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histoire du colonialisme

HISTOIRE DU COLONIALISME : LIGNE DU TEMPS (PARTIELLE)

 

1492 : En route vers l’Asie de l’Est, Christophe Colomb « découvre » accidentellement l’Amérique. Il s’agirait plutôt d’un premier contact entre les colons européens et les populations autochtones outre-Atlantique.

 

1550 : Charles Quint organise un important débat politique et religieux à Valladolid, en Espagne, au sujet de la colonisation de populations autochtones. L’esclavage et les violences coloniales y sont fortement contestés, ce qui ralentit par la suite l’expansion coloniale espagnole.

 

1605 : Mathieu Da Costa, un Africain libre, accompagne des colons français en Nouvelle-France à titre d’interprète. Arrivé vers 1605, il est généralement reconnu comme première personne noire ayant vécu sur le territoire.

 

1608 : Le Français Samuel de Champlain fonde la colonie de Québec.

 

1629 : Le jeune malgache noir Olivier Le Jeune arrive à Québec en tant qu’esclave d’un commandant britannique. Il est ensuite vendu à un commis français au service des Anglais, puis offert au colon français Guillaume Couillard. Il est baptisé et reçoit une éducation jésuite. Sa mort est inscrite aux registres des sépultures de 1654, où il est qualifié de « domestique ».

 

1685 : Le roi Louis XIV promulgue le « Code noir » afin d’encadrer la pratique déjà existante de l’esclavage dans les colonies françaises de la Caraïbe.

 

1689 : Louis XIV permet l’importation d’esclaves noirs en Nouvelle-France.

 

1701 : Les représentants de la France et d’une trentaine de nations autochtones signent la Grande Paix de Montréal.

 

1709 : L’intendant de Nouvelle-France émet une ordonnance légalisant officiellement l’esclavage de personnes noires et autochtones sur le territoire.

 

1734 : Le 10 avril, un important incendie détruit une partie de Montréal. Marie-Joseph Angélique, une femme noire contrainte à l’esclavage domestique, est accusée d’en être responsable. Le 21 juin, elle est pendue et brûlée sur une place publique. Son bourreau est Mathieu Léveillé, un homme noir provenant de la Martinique et lui aussi maintenu en esclavage.

 

1740 : Le procès de Marguerite Duplessis se déroule à Québec, du 1er au 20 octobre.

 

1759 : À Québec, les Français capitulent devant les forces britanniques, à l’issue de la bataille des plaines d’Abraham.

 

1760 : La capitulation de Montréal officialise la conquête de la Nouvelle-France par la Grande-Bretagne. Les Anglais permettent toutefois aux Français de conserver leurs esclaves.

 

1763 : La Proclamation royale, le cadre constitutionnel qui délimite le territoire de la nouvelle colonie britannique, définit sa structure administrative et encadre les relations entre la Couronne et les Autochtones, est adoptée. Le document prévoit notamment des « territoires indiens » réservés aux peuples autochtones et interdits aux sujets britanniques, mais demeurant à disposition du roi pour un éventuel usage futur.

 

1772 : Au terme du procès Somerset contre Stewart, l’esclavage est déclaré illégal en Angleterre continentale, mais pas dans les colonies britanniques où la pratique se poursuit.

 

1775-1783 : Guerre d’indépendance des États-Unis.

 

1783 : L’Empire britannique reconnaît l’indépendance des États-Unis par la signature du traité de Paris. Par ce traité, la Grande-Bretagne bafoue plusieurs ententes et traités signés avec les Autochtones, notamment en accordant aux États-Unis des terres promises aux Autochtones dans la Proclamation royale de 1763.

 

1789-1799 : Révolution française.

 

1789 : En France révolutionnaire, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen énonce un principe d’égalité des droits à la naissance, mais celui-ci ne s’applique qu’à la France continentale et non pas aux colonies.

 

1791 : La première Assemblée nationale constituante de France promulgue un décret qui affirme que « tout homme est libre en France, et que, quelle que soit sa couleur, il y jouit de tous les droits de citoyen, s’il a les qualités prescrites par la Constitution », mais qui n’abolit pas explicitement l’esclavage.

 

1790 : La Loi impériale est adoptée au Haut-Canada. Celle-ci encourage les loyalistes fuyant les États-Unis à s’y installer avec leurs esclaves, puisque l’esclavage y est permis et que les esclaves sont maintenant un bien exempté de taxe d’importation.

 

1793 : Au Bas-Canada, Pierre-Louis Panet présente un projet de loi dont l’objet est l’abolition de l’esclavage sur le territoire. Continuellement repoussé, il ne fera finalement jamais l’objet d’un vote à la Chambre d’assemblée.

 

1793 : Le 14 mars, Chloe Cooley, une femme noire contrainte à l’esclavage, est attachée de force sur un bateau par son propriétaire. Ce dernier souhaite la vendre dans l’État de New York, par crainte du mouvement abolitionniste au Canada. Cooley résiste si fortement que le procureur général John White est informé de l’incident. Se doutant qu’il s’agit d’une pratique courante, White poursuit le propriétaire pour troubles à l’ordre public.

 

1793 : Le 19 juin, John Graves Simcoe présente un projet de loi à la Chambre d’assemblée du Haut-Canada, dont l’objet est l’abolition de l’esclavage sur le territoire. La Loi visant à restreindre l’esclavage dans le Haut-Canada est adoptée le 9 juillet. Il s’agit d’un compromis entre les abolitionnistes et les propriétaires d’esclaves : la loi n’abolit pas l’esclavage sur le territoire, mais interdit dorénavant l’importation de personnes aux fins d’esclavage.

 

1794 : La Convention nationale de France promulgue le Décret d’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. Cette abolition officielle n’est toutefois pas nécessairement appliquée dans toutes les colonies.

 

1798 : Charlotte, une femme tentant de fuir l’esclavage, est arrêtée à Montréal et refuse d’être reprise par sa propriétaire. Le juge James Monk, sympathisant de la cause abolitionniste, la fait relâcher. Son jugement est fondé sur une formalité qui permet du même coup la libération de prison de Judith, une autre femme forcée à l’esclavage.

 

1798 : En Nouvelle-Écosse, un jury rejette la requête d’un militaire cherchant à établir son titre de propriétaire de Rachel Bross. Le jury déclare que Bross est une servante libre plutôt qu’une esclave. Autour de cette époque, les juges néo-écossais Blowers et Strange rendent plusieurs décisions similaires qui permettent la libération de plusieurs esclaves.

 

1799 : Coup d’État de Napoléon Bonaparte.

 

1802-1804 : Napoléon œuvre à réinstaurer l’esclavage dans les colonies françaises par une série de décrets et de manœuvres militaires.

 

1804 : Le 1er janvier, Haïti déclare son indépendance de la colonie française de Saint-Domingue, après treize ans de rébellion. Il s’agit de la première révolte d’esclaves victorieuse depuis le début de la colonisation européenne. Haïti devient ainsi la toute première république noire.

 

1815 : De retour du Congrès de Vienne, Napoléon décrète la fin de la traite d’esclaves, ce qui n’abolit pourtant pas effectivement l’esclavage.

 

1825 : La France « concède » formellement l’indépendance à Haïti, mais lui impose de rembourser une dette pour perte de revenus. Haïti ne terminera le remboursement de cette dette et de ses intérêts qu’au milieu de 20e siècle. Le montant total équivaudrait à plus de vingt milliards de dollars actuels.

 

1833 : Le 28 août, la Loi sur l’abolition de l’esclavage reçoit l’assentiment royal britannique. Elle sera applicable à toutes les colonies britanniques.

 

1834 : Le 1er août, la Loi sur l’abolition de l’esclavage entre en vigueur dans la totalité des territoires britanniques.

 

1848 : En France, le deuxième et dernier décret d’abolition de l’esclavage, qui met définitivement terme à l’esclavage dans toutes les colonies françaises, est adopté. Le nombre de personnes qui auraient été contraintes à l’esclavage en territoire français pendant les deux siècles de sa légalité est estimé à quatre millions.

 

1850-1864 : Aux États-Unis, la Fugitive Slave Act, loi qui permet aux personnes fugitives du Sud d’être capturées dans les États libres du Nord et retournées à leur propriétaire, est en application. Cette loi incite plusieurs personnes fugitives à fuir au Canada où, depuis 1793, toute personne entrant au territoire est considérée comme libre.

 

1860-1861 : En réaction à l’élection de l’abolitionniste Abraham Lincoln à la présidence des États-Unis, onze États esclavagistes du Sud font sécession de l’Union.

 

1861-1865 : Guerre civile américaine, ayant pour objet le statut de l’esclavage. À son issue, marquée par la capitulation des États esclavagistes du Sud, la pratique est officiellement abolie.

 

1876 : Au Canada, la première loi constitutionnelle est adoptée. Elle accorde notamment au gouvernement fédéral la compétence en ce qui concerne les « Indiens » et leur territoire. La Loi sur les Indiens, qui encadre l’administration de cette compétence, est simultanément adoptée.

 

1880 : Au Canada, une première loi criminalisant les cérémonies et danses traditionnelles autochtones est adoptée.

 

1883 : Le premier ministre canadien John A. Macdonald autorise formellement le système des pensionnats indiens, dont le but est l’assimilation des enfants autochtones.

 

1918 : Au Canada, les femmes de 21 ans et plus obtiennent le droit de vote aux élections fédérales, mais cela exclut les personnes autochtones qui possèdent le statut d’Indien.

 

1928 : En Alberta, la Sexual Sterilization Act, une loi eugénique permettant la stérilisation forcée de personnes jugées « mentalement déficientes » ou appartenant à des « groupes inaptes », est adoptée.

 

1933 : En Colombie-Britannique, une loi équivalente permettant la stérilisation forcée est adoptée. Dans les deux provinces, les femmes autochtones seront surreprésentées parmi les victimes de ces deux lois jusqu’à leur abrogation.

 

1934 : La Loi du cens électoral fédéral prive explicitement du droit de vote les Inuit ainsi que les Indiens inscrits vivant dans les réserves.

 

1950 : Le droit de vote est étendu aux Inuit.

 

1951 : La dernière loi qui interdisait les potlatchs et criminalisait les personnes contrevenantes est abrogée.

 

1951 : Une modification à la Loi sur les Indiens étend le droit de vote aux Autochtones qui renoncent aux exonérations d’impôt au titre de propriété personnelle. La modification impose dorénavant des restrictions de statut en cas de mariage « mixte », ce qui entraîne la perte de statut des femmes autochtones mariées à un homme sans statut.

 

1960 : Le droit de vote aux élections fédérales est étendu à toute personne autochtone, sans condition. Hommes et femmes peuvent dorénavant voter sans devoir renoncer à leur statut.

 

1969 : Le Québec est la dernière province canadienne à octroyer aux Autochtones le droit de vote aux élections provinciales.

 

1969 : Le premier ministre Pierre Elliot Trudeau et son ministre des Affaires autochtones, Jean Chrétien, proposent La politique indienne du gouvernement du Canada (aussi connu sous le nom de « Livre blanc »). Ce document vise à remplacer tous les traités et législations antérieures concernant les Autochtones, dont la Loi sur les Indiens. La réaction est si défavorable que le projet est remisé dès l’année suivante.

 

1972 : En Alberta, la Sexual Sterilization Act est abrogée.

 

1973 : En Colombie-Britannique, la loi équivalente est abrogée.

 

1975 : La Convention de la Baie-James et du Nord québécois est signée par le gouvernement québécois et des représentants cris et inuit du Nord-du-Québec, ce qui mène à l’expansion d’Hydro-Québec sur leurs territoires.

 

1976 : Par la Convention du Nord-Est québécois, les Naskapis rejoignent l’accord sur la Baie-James.

 

1982 : Une nouvelle loi constitutionnelle canadienne est adoptée. Elle définit notamment trois catégories d’Autochtones : les « Indiens » (Premières Nations), les Métis et les Inuit. La nouvelle Charte canadienne des droits et libertés qui y est enchâssée réitère le maintien des droits et libertés accordés aux peuples autochtones dans des traités et accords comme la Proclamation royale.

 

1990 : Du 11 juillet au 26 septembre, les Warriors mohawks résistent aux policiers de la Sûreté du Québec et de la Gendarmerie royale canadienne, puis à l’armée canadienne, afin de protéger le territoire non cédé de Kanehsatà:ke. Couramment nommée « Crise d’Oka », cette occupation hautement médiatisée et tendue répond à la décision unilatérale du maire d’Oka d’accorder à un promoteur allochtone un permis de développement immobilier en territoire occupé par les Mohawks. Bien que le projet ait été annulé dans la foulée des manifestations et que le territoire revendiqué ait été acquis par le gouvernement fédéral, il n’a toujours pas été constitué en réserve ni officiellement transféré au peuple mohawk.

 

1996 : Le dernier pensionnat indien du Canada ferme.

 

2007 : La Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples autochtones est adoptée par son Assemblée générale. Quatre nations votent contre : l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis et le Canada.

 

2008-2015 : Commission de vérité et réconciliation du Canada. Son rapport est accompagné de 94 appels à l’action destinés aux gouvernements, aux établissements religieux et d’enseignement, aux groupes de la société civile et à tou·tes les Canadien·nes.

 

2012 : En Saskatchewan, le mouvement Idle No More est créé par Jessica Gordon, Sylvia McAdam, Sheelah McLean et Nina Wilson, face à l’adoption d’une loi fédérale omnibus mettant en péril les territoires autochtones ancestraux et ceux des réserves. Au Québec, Widia Larivière et Melissa Mollen Dupuis deviennent rapidement porte-paroles du mouvement.

 

2015-2019 : Au Canada, l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées se tient. Son rapport est accompagné d’un rapport complémentaire spécifique aux enjeux rencontrés dans la province du Québec. 231 appels à la justice distincts s’adressent aux gouvernements, aux institutions, aux fournisseurs de services sociaux et à l’industrie, mais aussi à l’ensemble des Canadien·nes.

 

2016-2019 : Le gouvernement du Québec institue la Commission d’enquête sur les relations des Autochtones avec certains services publics au Québec (surnommée Commission Viens, d’après son président Jacques Viens). Son rapport final contient 142 appels à l’action.

 

2019 : Le gouvernement fédéral canadien adopte la Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis, qui reconnaît la compétence et les droits des peuples autochtones en matière de services à l’enfance et à la famille.

 

2020 : En Colombie-Britannique, un mouvement de contestation d’un projet d’oléoduc devant traverser le territoire ancestral du peuple Wetʼsuwetʼen culmine en blocus du territoire. La construction de l’oléoduc, considérée comme étant une activité essentielle, se poursuit pendant la pandémie de COVID-19.

 

2020 : Joyce Echaquan, une femme Atikamekw de 37 ans, meurt au Québec à la suite de mauvais traitements reçu à l’hôpital. Le rapport de la coroner indique que le décès aurait été « évitable ».)

 

2021 : Dans la foulée du rapport de la Commission de vérité et réconciliation, qui fait état de 3 201 morts confirmées parmi les enfants ayant fréquenté le système des pensionnats, plusieurs communautés autochtones mènent leurs propres recherches afin de localiser les corps. En mai, les ossements de 215 enfants sont exhumés du site du pensionnat de Kamloops, le plus grand établissement du système. Depuis, plus d’un millier de corps ont été localisés. Les recherches sont toujours en cours à travers le territoire.

 

 

 

 

Dossier dramaturgique réalisé par Marilou Craft

Artiste, autrice, traductrice, éditrice et conseillère dramaturgique

 

 

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