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Tennessee Williams

Un Tramway nommé Désir

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Écrivain et dramaturge américain, Tennessee Williams (pseudonyme de Thomas Lanier Williams) est né à Columbus (Mississippi, Etats-Unis) le 26 mars 1911.
 
Il est l’auteur de deux recueils de poèmes: Dans l’Hiver des villes (1956) et Androgyne, mon amour (1977); de deux romans: Le Printemps romain de Mrs. Stone (1950) et Une femme nommée Moïse (1975); de cinq volumes de nouvelles: One Arm (1948), Hard Candy (1954), The Knightly Quest (1966), Eight Mortal Ladies Possessed (1974), It Happened the Day the Sun Rose (1982) réunies en français sous le titre Tennessee Williams : Toutes ses nouvelles; d’une douzaine de scenarii, d’un livret d’opéra, d’une autobiographie: Mémoires (1975), d’essais : Where I Live (1978) et d’articles, il reste surtout le dramaturge qui, à travers plus de vingt-cinq longues pièces et une quarantaine de pièces en un acte — voir Vingt-sept charrettes pleines de coton et autres pièces –, a suscité les superlatifs (l’homme de théâtre le plus célèbre et le plus riche des États-Unis et, selon le mot du critique Walter Kerr, « le meilleur — au diable les réserves! ») et représenté pendant plus de quinze ans, du milieu des années 40 au début des années 60, l’un des deux pôles du théâtre américain du XXe siècle, face à Arthur Miller. Le cinéma, enfin, a donné à ses œuvres — dont la plupart ont été filmées avec talent par Richard Brooks, Joseph Mankiewicz, John Huston ou encore Joseph Losey et interprétées par de prestigieux acteurs comme entre autres Marlon Brando, Vivien Leigh, Elizabeth Taylor, Paul Newman ou Ava Gardner — une renommée universelle.
 
Tom Williams voit le jour dans le Sud profond des Etats-Unis — qui ne survit qu’en soumettant la réalité à la métamorphose du mythe, auquel, comme William Faulkner, il aura beaucoup contribué. Après une vie paradisiaque dans sa petite ville natale, où son grand-père maternel est pasteur épiscopalien, il ne peut que se détourner de la réalité qui s’impose à lui: celle d’une famille divisée (sa mère rêve sa vie au lieu de la vivre alors que son père ne s’intéresse qu’à l’alcool et au jeu), de la solitude (il doit garder la chambre plus d’un an à la suite d’une crise de diphtérie) et de la pauvreté (qu’il découvre quand son père emmène la famille à Saint Louis, en 1918, dans un quartier laid et populaire). En 1919, atteint de diphtérie, il est pratiquement immobilisé pendant deux ans. Il prend alors conscience de sa différence (ses bonnes manières et son accent du Sud) et de sa sensibilité (délicate et efféminée). Il est déchiré par ce qu’il découvre en lui: « Un mélange de tendances — puritain et cavalier — qui est peut-être à l’origine du conflit d’impulsions que je peins souvent dans les personnages que je crée. »
 
L’œuvre projette en effet ce monde intérieur cassé et joue le rôle d’exorcisme, dans l’espoir que l’artiste trouvera le salut refusé à l’homme. Il commence à écrire à onze ans, l’année où il fait la connaissance d’une voisine de son âge, Hazel Kramer, le « grand amour de ma vie ». Son père les sépare et il sombre dans le désespoir quand il apprend le mariage de son amie. À partir de là, écrire devient un « fatal besoin ». En 1928, à dix-sept ans, il publie son premier texte dans le magazine Weird Tales. Il fréquente un temps l’université mais doit abandonner, faute de moyens. Son accent du Sud lui vaut le surnom moqueur de « Tennessee », qu’il adoptera par la suite comme nom de plume, en hommage aux origines de son grand-père.
 
En 1928, il voyage en Europe avec son grand-père maternel, voyage pendant lequel il découvre son homosexualité. De retour aux Etats-Unis, il vit la bohème entre la Nouvelle-Orléans et Hollywood, exerçant divers petits métiers mais commençant aussi à écrire ses premières pièces. Il trouve ses trois maîtres en littérature: Anton Tchekhov, Hart Crane et D. H. Lawrence.
 
En 1941, lorsque les États-Unis entrent en guerre, il est réformé en raison de son dossier psychiatrique et de son homosexualité.
 
En 1943, sa chère sœur Rose, enfermée depuis 1937 dans un sanatorium après des accusations d’attouchements sexuels et déclarée atteinte de schizophrénie, subit une lobotomie qui la laisse gravement diminuée. Il décide de la prendre en charge, et garde toute sa vie la peur de devenir fou à son tour. Hanté par la culpabilité, il rompt avec sa famille et transforme son nom, Thomas Lanier, en Tennessee Williams.
 
La même année, il est engagé à Hollywood par la Metro Goldwyn Mayer pour des travaux de réécriture. Il en profite pour transposer l’histoire de sa sœur dans une pièce de théâtre en un acte, LA MÉNAGERIE DE VERRE, créée à Chicago à la fin de 1944 puis jouée le 31 mars 1945 à Broadway: « Depuis ce moment-là, devait écrire le New York Times vingt ans après, le théâtre américain, en fait le théâtre mondial, n’a plus jamais été le même. »
 
Timide et secret, haïssant le succès dont il ne peut bientôt plus se passer, Tennessee Williams traverse dès lors les amitiés (de Carson McCullers à Anna Magnani) et les liaisons homosexuelles sans jamais cesser d’écrire, reprenant ses œuvres sous des formes successives, touché par ses échecs (dont celui de sa pièce la plus ambitieuse, CAMINO REAL, 1953) mais remportant plus de triomphes qu’aucun dramaturge américain. En vingt-quatre ans, dix-neuf de ses pièces sont créées à Broadway. Citons notamment: UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR (1947, mis en scène par Elia Kazan et adaptée en France par Jean Cocteau), LA ROSE TATOUÉE (1951), LA CHATTE SUR UN TOIT BRÛLANT (1955), LA DESCENTE D’ORPHÉE (1957), SOUDAIN L’ÉTÉ DERNIER (1958),DOUX OISEAU DE JEUNESSE (1959, adaptée en France par Françoise Sagan), LA NUIT DE L’IGUANE Nuit (1961). Deux de ces pièces, UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR et LA CHATTE SUR UN TOIT BRÛLANT, seront récompensées par le Prix Pulitzer.
 
Toutefois, miné par l’abus de calmants et de drogues, solitaire et assailli par d’injustes critiques, il sombre progressivement tout au long des années ’60. Émergeant à grand-peine de ce naufrage, il achève son œuvre sur le mode mineur avec VIEUX CARRÉ (1977) et CRÈVE COEUR (1979).
 
Dans la nuit du 24 février 1983, à New York, Tennessee Williams meurt dans une chambre d’hôtel, comme Eugene O’Neill, sur une dernière ironie : étouffé par le bouchon d’un tube de médicaments.
 
Son apport au théâtre, où il apparaît comme l’un des seuls grands poètes tragiques du XXe siècle, est considérable. Dans son œuvre, qui tient de l’expressionnisme et de la poésie visionnaire, l’homme est mis en accusation (joueurs de cartes vulgaires, brutes racistes) et sublimé dans ses moments de désespoir (Big Daddy découvrant qu’il va mourir, dans LA CHATTE SUR UN TOIT BRÛLANT) ou de tendresse (les deux gosses de Propriété condamnée, 1945). C’est l’aspect romantique de cet écrivain pour qui « toute œuvre créatrice, toute vie en un sens, est un cri du cœur ». Ensuite Dieu fait l’objet d’une redéfinition capitale. À la divinité de vengeance et de colère de l’Ancien Testament vient se substituer le principe d’amour et de tendresse du Nouveau Testament (« La cruauté délibérée est le seul crime impardonnable », dit Blanche dans UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR). L’œuvre devient l’instant où l’homme a la révélation qu’il lui incombe de jouer le rôle de Dieu par un geste d’amour dans un monde où ce rôle n’est pas distribué. Enfin la technique utilisée, qui est très racinienne (privilégiant les rôles féminins, réduisant l’intrigue à peu de matière et la faisant commencer près de l’instant de la crise) s’appuie sur l’union très rare de l’expressionnisme (suggérant une vérité subjective basée sur les émotions) et de la poésie visionnaire.
 
 
Source : https://xn--rpubliquedeslettres-bzb.fr/williams.php
  

Bibliographie

 
PIÈCES MAJEURES
1944 : LA MÉNAGERIE DE VERRE | THE GLASS MENAGERIE
1947 : UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR | A STREETCAR NAMED DESIRE
1948 : ÉTÉ ET FUMÉES | SUMMER AND SMOKE
1951 : LA ROSE TATOUÉE | THE ROSE TATTOO
1953 : CAMINO REAL
1955 : LA CHATTE SUR UN TOIT BRÛLANT | CAT ON A HOT TIN ROOF
1957 : LA DESCENTE D’ORPHÉE | ORPHEUS DESCENDING
1958 : SOUDAIN L’ÉTÉ DERNIER | SUDDENLY LAST SUMMER
1959 : DOUX OISEAU DE JEUNESSE | SWEET BIRD OF YOUTH
1960 : PERIOD OF ADJUSTMENT
1961 : LA NUIT DE L’IGUANE | THE NIGHT OF THE IGUANA
1963 : LE TRAIN DE L’AUBE NE S’ARRÊTE PLUS ICI | THE MILK TRAIN DOESN’T STOP HERE ANYMORE
1964 : THE ECCENTRICITIES OF A NIGHTTINGALE (réécriture de SUMMER AND SMOKE)
1965 : THE MUTILATED
1968 : LE PARADIS SUR TERRE (THE SEVEN DESCENTS OF MYRTLE – KINGTDOM OF EARTH)
1969 : TOKYO BAR (IN THE BAR OF A TOKYO HOTEL)
1969 : WILL MR. MERRIWEATHER RETURN FROM MEMPHIS?
1969 : OUT CRY
1972 : SMALL CRAFT WARNINGS
1973 : THE TWO-CHARACTER PLAY
1975 : THE RED DEVIL BATTERY SIGN
1976 : THIS IS (AN ENTERTAINMENT)
1977 : VIEUX CARRÉ
1978 : A LOVELY SUNDAY FOR CREVE COEUR
1980 : CLOTHES FOR A SUMMER HOTEL
1980 : THE NOTEBOOK OF TRIGORIN
1981 : SOMETHING CLOUDY, SOMETHING CLEAR
1982 : A HOUSE NOT MEANT TO STAND
1983 : IN MASKS OUTRAGEOUS AND AUSTERE
 
 
 
PIÈCES EN UN ACTE
L’œuvre de Tennessee Williams compte une quarantaine de pièces dont…
1935 : CAIRO! SHANGHAI! BOMBAY!
1940 : BATAILLES D’ANGES | BATTLES OF ANGEL
1946 : 27 REMORQUES PLEINES DE COTON | 27 WAGONS FULL OF COTTON
1946 : PORTRAIT D’UNE MADONE | PORTRAIT OF A MADONNA
1953 : PARLE-MOI COMME LA PLUIE ET LAISSE-MOI ÉCOUTER | TALK TO ME LIKE THE RAIN AND LET ME LISTEN…
 
 
 
ROMANS
1950 : Le Printemps romain de Mrs Stone | The Roman Spring of Mrs Stone
1975 : Une femme nommée Moïse | Moise and the World of Reason
 
 
 
POÉSIE
1956 : In the Winter of Cities
1977 : Androgyne, Mon Amour
 
 
 
AUTOBIOGRAPHIE
1975 : Mémoires d’un vieux crocodile | Memoirs
 
 
 
ADAPTATIONS CINÉMATOGRAPHIQUES
1950 : La Ménagerie de verre (Glass Menagerie) de Irving Rapper, avec Jane Wyman, Kirk Douglas, Gertrude Lawrence
1951 : Un tramway nommé Désir (A Tramway named Desire) d’Elia Kazan, avec Vivien Leigh, Marlon Brando, Karl Malden et Kim Hunter
1955 : La Rose tatouée (The Rose Tattoo) de Daniel Mann, avec Anna Magnani, Burt Lancaster
1956 : La Poupée de chair (Baby Doll) d’Elia Kazan, avec Carroll Baker, Karl Malden, Eli Wallach; (scénario original de Tennessee Williams)
1958 : La Chatte sur un toit brûlant (Cat on a hot tin Roof) de Richard Brooks, avec Elizabeth Taylor, Paul Newman, Burl Ives
1959 : Soudain l’été dernier (Suddenly Last Summer) de Joseph Mankiewicz, avec Elizabeth Taylor, Katharine Hepburn, Montgomery Clift
1960 : L’Homme à la peau de serpent (Orpheus Descending) de Sidney Lumet, avec Marlon Brando, Anna Magnani, Joanne Woodward
1961 : Été et Fumées (Summer and Smoke) de Peter Glenville, avec Laurence Harvey, Geraldine Page, Rita Moreno
1961 : Le Visage du plaisir (The Roman of Mrs Stone) de José Quintero, avec Vivien Leigh, Warren Beatty
1962 : Doux oiseau de jeunesse (Sweet Bird of Youth) de Richard Brooks, avec Paul Newman, Geraldine Page
1962 : L’École des jeunes mariés (Period of Adjustment) de George Roy Hill, avec Anthony Franciosa, Jane Fonda, Jim Hutton
1964 : La Nuit de l’iguane (The Night of the Iguana) de John Huston, avec Richard Burton, Ava Gardner, Deborah Kerr, Sue Lyon
1966 : Propriété interdite (This Property Is Condemned), de Sydney Pollack, avec Natalie Wood, Robert Redford, Charles Bronson
1968 : Boom! (The Milk Train Doesn’t Stop Here Anymore) de Joseph Losey, avec Richard Burton, Elizabeth Taylor, Noel Coward, Joanna Shimkus
1970 : Last of the Mobile Hot Shots (en) de Sidney Lumet, avec James Coburn, Lynn Redgrave
1987 : La Ménagerie de verre (Glass Menagerie) de Paul Newman, avec John Malkovich, Joanne Woodward, Karen Allen
2013 : Blue Jasmine (adaptation de A Tramway named Desire) de Woody Allen avec Alec Baldwin, Cate Blanchett