Billetterie

Entretien avec les interprètes

Les hommes aiment-ils le sexe, vraiment, autant qu'ils le disent?

LES INTERPRÈTES
Denis Bernard + Patrice Godin + Marina Orsini + Isabel Richer
 
 
Qu’est-ce qui vous a plu dans le projet?
 
Isabel
« Rien ne pouvait me déplaire. On ne connaissait pas tous les participants, on n’avait pas de textes, mais on m’a parlé de la question. La réponse m’intéressait. »
 
Patrice
« La base est là, mais on ne sait pas où on s’en va, c’est excitant. »
 
Marina
« Le titre, deux gars, deux filles, quatre auteurs, quatre metteurs en scène; s’offrir tout ça d’un coup, c’est un beau cadeau! »
 
Denis
« Moi, c’est le titre. En l’entendant, je suis parti à rire. J’ai dit : bon, OK, j’embarque. Je le prends comme une aventure sur la condition masculine, content de participer à cette parole importante
qui s’incarne et qui a un rapport profond avec notre identité sociale, culturelle, sexuelle. »
 
Marina
« Une réplique dans un des textes dit : on est condamné à l’orgasme quotidien. On nous renvoie ça quand on ouvre un magazine ou la télé. C’est intéressant de soulever le voile là-dessus. »
 
Patrice
« On sort de Clin d’œil ou de Châtelaine : les 10 meilleures façons de cruiser, d’embrasser, de baiser… »
 
 
Qu’est-ce qui vous a le plus étonnés dans les textes des auteurs?
 
Isabel
« On a tous eu cette impression qu’il y avait de la pudeur dans ces textes. Comme si on voulait que quelque chose soit transgressé pour nous, à notre place. »
 
Denis
« Les metteurs en scène interviennent et, tout à coup, c’est plus hard qu’on pensait. Ces textes sont ancrés dans une réalité précise. On veut se coller au verbe, s’identifier à cette parole. C’est dans notre regard, notre façon de livrer et jouer ça qu’on sera aussi punchés que le titre. »
 
Isabel
« Pourquoi ces quatre voix devraient être sans pudeur alors que la société québécoise est pudique par rapport à la sexualité? »
 
Marina
« Les jeunes de 14 à 19 ans ont une sexualité à mille lieues de la nôtre. »
 
Denis
« Au-delà de mes pires fantasmes! »
 
Marina
« C’est quoi, la limite? Et l’amour, dans tout ça? »
 
Denis
« Malgré notre grande volonté de parole, nous allons être confrontés à nos propres pudeurs. »
 
 
Est-ce que c’est une question de filles?
 
Isabel
« C’est une question à laquelle les gars ont envie de répondre. »
 
Marina
« Entre filles, on parle de cul, de nos relations sexuelles, de nos doutes. Les gars aussi, paraît-il. »
 
Denis
« Je ne suis pas sûr. C’est quelque chose qu’on prend pour acquis : les gars aiment le cul, point final. »
 
Isabel
« Le principe de la table ronde est sûrement plus féminin que masculin. »
 
Denis
« Dans ce sens, oui, c’est un titre de filles. Un titre de gars serait : Vive le cul! »
 
 
Y a-t-il une réponse à cette question?
 
Patrice
« Il y en a autant qu’il y a de personnes. »
 
Denis
« Il y a des points de vue, des expériences. »
 
Marina : Mais on s’y retrouve, on s’identifie, on a tous vécu, vu, entendu… »
 
Patrice
« Moi, j’ai l’impression que aiment-ils le sexe autant qu’ils le disent?, ça dépend du moment. »
 
Isabel
« D’abord, ils ne le disent pas tant que ça. »
 
Denis
« Ils le manifestent. »
 
 
Quelle est votre implication personnelle, comme interprète, au-delà de l’interprétation?
 
Isabel
« Comme interprète, tu n’es jamais seulement porte-parole. Dès que tu dis des mots, ça devient subjectif. »
 
Patrice
« Tu t’engages. Accepter la question, c’est une façon de s’impliquer. »
 
Marina
« On est en train de découvrir c’est quoi vraiment : en répétant, ça devient concret. »
 
Denis
« L’implication, c’est aussi quand tu sors dans la rue, que tu regardes ta blonde, que t’as passé la journée à parler de ça, toutes les implications que ça peut avoir. Ce que le théâtre nous permet
de vivre, ce n’est pas une demi-heure de discussion et on tourne, c’est un mois d’introspection. Ça amène à considérer les choses avec une acuité différente. »
 
Patrice
« Hier, au restaurant, je regardais la serveuse… je veux dire, c’était là avant, mais là, ça prend des proportions! »
 
Denis
« Ça me rassure de t’entendre dire ça. Pour résumer, notre implication est totale. »
 
 

Propos recueillis par Raymond Bertin