Les règles du savoir-vivre dans la société moderne / Music-Hall
9 janvier au 11 février
2001
LES RÈGLES DU SAVOIR-VIVRE DANS LA SOCIÉTÉ MODERNE met en scène une dame seule face au public. S’appuyant sur les préceptes d’un manuel de bonnes manières, elle nous parle de la vie comme d’une longue suite de choses à régler où chaque problème trouve sa solution pour peu que l’on respecte les usages et les convenances.
Dépassant le clin d’œil amusé sur des codes d’une autre époque, la pièce de Lagarce nous confronte à l’incessant flux de règles et conditionnements qui permettent aux humains d’échapper à l’incertitude, au doute et à la peur de vivre pleinement selon leur nature intime – cette angoissante bête indomptée. Paradoxalement, au centre de toute cette société qu’elle entend gérer, l’oratrice apparaît comme un être foncièrement seul, coupé de la vraie vie.
Dans MUSIC-HALL, une chanteuse s’accroche aux lambeaux d’une gloire révolue. En compagnie de ses deux boys, faire-valoir aussi ineffables que substituables, elle fredonne De Temps en temps de Joséphine Baker et esquisse quelques pas de danse tout en racontant sa petite histoire. Une histoire qui aboutit sur une scène grande comme « un local de majorettes », dans une banlieue grise, au milieu d’un public goguenard et avaleur de bière qui diminue de semaine en semaine.
Cette métaphore sur la situation précaire du monde du spectacle, met en scène trois personnages perdus, égarés entre deux univers : celui où ils ont connu le succès, qui les faisait vivre et dont ils ont été expulsés, et celui vers lequel ils se dirigent, en espérant que les choses redeviennent ce qu’elles étaient.
Né en 1957, en Franche-Comté (France), Jean-Luc Lagarce est mort en 1995. Auteur d’une vingtaine de pièces de théâtre, il est aujourd’hui traduit en plusieurs langues et monté sur toutes les scènes du monde, tant en Europe qu’en Asie. Au Québec, le Carrefour International de Théâtre a présenté, en 1998, J’ÉTAIS DANS MA MAISON ET J’ATTENDAIS QUE LA PLUIE VIENNE, dans une mise en scène de Stanislas Nordey, spectacle qui avait reçu un accueil enthousiaste du public.
Le « monde » de Jean-Luc Lagarce surprend. Comme chez Beckett et Ionesco, la logique est poussée jusqu’à l’absurde et l’humour est terriblement caustique. Mais au-delà du rire et de la distanciation, les personnages de Lagarce nous touchent par leur humanité dérisoire et familière. Leur discours volubile, plein d’apartés et de commentaires furtifs, apparaît comme une manière de fuir le vide de leur existence, comme une tentative désespérée pour donner sens à une modernité invivable.