Billetterie

Notes sur Amélie Nothomb

Les Combustibles

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1.
ÉPITHÈTES COURANTES UTILISÉES PAR LA CRITIQUE POUR DÉCRIRE AMÉLIE NOTHOMB
Surdouée, brillante, insolente, cruelle, féroce, vitriolique, culottée.
 
 
 
2.
LE PÈRE
Son père, spécialiste de l’Extrême­ Orient, est diplomate. 11 est ambassadeur de Belgique à Tokyo. Mais son vrai métier, dit sa fille Amélie, il le pratique le soir : il est acteur de nô. Il est le seul non Japonais à jouer professionnellement cette forme ancienne de théâtre chanté. Tous les Japonais le connaissent : il est « l’Acteur de nô aux yeux bleus ».
 
 
 

3.
L’ARRIÈRE-GRAND-PÈRE
Son arrière-grand-père, un aristocrate, était poète et romancier : Pierre Nothomb (1867-1966). Entre 1944 et 1962, il a écrit une grande saga intitulée Le Prince d’Olzheim. II y exprime son rêve politique, dérivé des idées nationalistes de Maurice Barrès : voir la Lotharingie (le royaume du petit-fils de Charlemagne) redevenir le centre de l’Europe, là où pourraient se réconcilier les cultures latines et germaniques.

 
 
 

4.
LIEU DE NAISSANCE ET DOMICILES
Elle est née en 1967 à Kobé, sur la baie d’Osaka, au Japon. Puis elle a vécu en Chine, au Bangladesh, en Birmanie, au Laos et à New York. Elle a travaillé au Japon. Elle vit aujourd’hui à Bruxelles.

 
 
 

5.
L’APPRENTISSAGE DES LETTRES ET DU MONDE
Elle a dit en entrevue : « Mes parents m’ont fichu une paix royale et je leur en suis infiniment reconnaissante. » À l’adolescence, elle s’est mise à dévorer la bibliothèque familiale et elle a appris seule le grec et le latin. Son roman favori était La Charmeuse de Parme de Stendhal; elle dit l’avoir lu soixante-quatre fois. Elie n’avait jamais vu l’Europe; elle croyait que c’était une sorte d’immense cour de Parme, un lieu raffiné comme dans le roman. Quand elle y a mis les pieds pour la première fois à dix­ sept ans, elle a eu un choc. Elle a étudié la philologie à l’Université libre de Bruxelles; le titre de sa thèse : L’INTRANSITIF ET L’INTRANSITIVITÉ CHEZ BERNANOS. Elle a expliqué au Nouvel Observateur : « Quand on ne précise pas l’objet direct, on a tout de suite l’air plus intelligent. J’écris, c’est beaucoup plus chic que j’écris des pamphlets. »
 
 
 

6.
PATHOLOGIES
Elle est asthmatique comme Gide et Claudel, Camus et Queneau, Mallarmé et Mérimée, Proust et Barthes. Elle est insomniaque comme Michaux. Elle a les cartilages si mous qu’elle est, selon elle, des médecins et même des fakirs, la seule personne au monde à pouvoir retourner ses pouces à 180 degrés.
 
À un journaliste qui lui a demandé si elle avait un hobby, elle a répondu : « J’aime bien vomir. J’ai beaucoup vomi au cours de ma vie. Récemment, à Lille, chez un ami, j’ai vu une toile intitulée « Wittgenstein vomissant». Elle semblait tout droit sortie d’un de mes livres. »
 
 
 

7.
UN FRAGMENT DE SA VIE PRIVÉE
À vingt-trois ans, elle vivait au Japon, le pays de son enfance. Elie travaillait pour la firme Mitsui comme interprète français-anglais­ japonais. Elle devait épouser un Japonais. À quelques jours du mariage, elle a tout annulé. Elle venait de comprendre qu’elle n’était pas Japonaise. Elle est retournée en Belgique. Elle est devenue écrivain.
 
 
 

8.
LA ROMANCIÈRE ET L’ÉCRITURE
Elie a commencé à écrire à l’âge de dix-sept ans. Pas un journal intime, pas des poèmes : tout de suite des romans. À l’automne 1995, elle en avait écrit vingt-huit. Quelquefois, elle a • l’intuition que certains des manuscrits sont lisibles» et elle les remet à son éditeur. Elle écrit habituellement vers quatre heures du matin – l’insomnie aidant – dans des cahiers spirale. Elle dit que lorsqu’elle rédige, la température de son corps baisse beaucoup; alors, pour écrire, elle s’enrobe d’un long manteau de laine et se met une tuque sur la tête. (Cela rappelle Corneille qui, lui, s’entourait de plusieurs couvertures et se roulait sur le sol dans une pièce surchauffée jusqu’à ce qu’il transpire abondamment. Après quoi, il changeait de vêtements et se mettait à écrire.) Elle dit qu’elle écrit tous les jours, au moins quatre heures. « Le noyau brut de ma vie, c’est l’écriture », dit-elle.

 
 
 

9.
DÉTAILS SUR CERTAINS ÉCRITS NON PUBLIÉS
Avec des collègues en philologie, elle a entre autres inventé un écrivain communiste québécois nommé Viateur Calice. « Il était le précurseur d’un courant littéraire qui s’appelait « le truisme» et l’œuvre qui avait servi de détonateur au mouvement s’appelait Pneu crevé. »

 
 
 

10.
LES ROMANS
Son premier roman Hygiène de l’assassin (1992) en fait une vedette inattendue; il raconte la formidable joute intellectuelle que se livrent une jeune journaliste et un ogre monstrueux, prix Nobel de littérature. Ensuite vient Le Sabotage amoureux (1993), où une narratrice de sept ans raconte une guerre d’enfants dans le quartier des diplomates étrangers à Pékin à l’époque de la Bande des Quatre. 1994 : Les Combustibles. Les Catalinaires (1995) raconte comment un couple tranquille voit sa vie détruite par les visites d’un énigmatique voisin – une œuvre différente de ce qu’elle a publié auparavant, comme en prise directe avec la fabrique à cauchemars que chacun porte en soi. Peplum (1996) joue avec le temps et la destruction de Pompeii; il était en lice pour le Goncourt. Son plus récent roman, Attentat (1997), traite de la laideur et de la beauté, de cruauté et de cynisme de même que des affres du désir amoureux.
 
 
 

11.
LA PLUS BELLE PHRASE QU’ON LUI AIT DITE
Depuis que j’ai lu vos livres, j’ai recommencé à lire.
 
 

Paul Lefebvre
Dramaturge