La voix humaine
12 janvier au 13 février
1999
« Est-ce qu’il ne faut pas être rejetée pour devenir soi-même? »
LA VOIX HUMAINE met en scène une femme au téléphone avec celui qui fut longtemps son amant, dont elle est encore amoureuse, qui se marie le lendemain. Ce sont leurs adieux. Tout le monde connaît le célèbre poème dramatique de Cocteau parvenu jusqu’à nous à travers l’interprétation de grandes comédiennes à la scène, au cinéma, sur enregistrement, qui dans les soixante-quinze dernières années en ont fait un morceau de bravoure.
Dans cette même scène, il n’y a pas de téléphone, ce ne serait qu’un combat ou en vérité, il n’y a plus rien à rajouter. Or pour Alice Ronfard, il s’agit toujours d’ouvrir les frontières du théâtre, de ne pas accepter le rôle prédéterminé des femmes et des hommes dans notre culture, de porter un regard clair sur ce qui se joue autour de nous et sur tous ceux et celles qui nous entourent.
Sur la scène d’ESPACE GO, ici, aujourd’hui, la femme de LA VOIX HUMAINE parle pour que jaillisse à nouveau la vie. C’est un échange. Nous voilà à notre tour, intérieurement « forcés » de tenir compte de cette parole subversive malgré le malaise qu’elle suscite. La femme voyage en elle-même. Bien-sûr, chaque mot est un pas ou résonnent encore dans tout son être les pas que son amant à fait dans l’autre sens. Elle accomplie un rituel, une révolution, une métamorphose. Il n’y a pas de téléphone. Cette histoire ne concerne plus l’autre. Ce n’est pas un spectacle sur l’absence, ni sur la solitude. C’est un travail sur le féminin. Sur la dignité, précisera la metteure en scène attentive à la création de la comédienne, le corps engagé aux tremblements d’une douleur aux intonations multiples et aux contrastes inattendus : entre le rire et le tragique, le rite et le blasphème.
Cette interprétation de LA VOIX HUMAINE chante la gloire impossible des ruptures qui nous ont façonnés et le courage magnifique de renaître à d’autres possibles. Pour qu’entre celle qui s’expose et ceux et celles qui regardent, quelque chose advienne comme une reconnaissance mutuelle.
– Ginette Noiseux
Directrice artistique