« Cette proposition hors norme procède d’une dimension interartistique où se produit un dialogue profond et non hiérarchique entre les disciplines : théâtre documentaire, chorégraphie, musique, conte et récit intimiste. Cette performance non spectaculaire, qui parle notamment de tragédies innommables sans en faire un spectacle, s’avère une belle réussite, démontrant une grande ouverture d’esprit et une envie du risque salutaire.
How to Save a Dear Friend… porte un message fort de survivance et de résistance. Les mutilations physiques et mentales imposées par des actes délétères et immémoriaux continueront sans doute, comme le démontre l’histoire humaine. Quoique l’on n’en sort jamais totalement indemne, des lueurs d’espoir subsistent, allumées par Tawfik et Moumneh, çà et là. Comme Isis avec son amoureux, le duo travaille ici à recoudre le monde, un morceau à la fois.
Coup sur coup, avec Autobiographie du rouge de Gabriel Charlebois-Plante et How to Save a Dear Friend : formules pour sortir-au-jour, Espace GO s’installe dans le groupe de tête de ceux et celles qui osent l’audace en scène. Dans notre contexte postpandémique et de crise financière, ces avancées interartistiques innovantes prennent une importance grandissante dont il faudra continuer de s’inspirer. »
Mario Coutier, JEU Revue de théâtre
« ★★★★
Proposition iconoclaste de la Canado-égyptienne Mireille Selwanes Tawfik. L’univers mental qu’elle crée est purement de l’ordre de la rupture. Bien entendu, tout cela vient d’un traumatisme vécu il y a longtemps.
Dans ce spectacle hors de l’ordinaire, ces fissures, ces cassures lézardées à l’état intérieur de soi sont assez envahissantes que seule la création peut résoudre. Un battement du cœur qui relève, dans ce cas-ci, du conscient qu’il faut réactiver pour rendre la proposition possible.
La mise en scène, ou plutôt mise-en-exécution d’une situation complexe, consiste à déformer la réalité par le biais d’un processus de contextualisation fort abscons, alambiqué même, processus également essentiel pour mener à bien l’hypothèse dont il est question. Tous les moyens sont bons, même les plus bizarres.
Tours de passe-passe sournois et efficaces, mouvements circassiens dont un surprenant tour de magie – mettant aussi au premier plan le Libanais Radwan Ghazi Moumneh ; à un moment donné dans le récit, il manipulera magnifiquement l’instrument du buzuq (qui aurait dû être largement applaudi).
Dans tout ce brouhaha de magnifiques dispositions scéniques, dont ce tapis oriental, source de tous les combats internes et en même temps reliant les personnages à leur première condition familial, subitement, à quelques reprises, une « voix humaine », comme descendue du passé, qui, toujours sur le même temps attendrissant, commence par un j’espère-que-tu-vas-bien habituel, et un « rappelle-moi-quand-tu-auras-le temps » passablement plus insistant.
Mais cette absence de l’espace scénique, de façon brillante, se transforme en petite lueur éclatante, sur fond de scène, marquant pour ainsi dire que la thérapie à deux voix semble avoir fonctionné. Et pour rendre ce curieux discours de la méthode aussi pertinent que nécessaire, deux interprètes de talent qui n’ont aucune gêne de jongler dans l’absurde.
Et à titre personnel, deux ou trois mélodies arabes d’une sensualité décomplexée. »
Élie Castiel, Kinoculture
« Avec How to Save a Dear Friend : formules pour sortir-au-jour, Mireille Selwanes Tawfik t’invite à un moment rare, où le temps semble s’arrêter. Sur la scène d’ESPACE GO, l’autrice, metteuse en scène et interprète t’entraîne dans un voyage intime porté par la musique envoûtante de Radwan Ghazi Moumneh. Ensemble, ils créent une expérience au carrefour du théâtre, du rituel et du concert.
Mireille Selwanes Tawfik, artiste humaniste d’origine égyptienne, tisse depuis plus de dix ans cette œuvre profondément personnelle. Elle transforme ses propres questionnements en un geste artistique universel : comprendre, panser, renaître. Avec une simplicité désarmante, elle te fait voyager entre les cultures, entre l’Égypte et le Québec, entre l’intime et le mythique.
Sur scène, chaque geste, chaque son, chaque silence compte. La lumière, la musique et la voix s’entremêlent dans une scénographie ensorcelante où la poésie prend forme sous tes yeux. La performance devient presque méditative : une conversation entre le corps et l’âme, entre la mémoire et l’avenir. Impossible de ne pas se laisser happer par cette douce intensité, par cette authenticité qui fait du théâtre un lieu de guérison collective.
Le résultat ? Une œuvre sincère et d’une beauté rare, où la musique et la lumière deviennent des alliées du souffle et de l’émotion. C’est vraiment sublime !
How to Save a Dear Friend n’est pas seulement un spectacle : c’est un temps pour se reconnecter à soi, aux autres, et à ce qui nous relie malgré la douleur. Un hommage vibrant à la force du lien humain et à la capacité de transformation que porte chacun de nous. »
Pascale Lafrance, Meve et cie
« Fascinant!
La scénographie peut être résumée en un seul mot : évolutive. Avec le contraste apporté par la conception lumière, ça donne des tableaux qui sont vraiment magnifiques. D’ailleurs, c’est l’un des éléments centraux de la pièce, selon moi, c’est que certains moments sont super contemplatifs, très méditatifs, je dirais même. […] Alors il faut vraiment se laisser porter par la pièce pour embarquer dans la proposition. Même si ce ne sont pas de sujets faciles, je pense que la pièce les aborde de manière vraiment très humaine, avec beaucoup de compassion et de manière vraiment intéressante. Beau coup de cœur définitivement. Il faut mentionner Radwan Ghazi Moumneh, qui est l’autre interprète, qui joue du buzuq, qui est une guitare-luth, live, la sonorité est incroyable. Il en joue premièrement pour nous montrer la sonorité de l’instrument, mais il l’utilise aussi avec des consoles, avec des effets pour créer un univers sonore dans toute la pièce. Et les deux, autant lui que l’interprète principale [Mireille Selwanes Tawfik], dansent beaucoup aussi. C’est vraiment dans le mouvement et dans la création. C’est super intéressant. C’est vraiment une approche sensible, très sensible, moins rationnelle, mais vraiment magnifique. Alors je dirais : allez voir ça, soyez dans le mood de voir quelque chose qui va vraiment vous transporter. »
Étienne Martel, Les Sirènes, CISM
« Usant d’un jeu physique qui prend parfois la forme d’une danse à travers les meubles et les objets, les interprètes se fondent dans les tapis et le matériel, comme étouffés par leur environnement. Tour à tour, ils livrent des réflexions personnelles sur leur vécu, sur leurs proches ayant traversé des périodes sombres, et sur la manière dont l’être humain peut affronter cette noirceur et en émerger.
Le musicien Radwan Ghazi Moumneh entre en dialogue avec Mireille, utilisant la musique comme langage de communion et vecteur d’émotions en faisant écho à l’amitié, la communauté, ainsi que les mécanismes humains qui permettent de résister à la violence coloniale et à celle posée envers les personnes marginalisées. Le spectacle se déroule comme une forme de suites de réflexions à voix hautes entremêlées de musique et d’effets comiques. On comprend bien que How to save a dear friend : formules pour sortir-au-jour est le fruit d’une démarche de recherche approfondie visant à évoquer les violences historiques et contemporaines, souvent oubliées ou tues, tout en mettant l’accent sur le pouvoir des mains tendues dans le processus de guérison. »
Gabrielle Deschamps, Passion Mtl
« Un très beau spectacle. Un spectacle incroyable!
Hugo Fréjabise, Le quatrième mur, CIBL
« J’ai été fasciné et intrigué par la mise en scène qui amène dans les hauteurs du lieu, la majorité des objets, comme les souvenirs et aussi impressionné par la musique tout au long!
Au final, ce que j’ai découvert était un objet théâtral particulier qui m’a intrigué et aussi intéressé ! »
Robert St-Amour, Sur les pas du spectateur