une période bien définie : la Loi sur les Indiens a été modifiée en 1884 pour forcer les enfants à fréquenter l’école et a ouvert la voie à des institutions résidentielles qui étaient souvent administrées par des églises chrétiennes; les derniers pensionnats ont été fermés en 1996. Les siècles de colonisation qui ont mené à la Loi sur les Indiens — au cours desquels les peuples autochtones sont morts de maladies nouvellement introduites, ont été chassés de leurs terres traditionnelles et ont assisté à la quasi-disparition de leur alimentation traditionnelle — ont contribué à la destruction du mode de vie autochtone. Les artistes de théâtre autochtones, qui sont eux-mêmes des survivants ou des descendants de survivants, continuent de révéler ces séquelles […] dans leur travail.
La ROUE MÉDICINALE est un système d’enseignements intimement liés, relatifs aux saisons, aux directions, aux éléments, aux couleurs et aux cycles de la vie. Elle parle de l’équilibre, de l’harmonie et du respect en tant que porteurs de bonheur. Il s’agit d’un ancien système de connaissances traditionnelles que de nombreux peuples tribaux partagent sous des noms différents.
L’expérience continue d’être un principe fondamental des processus d’apprentissage des Anishinaabe. La ROUE MÉDICINALE se présente en quatre quadrants, quatre étant un nombre sacré chez de nombreux peuples tribaux : quatre directions, quatre cycles de vie, quatre saisons, quatre vents et quatre quartiers de lune.
(Documentation dramaturgique réalisée par Katey Wattam, réalisatrice, créatrice et chercheuse d’ascendance anglaise, irlandaise, franco-ontarienne et anishnaabe, pour la première production en langue anglaise d’Imago Théâtre, présentée par le Centaur Theatre dans le cadre de Brave New Looks, 2021)
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