Billetterie

Copi

Une visite inopportune

Copi : n.m .• pseudonyme de Raol Damonte (Buenos Aires 1939 – Paris 1987). Humoriste, romancier, dessinateur, Copi s’est d’abord fait connaître au théâtre par de courtes pièces (LA QUEUE OU POISSON, CE SAVON EST À MOI) dont il était l’auteur et l’interprète. Par son humour à la fois très reconnaissable, Copi réussit à faire que le fantastique, même le plus déroutant, aille de soi.
 
Brèves (LES QUATRE JUMELLES (1973), LORETTA STRONG (1974), LA PYRAMIDE (1975), LA TOUR DE LA DÉFENSE (1981) ou plus ambitieuses (LA JOURNÉE D’UNE RÊVEUSE (1968), ÉVA PERON (1970), L’HOMOSEXUEL OU LA DIFFICULTÉ DE S’EXPRIMER (1971), surtout. Les pièces de Copi développent les thèmes propres à la civilisation d’aujourd’hui (solitude, violence, angoisse de la vieillesse et de la mort, difficulté d’être) mais avec un tel accent personnel qu’il semble que l’analyse psychanalytique soit la mieux à même d’en rendre compte au plus profond. Dans la mesure même où Copi revêt volontiers la défroque du pitre et recourt aux provocations de l’exhibitionniste pour mieux se dissimuler. Ses qualités théâtrales en sortent exaltées : en objectivant, comme il le fait, ses pulsions sous forme d’êtres très concrets et dangereusement agissants, Copi apparaît comme un héritier d’Artaud.
 
Son théâtre, qu’on aurait tort de prendre à la blague, joue à cloche-pied avec de sourdes menaces qui peuvent, au détour d’une image ou d’un mot, se métamorphoser en monstres dont le grotesque est plus inquiétant que risible. Dans sa dernière pièce, UNE VISITE INOPPORTUNE (1988), Copi met en scène sa propre mort sans qu’on sache à quel niveau de dérision ou de désespoir il se situe : il transforme le défilé des vivants (l’infirmière, le médecin, l’amant, les relations mondaines) en une loufoquerie pseudo-boulevardière. La seule visiteuse qui importe, la camarade, veille. Mais elle-même est mise en scène et c’est finalement le théâtre qui l’emporte, immortel. UNE VISITE INOPPORTUNE est avec L’HOMOSEXUEL, la pièce la plus forte et la plus sombre de Copi.
 
 
Source
Dictionnaire encyclopédique du théâtre de Michel Corvin, Bordas, 1991