Billetterie

Le mythe d’Andromaque

Projet Andromaque

Retour à la pièce

LE TRAITEMENT DU MYTHE D’ANDROMAQUE DANS LA LITTÉRATURE ANTIQUE
 
Le sujet du mythe d’Andromaque a été repris par de nombreux auteurs, dès l’Antiquité. Voici les principales sources dont s’est inspiré Racine.
 
 

Homère (IXe siècle av. J.-C.)

 
ILIADE (chants VI et XXII)
 
Dans le chant VI de l’ILIADE (v. 393-502), le poète grec nous présente la scène des adieux d’Andromaque et d’Hector. C’est là que Racine a sans doute puisé une partie de son inspiration. Hector y évoque la mort des siens, la nécessité de lutter contre Achille et l’obligation, pour son épouse, d’élever son fils en digne héritier du guerrier émérite qu’est son père. Andromaque, elle, se lamente de le voir partir. Elle craint la mort prochaine de son époux, Hector, et pressent la victoire d’Achille qui a triomphé auparavant de ses sept frères. Le chant XXII (v. 459-515) nous montre la femme éplorée qui, lorsque Priam ramène le corps de son mari, pleure son époux défunt tout en devinant les malheurs qui vont accabler Astyanax, leur fils.
 
Racine réutilise donc ces traits pour peindre une mère inquiète et éplorée (I, 4, 373-377; III, 6, 925-946 ; III, 8,1014-1036) et mettre en évidence ce qui, au XVIIe siècle, paraît essentiel, la dimension affective et psychologique du personnage.
 
 
 

Euripide (Ve siècle av. J.-C.)

 
ANDROMAQUE
 
Le dramaturge grec a écrit une ANDROMAQUE dont l’intrigue ne fait jamais apparaître sur scène Pyrrhus, le fils d’Achille. Mais il oppose Andromaque, veuve d’Hector devenue concubine de Pyrrhus et mère d’un fils, à Hermione, femme légitime, mais stérile et abandonnée. Hermione, déçue et blessée, ainsi que Ménélas, venu à Buthrot pour aider sa fille, veulent se débarrasser d’Andromaque. Celle-ci, effrayée, appelle à son aide Pélée, le grand-père de Pyrrhus, qui accepte de protéger Andromaque et son fils. Ménélas repart pour Troie, et Pyrrhus est assassiné par Oreste et ses amis dans le temple d’Apollon où il tente de se réconcilier avec le dieu. Hermione meurt à son tour, et Andromaque est sauvée par l’intervention de Thétis venue demander à Pélée d’enterrer Pyrrhus puis de la rejoindre parmi les immortels en laissant Andromaque épouser Hélénos, roi de Molossie.
 
Si l’histoire contée par Euripide est très différente, Racine a cependant pu lui emprunter le récit de la mort de Pyrrhus, entouré par les conjurés puis assassiné au pied de l’autel (Euripide, v. 1085-1161; Racine, v.1495-1520).
 
 
LES TROYENNES
 
Euripide a également écrit LES TROYENNES. Dans cette pièce, il raconte les suites immédiates de la guerre de Troie. Au pied des murs de la ville détruite, alors qu’Athéna et Poséidon décident de faire mourir tous les soldats achéens , les Grecs se partagent le butin et tirent au sort les Troyennes faites prisonnières2. Andromaque revient ainsi à Pyrrhus, Cassandre à Agamemnon, Polyxène à Achille. Alors qu’Astyanax est précipité du haut des remparts de la ville, « lancé comme un disque du haut des tours », Polyxène est exécutée sur la tombe d’Achille. Ménélas repart avec Hélène qu’il veut tuer pour se venger, Agamemnon épouse Cassandre, et Andromaque doit suivre Pyrrhus. Puis les murs de Troie s’effondrent.
 
Dans les vers 634 à 683 des TROYENNES, Andromaque rappelle à la fois son attachement à Hector et son horreur d’être « esclave dans la maison des meurtriers des [s] iens ». Elle offre également aux spectateurs une plainte déchirante lorsqu’elle apprend que l’on va précipiter son fils du haut des remparts (v. 740-777). Cependant, la veuve d’Hector laisse le tombeau de son mari derrière elle, au pied des murs de la ville. Résignée, elle termine ses lamentations en renonçant à la lutte :
« Les dieux veulent notre perte et je ne puis empêcher la mort de mon fils. »
 
Racine a pu s’inspirer de ces passages lorsqu’il a prêté à son Andromaque des expressions d’attachement indéfectible à son époux défunt ainsi qu’un amour maternel affirmé.
 
 
IPHIGÉNIE EN TAURIDE
 
Dans IPHIGENIE EN TAURIDE enfin, le dramaturge grec reprend d’autres éléments de la mythologie. Iphigénie, devenue prêtresse d’Artémis, doit mettre à mort tous les étrangers. Reconnaissant son frère (Oreste) parmi les deux visiteurs qu’elle doit sacrifier, elle les épargne et s’enfuit avec eux. Cette pièce fait également apparaître le compagnon d’Oreste, Pylade, présenté comme un ami sincère et véritable, disant par exemple à Oreste :
 
« Si tu meurs, l’existence est pour moi un opprobre » (v. 674-675).
 
 
Racine conserve donc cette relation forte entre les deux hommes puisque, dès la première scène, les deux amis réaffirment sans ambages leur proximité. De plus, lors du dénouement, c’est Pylade qui soustrait Oreste à la poursuite des vengeurs de Pyrrhus.
 
 
ORESTE
 
Enfin, c’est à la pièce consacrée au fils d’Agamemnon, ORESTE, que Racine emprunte l’épisode de la folie du personnage.
 
 
 

Virgile (vers 70 – vers 19 av. J.-C.)

 
ÉNEIDE
 
Dans le livre II de L’ÉNEIDE du poète latin Virgile, le portrait de Pyrrhus est en effet très développé. Le guerrier est présenté dans toute sa cruauté, « ivre de carnage »…
 
 
 

Sénèque (vers 4 av. J.-C. – vers 65 apr. J.-C.)

 
TROADE
 
Racine fait également allusion à la TROADE dans la première préface d’ANDROMAQUE. Dans ce texte du philosophe latin Sénèque, Andromaque voit son mari en rêve. Celui-ci lui ordonne de sortir « de son sommeil », de cesser de se lamenter sur la chute de Troie, puisque nul ne peut plus l’empêcher, et de s’enfuir pour sauver son fils.