Billetterie

Amélie Nothomb

Les Combustibles

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Amélie Nothomb a l’âge de ses romans : trente ans et autant de manuscrits dans ses tiroirs.
 
Personnage atypique de la littérature francophone, elle irrite ou fascine, c’est selon. Exceptionnellement douée, elle écrit avec une facilité désarmante des petits chefs-d’œuvre d’humour et de cruauté qui harponnent dès les premières lignes.
 
Les Combustibles, publié en 1994, est son troisième ouvrage. Deux ans auparavant, en 1992, Amélie Nothomb effectuait une entrée fracassante sur la scène littéraire en publiant Hygiène de l’assassin.
 
Après avoir lu ce premier manuscrit, Philippe Sollers de La Maison Gallimard s’est empressé de le renvoyer à Amélie Nothomb accompagné d’un refus. « Nous ne publions pas les livres canulars » expliquait-il succinctement à la jeune femme, persuadé qu’un roman d’une telle maturité littéraire ne pouvait avoir été écrit par quelqu’un d’aussi jeune. Quelques mois plus tard, c’est à Albin Michel que l’auteure belge faisait parvenir l’ouvrage qui allait devenir un best-seller seulement trois jours après sa sortie en librairie.
 
La vie d’Amélie Nothomb est à l’image de ses romans : étonnante. On ne connaît que quelques fragments, parmi les plus flamboyants; de son enfance, de son adolescence et de sa passion invétérée pour l’écriture. Pour le reste, elle reste discrète et évite soigneusement toute intrusion dans sa vie privée.
 
Quelque dix ans après avoir écrit son premier roman, Amélie Nothomb se définit comme graphomane.
 
« Chez moi c’est pathologique; je suis graphomane, absolument, totalement graphomane et je me sens en manque complet si je n’ai pas devant moi, du papier, mon Waterman et de l’encre bleue. » En écrivant ainsi tous les jours – quatre heures en été et jusqu’à huit heures l’hiver – ce petit prodige de la littérature arrive à produire quelque 317 romans par année.
 
Heureuse intuition que celle de cette jeune femme dont les romans sont peuplés de personnages sublimes de cruauté et d’intelligence, dignes de nos pires cauchemars éveillés. La petite famille formée par Prétextat Tach, Émile Hazel, Palamède Bernardin, Celcius et Épiphane Otas habite une œuvre déjà cohérente et attachante avec ses images fortes et ses obsessions. Qu’ils soient prix Nobel de littérature, professeur de latin-grec à la retraite ou scientifique au XXVIe siècle, ses personnages possèdent tous une faille par laquelle l’auteure sait habilement s’introduire pour nous mener à une lumière glauque et hypnotisante qui s’apparente sûrement aux tréfonds de l’âme humaine.
 
 

Emmanuelle Roy
Dramaturge