Billetterie

Entretien avec Paul Buissonneau

Cabaret des mots

ON INVENTE RIEN, ON RETROUVE CE QUI DOIT ÊTRE…
Entretien avec Paul Buissonneau
 
« J’aime Tardieu pour sa classe! L’humour, pour cet inventeur poète, c’est de la drôlerie fine. Chez lui, le langage rythmé devient musical, ce pourquoi j’ai choisi la forme cabaret (d’où le titre du spectacle). L’idée de théâtre-spectacle, de music-hall agrémenté de courts thèmes musicaux et de chorus, s’est imposée très rapidement; la stratégie du jeu des comédiens fait partie de ce côté spectaculaire. Tardieu exige un travail féroce de notre part à tous… Mon expérience de mime m’a apporté un certain contrôle de la gestuelle, il est évident que c’est ce que cela exige : rigueur et précision. Mon travail est donc de poser des pilotis sur lesquels les comédiens appuient leur interprétation. Il existe une architecture de la scène au théâtre, traversée de fils tendus de part en part. Une partie de mon travail consiste ainsi à y projeter les corps dans une logique que le spectacle possède déjà. On n’invente rien, on retrouve ce qui doit être, c’est tout… C’est ce qui fait le style d’un spectacle, ce qui fait qu’il n’est pas beau, mais qu’il est juste. »

 

« En travaillant le texte, il me venait des images que j’ai trouvées chez le peintre français Rebeyrolle, un peintre d’ailleurs ravi d’être associé à l’œuvre de Tardieu. Ces images sont mises en scène non pas pour illustrer le propos, mais pour intervenir en dialogue avec l’œuvre de Tardieu, en écho au non-dit… Bien souvent, elles arrivent comme des apparitions venues de l’imaginaire des personnages, en contrepoint à leurs visions intérieures… Cela amène à la fois un côté très léger mais également, cela souligne l’angoisse qui surplombe sur toute cette drôlerie… D’un bout à l’autre du spectacle, flottent nos incertitudes face à l’avenir, à la vieillesse, à l’au-delà… rigolo mais pas jojo! comme la vie, quoi! »
 
 
Propos recueillis par Anne-Marie Desbiens