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Marguerite Duras

« J’ai découvert que le livre c’était moi. Le seul sujet du livre, c’est l’écriture. L’écriture c’est moi. Donc moi, c’est le livre ».
 
– Marguerite Duras

 
 

Marguerite Duras est née Marguerite Germaine Marie Donnadieu le 4 avril 1914 à Gia Dinh, près de Saigon en Indochine.
 
 
L’ENFANCE COLONIALE
 
Ses parents se sont portés volontaires pour travailler dans les colonies de Cochinchine. Le père, Henri Donnadieu, est directeur de l’école de Gia Dinh, près de Saigon. La mère, Marie, y est institutrice. Ils ont trois enfants : Pierre, Paul et Marguerite. Atteint par la dysenterie, son père part se faire hospitaliser en métropole. Marguerite a 7 ans lorsqu’il meurt. En 1928, la mère achète une des terres que l’administration coloniale incite à posséder. Trompée dans son acquisition, elle en sort ruinée et reprend l’enseignement. Cette expérience marquera profondément Marguerite et va lui inspirer nombre d’images fortes de son œuvre (Un barrage contre le Pacifique, L’Amant, L’amant de la Chine du nord).
 
En 1930, Marie Donnadieu trouve une pension et un lycée à Saigon, pour que sa fille puisse suivre des études secondaires. Son baccalauréat de philosophie acquis, Marguerite quitte l’Indochine en 1933, pour poursuivre ses études en France.
 
 
L’ÉCRITURE
 
À Paris, elle s’inscrit à la faculté de sciences politiques où elle rencontre le poète Robert Antelme. La guerre déclarée, Marguerite et Robert se marient le 23 septembre 1939. Le couple s’installe rue Saint- Benoît, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Marguerite est enceinte. Elle accouche d’un garçon mort-né. En 1942, elle trouve un emploi au Comité d’organisation du livre où elle fait la connaissance de l’intellectuel et écrivain Dionys Mascolo qui devient son amant.
 
En 1943, l’appartement du couple devient vite un lieu de rencontres d’intellectuels où l’on discute littérature et politique. Marguerite se met à écrire et publie son premier roman Les Impudents. Elle le signe sous le nom de Duras, le village où se trouve la maison paternelle. Elle rejoint la résistance avec Robert et Dionys, dans le réseau dirigé par François Mitterrand (alias Morland). Le 1er juin 1944, leur groupe tombe dans un guet-apens. Robert est arrêté par la Gestapo. Marguerite Duras réussit à s’échapper. En août, Paris se libère. Son nouveau roman, La Vie tranquille, est publié en décembre.
 
Marguerite attend le retour de son époux. À la Libération, en 1945, Dionys, aidé par Mitterand, va le chercher au camp de Dachau. Antelme est moribond. Avec le secours d’un médecin, Marguerite Duras le soigne.
 
Marguerite divorce le 24 avril 1947 pour vivre avec Dionys. Un fils, nommé Jean, naît le 30 juin de la même année. En 1950, la perte du Vietnam comme colonie française contraint sa mère à revenir en France. C’est alors que Duras est révélée par un roman d’inspiration autobiographique, Un barrage contre le Pacifique, qui paraît en juin. Sélectionné pour le Prix Goncourt, il le manque de peu. Nourries de son enfance, ses œuvres ultérieures ne cesseront de donner forme à son univers asiatique, où des personnages se débattront pour échapper à leur solitude. Elle paraîtra ainsi réécrire sans cesse les mêmes histoires où plusieurs figures obsédantes vont se rencontrer – Anne-Marie Stretter, le vice-consul, la mendiante, l’amant chinois…
 
 
LE CINÉMA, LE THÉÂTRE ET LE MILITANTISME
 
Elle se sépare de Dionys Mascolo en 1956. En 1958, elle travaille pour des cinéastes, notamment en écrivant le scénario de Hiroshima mon amour avec Alain Resnais. En automne 1960, elle milite activement contre la guerre d’Algérie. Premier succès au théâtre avec la pièce DES JOURNÉES ENTIÈRES DANS LES ARBRES, jouée par Madeleine Renaud en 1965. La multiplication de ses talents la fait maintenant reconnaître dans trois domaines : littéraire, cinématographique et théâtral. Elle met en scène des personnages puisés dans la lecture des faits divers. Elle innove sur le déplacement des acteurs, sur la musicalité des mots et des silences. Fatiguée par l’alcool, elle fait une cure et s’arrête de boire. Pendant « les événements » de mai 1968, elle se trouve en première ligne au côté des étudiants contestataires, proteste contre les injustices, profère des phrases définitives sur le prolétariat.
 
Marguerite Duras touche alors au cinéma parce qu’elle est insatisfaite des adaptations que l’on fait de ses romans. Comme dans son travail pour le théâtre, elle réalise des œuvres expérimentales. Son premier film, Détruire, dit-elle, est tourné en 1969. Ce titre évocateur définit son cinéma : celui du jeu des images, des voix et de la musique. Le 5 avril 1971, elle signe le Manifeste – avec, entre autres, Simone de Beauvoir et Jeanne Moreau – réclamant l’abolition de la loi contre l’avortement.
 
 
L’ALCOOL
 
Duras vit seule dans sa maison de Neauphle. Depuis 1975, elle a renoué avec l’alcool. En 1980, elle est transportée à l’hôpital de Saint-Germain-en-Laye et reste hospitalisée pendant cinq semaines. À son retour, elle écrit à Yann Lemée, un jeune admirateur rencontré cinq ans plus tôt à Caen. Ils se retrouvent à Trouville, elle l’héberge, en fait son compagnon et lui donne le nom de Yann Andréa.
 
En 1981, elle part au Canada pour une série de conférences de presse à Montréal et filme L’Homme Atlantique en prenant son compagnon comme acteur. Parce que sa main tremble, Yann écrit sous sa dictée La maladie de la mort. Elle accepte de faire une cure de désintoxication à l’Hôpital américain de Neuilly en octobre 1982. L’année suivante, Duras dirige Madeleine Renaud dans la pièce de théâtre SAVANNAH BAY qu’elle a écrite pour elle.
 
En 1984, L’Amant est publié et obtient le prix Goncourt. C’est un succès mondial. Il fait d’elle l’un des écrivains vivants les plus lus. De nouveau prisonnière de l’alcool, elle tente en 1987, de donner une explication à son alcoolisme dans son livre La Vie maternelle.
 
 
LES CRIS ET LE SILENCE
 
L’AMANT devient un projet de film du producteur Claude Berri. À la demande de ce dernier, elle s’attelle à l’écriture du scénario, bientôt interrompu par une nouvelle hospitalisation. Elle reste six mois dans le coma. Pendant ce temps, le réalisateur Jean-Jacques Annaud est contacté. Il accepte de réaliser le film et se met à en faire l’adaptation. Se sentant dépossédée de son histoire, elle s’empresse de la réécrire. L’amant du Nord est publié en 1992, juste avant la sortie du film. Elle publie La pluie d’été. Duras a désormais des difficultés physiques à écrire. Cependant, d’autres livres paraissent; ils sont dictés ou retranscrits. Yann recueille ses mots pour un ultime livre qui paraît en 1995 sous le titre C’est tout.
 
Le dimanche 3 mars 1996, à 8 heures, Marguerite meurt au 3e étage du numéro 5 de la rue Saint-Benoît. Elle allait avoir 82 ans. Les obsèques ont lieu le 7 mars, à l’église de Saint-Germain-des-Prés. Elle est enterrée au cimetière du Montparnasse. Sur sa tombe, son nom de plume, deux dates et ses initiales : M D.
 
 

PROPOSITIONS DE LECTURES DE MARGUERITE DURAS PAR ÉRIC VIGNER
 
Un barrage contre le Pacifique (1950, roman, Gallimard)
Le marin de Gibraltar (1952, roman, Gallimard)
Les petits chevaux de Tarquinia (1953, roman, Gallimard)
Moderato Cantabile (1958, roman, Éditions de Minuit)
Hiroshima mon amour (1960, scénario et dialogues, Gallimard)
Le ravissement de Lol V. Stein (1964, roman, Gallimard)
Le Vice-consul (1965, roman, Gallimard))
L’amante anglaise (1967, roman, Gallimard)
Détruire, dit-elle (1969, roman, Éditions de Minuit)
India Song (1973, texte, théâtre, film, Gallimard)
Les lieux de Marguerite Duras (1977, en collaboration avec Michelle Porte, Éditions de Minuit)
Cesaree (1979, film, Films du Losange)
L’homme assis dans le couloir (1980, récit, Éditions de Minuit)
SAVANNAH BAY (1re éd. 1982, 2e éd. augmentée, 1983, Éditions de Minuit)
La maladie de la mort (1982, récit, Éditions de Minuit)
L’Amant (1984, Éditions de Minuit)
La Douleur (1985, P.O.L.)
La vie matérielle (1987, P.O.L.)
La pluie d’été (1990, P.O.L.)
Écrire (1993, Gallimard)
Le monde extérieur (1993, P.O.L.)
C’est tout (1995, P.O.L.)