Du 11 septembre au 13 octobre 1990
Texte : Michel Garneau
Mise en scène : Françoise Faucher
Avec Ginette Morin + Marthe Turgeon
Assistance à la mise en scène : Roxanne Henry
Scénographie : Stéphane Roy
Lumières : Michel Beaulieu
Costumes : Ginette Noiseux
Musique : Jean Sauvageau
Une production du Café de la Place + ESPACE GO
Mot de la dramaturge Hélène Pedneault :
ne vous y trompez pas c’est bien une pièce de michel garneau
j’en viens
pièce dans laquelle la poète emily dickinson est passée et d’où elle n’a pas eu envie de repartir
mais qui connait emily dickinson maintenant?
elle est pourtant dans le dictionnaire robert des noms propres à la page 523
donc elle a existé (et quand on n’est pas dans le dictionnaire, est-ce qu’on a existé aussi?)
poétesse américaine née à amherst au massachusetts
1830-1886
il y a une date pour sa fin donc elle est morte
mais elle a laissé 1 800 poèmes sans titres
elle en a publié 7 de son vivant c’est beaucoup
« leurs sujets sont l’amour le moi la vie quotidienne
la nature familière la mort l’éternité » dit le dictionnaire
sur l’œuvre
« célibataire déçue par sa passion récluse volontaire » que le dictionnaire ajoute
sur la femme
garneau ne trouve pas que son émilie est une femme déçue
garneau aime émilie depuis qu’il a 17 ans c’est long un amour
il a inventé son émilie en rajoutant un accent sur le « e » et en
transformant le « y » en ie pour que ça fasse français
pour que de la nouvelle-angleterre puritaine on se sente soudain dans le québec catholique du XIXème siècle
c’est suffisant pour lui offrir une autre vie neuve
quelle générosité
« emily dickinson a vécu dans une petite ville s’est un jour habillée en blanc pour toujours et a choisi une solitude où elle a écrit des poèmes et des lettres dans un langage précis compact d’une poétique personnelle rigoureuse ouverte » a écrit garneau
pour monter cette pièce ça prend : deux grandes actrices 4 saisons
une robe bleue une robe blanche une robe rouge entre
1860 et 1886
une émilie de 30 à 56 ans
une uranie de 32 à 52 ans la sœur s’appelait lavinia
dans la vraie vie
émilie et uranie vivent dans un monde où le soleil se couche dans la flanalette de la nuit
émilie c’est l’écriture
uranie c’est la musique
deux sœurs à proximité de leur mère qui meurt pas loin
elles s’aiment elles ne se déchirent pas
mais leurs vies se séparent en 14 scènes où passent toutes les saisons
où – ailleurs qu’au théâtre – pouvez-vous traverser toutes les nuances de toutes les saisons en une heure et demie?
qui dit mieux?
c’est une pièce évidente comme un lilas quand c’est la saison du lilas
on n’a jamais lu des phrases plus belles sur la mort que dans ce texte
c’est un texte à souligner dans son entier
c’est un texte
au théâtre ce sont les actrices quand elles sont grandes comme marthe turgeon et ginette morin qui sont les crayons qui soulignent à notre place
qui ouvrent les portes du texte et nous l’inscrivent dans le corps à travers le leur
et le texte est porté à bout de bras par quelqu’un qui le donne à voir
c’est françoise faucher la metteure en scène qui portera le monde
de garneau-émilie sur son dos comme une géante qu’elle est
comment voulez-vous que je vous choisisse des extraits pour vous
donner le goût de courir entendre et voir ce texte?
comment voulez-vous?
j’ai bien trop peur que le communiqué prenne la poubelle
et je ne pourrais pas supporter qu’il y ait des morceaux de ce texte dedans
Affiche
Photos
Photo de l’en-tête : Les Paparazzi